Programme de soutien à la culture
Mohamed Nait Youssef
Fragilisés par la pandémie, les secteurs de l’art et de la culture, qui sont à l’arrêt depuis plus de trois mois, ont été touchés de plein fouet. Les pertes sont en effet immenses et la crise sanitaire a mis à nu tout un secteur qui vit déjà entre vents et marrées.
En effet, pour verser un nouveau sang dans les veines de l’ensemble des secteurs et métiers artistiques et culturels, le Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports vient d’annoncer un programme de soutien pour redynamiser et relancer l’art et la culture.
Dans ce cadre, un appel à projets artistiques pour une enveloppe globale de 39 MDH sera lancé à partir du 17 juin pour les domaines à savoir le théâtre et les tournées nationales pour une enveloppe prévisionnelle de 20 MDH (jusqu’à 200 000 DH par projet). Pour ce qui est de la musique, chanson, arts de la scène et arts chorégraphiques, une enveloppe prévisionnelle de 12 MDH (jusqu’à 250 000 DH par projet) sera consacrée à ce secteur.
Quant aux expositions d’arts plastiques et/ou visuels portées par les galeries, une enveloppe prévisionnelle de 2 MDH (jusqu’à 250 000 DH par projet) a été allouée. Et ce n’est pas tout ! L’acquisition d’œuvres d’arts plastiques ou visuelles auprès des artistes bénéficieront d’une enveloppe prévisionnelle de 3 MDH (de 5000 à 30.000 DH par œuvre) afin d’enrichir les collections du Ministère et d’encourager les jeunes talents, sans oublier bien entendu la participation à l’initiative d’acquisition d’œuvres d’arts plastiques et visuelles de la Fondation Nationale des Musées à hauteur de 2 MDH, ce qui porte l’initiative à 8 MDH.
Par ailleurs, une enveloppe de 11 MDH sera consacrée aux secteurs de l’édition et du livre dont le lancement d’un appel à projets a été programmé le 17 juin.
«Le Corona nous a permis de mieux gérer la situation du livre et de l’édition», a souligné Abdelkader Retnani, vice président de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives (FICC), dans une déclaration à Al Bayane. «Auparavant, l’argent se donnait n’importe comment, mais aujourd’hui, les gens doivent se professionnaliser pour avoir cette aide», a-t-il fait savoir. Pour le président de l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc, « ce soutien n’est pas assez suffisant pour sauver l’ensemble du secteur qui a été profondément touché par la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus Covid-19».
Mohammed Mansouri Idrissi, président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels, a salué cette initiative lancée par le ministère visant la relance du secteur des arts plastiques et visuels tout en insistant sur la décentralisation de cette aide afin de toucher les artistes dans les différentes régions du royaume.
«C’est une initiative à saluer mais qui ne devrait pas être centralisée. En effet, il faudrait penser également aux délégations régionales et aux artistes dans les quatre coins du pays», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter: «Le ministre aurait dû consacrer un montant de 5 MDH au lieu de participer à l’initiative d’acquisition d’œuvres d’arts plastiques et visuelles de la Fondation Nationale des Musées avec une enveloppe de 2 MDH ; car chaque institution a ses axes de priorité et son champ de travail».
Bouhcine Massoud, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, a également salué cette initiative qui pourra selon ses dires, aider les artistes et les professionnels de l’art dramatique à surmonter cette période assez difficile. «Ces décisions annoncées par le Ministère s’inscrivent dans le cadre de dispositions financières de l’année 2020.
Ainsi, même si elles sont positives, elles ne peuvent pas résoudre le problème des autres catégories d’artistes et d’acteurs existant dans les champs culturel et artistique, parce qu’elles ne font pas partie des catégories bénéficiant du soutien», a-t-il affirmé.
Pour lui, cette initiative pourra contribuer dans la redynamisation du secteur culturel qui a été à l’arrêt et fragilisé par la crise.
«Nous aspirons à une vision claire, globale et intégrée pour les secteurs culturels et artistiques après cette pandémie et rattraper entre autres le temps perdu de la saison culturelle qui démarrait souvent en retard».