Bras de fer entre les écoles privées et les parents d’élèves
Par Fairouz El Mouden
La réhabilitation de l’école publique et sa mise à niveau reviennent sur la sellette. Le bras de fer entre les patrons des écoles privées et les parents d’élèves et les associations les représentants qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps ravive à nouveau des questionnements sur le rôle et la place de l’école publique dans le secteur de l’éducation nationale et sur les mécanismes de suivi des programmes dispensés dans les écoles privées et leurs contrôles permanents par la tutelle. Le Groupement du Parti du Progrès et du Socialisme (GPPS) à la première Chambre n’a jamais cessé de rappeler la nécessité de remettre à l’école sa crédibilité et la place qu’elle lui échoit pour une meilleure qualité d’enseignement.
Il est grand temps de réhabiliter l’école publique, nous confie Aicha Lablak, présidente du GPPS qui précise que son groupement a soumis et présenté cette problématique au parlement, interpelant le ministre de l’Education nationale pour intervenir afin de trouver des solutions acceptées par les deux parties. Ce qui pourrait éviter que l’élève ne soit la victime dans cette affaire de conflit d’intérêts entre les parents d’élèves et les patrons des écoles privées. Aicha Lablak, regrette la décision de certaines écoles privées de poursuivre en justice des parents d’élèves pour non paiement des frais scolaires dus au troisième trimestre dans cette conjoncture de forte crise sanitaire.
Certes, dit-elle, ces écoles ont le statut d’entreprise à proprement dite mais le cas de force majeure imposé par le crise sanitaire requiert d’autres modes de gestion des conflits financiers notamment ,explique-t-elle quand la prestation des cours à distance ou de la continuité pédagogique exigés par le ministère de tutelle n’ont pas été au niveau escompté par les parents ni au rythme suivi dans certains établissements scolaires qui ont fait montre d’une forte mobilisation pour réussir le concept de l’école à la maison. La situation, souligne la présidente du GPPG est d’autant préoccupante pour les niveaux cruciaux comme le bac, le brevet …où certaines matières nécessitent un engagement sérieux des enseignants des écoles privées. D’où la nécessité pour le ministère de tutelle de mettre en place des mécanismes de contrôle et de suivi permanents des cours à distance dispensés par les établissements scolaires privés pendant cette période de confinement.
La présidente indique, que malheureusement, certaines écoles se sont désengagées totalement sous prétexte de manque d’outils informatiques nécessaires et de l’impossibilité de se le procurer à cause des mesures liées au confinement, n’ont pas pu assurer la continuité pédagogique pendant toute cette période.
La polémique entre les écoles privées et les associations des parents d’élèves remet sur la table la question du rôle de l’école publique au Maroc et de sa capacité d’accueillir une nouvelle masse d’élèves du privé, dont les parents ont déjà pris la décision de les inscrire au public pour la prochaine année scolaire. Aicha Lablack saisit cette occasion pour confirmer encore une fois que son groupement et son parti n’ont jamais eu de cesse de clamer haut et fort, la nécessaire réhabilitation de l’école publique et en même temps d’unifier le contenu des programmes scolaires entre le privé et le public. C’est aujourd’hui une conviction absolue, dit-elle, que la transmission des valeurs et du savoir doivent être l’émanation de l’école aussi bien publique que privée et que l’élève soit la finalité de tous.
La crise qui prévaut aujourd’hui entre les écoles privées et les parents d’élèves implique aussi dans cette situation de vide juridique, la mise en place par le gouvernement de mécanismes de suivi et d’évaluation permanents à même de garantir une meilleure qualité d’enseignement et de formation des générations futures. Il est aussi question de revoir les priorités et les objectifs de l’école privée dans ce contexte de la Covid-19. C’était l’une des questions présentée par le GPPS dernièrement au parlement à l’adresse du ministre de tutelle. Le GPPS a ainsi demandé de réactiver l’application de la loi cadre n° 51-17 relative au système d’éducation, de formation et de la recherche scientifique, notamment l’article 14, cadrant la relation entre le ministère et les établissements scolaires privés, notamment en ce qui concerne les tarifs scolaires fixés par le secteur privé, les frais d’assurance exigés et l’établissement de contrat garantissant les droits de chacune des deux parties.
Le GPPS a par ailleurs, soulevé la problématique du paiement des frais scolaires du dernier trimestre et recommande au département de tutelle d’intervenir et trouver un terrain d’entente pour revoir à la baisse ces frais et soulager les familles touchées par les effets de la crise sanitaire. Pour conclure Aicha Lablak reste convaincue de la nécessité de réhabiliter en urgence l’école publique au bonheur et dans l’intérêt de tous…