Journée mondiale de la contraception
Ouardirhi Abdelaziz
La communauté internationale et le Maroc célèbrent le 26 septembre, la Journée mondiale de la contraception. C’est un évènement qui revêt une très grande importance , eu égard aux nombreux enjeux de la contraception qui permettent entre autres objectifs, la réduction du nombre de grossesses non désirées dans le monde, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, la prévention des infections sexuellement transmissibles. Quelle est la situation au Maroc?
Le contrôle des naissances est un problème de santé publique qui concerne potentiellement, à un moment ou l’autre de la vie, l’ensemble de notre population. Plus précisément, la population des femmes en âge de procréer (15 à 49 ans), mais aussi les hommes car la contraception et les moyens qui sont aujourd’hui utilisés concernent les deux sexes.
La Journée mondiale de la contraception est donc l’occasion idoine de mieux faire connaître les différents moyens de contraception (stérilet, pilule, préservatif…).
Le but de cette journée vise aussi à informer, à sensibiliser le grand public sur les sujets, les risques liés aux rapports sexuels non-protégés, les Interruptions volontaires de grossesse (IVG) et les Infections sexuellement transmissibles (IST). C’est également l’occasion de rappeler les compétences des professionnels de santé qui exercent au niveau des centres de santé et des centres de références , les sages-femmes et les infirmières qui participent quotidiennement à la réussite des actions en matière de contraception et de planification familiale.
Une expérience trentenaire
Parler des moyens contraceptifs au Maroc, c’est à l’évidence faire référence au programme national de planification familiale.
Le Programme National de Planification Familiale a été établi au Maroc sous l’entière responsabilité du ministère de la Santé en 1966. Ce programme a gagné beaucoup de terrain à partir des années 70 et notamment des années 80, grâce à l’initiative pilote et à l’exécution continue à l’échelle nationale du programme des visites à domicile de motivation systématique (VDMS). De plus, en 1988, l’expansion du programme au secteur privé par l’initiative Al Hilal a encouragé l’implication des prestataires privés. Aujourd’hui, les services de planification familiale sont disponibles par divers canaux pour l’ensemble de la population marocaine.
Qu’est-ce que la contraception?
La contraception désigne l’emploi de moyens visant à empêcher qu’un rapport sexuel entraîne une grossesse. Elle est définie par l’organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter.
Il existe des méthodes contraceptives chimiques qui empêchent la production de cellules reproductrices et il existe des méthodes mécaniques qui empêchent la fécondation ou la nidation. La diversité des méthodes permet de choisir la plus adaptée à sa situation.
Informer et sensibiliser
Permettre aux couples de choisir librement , la méthode qu’ils désirent, en leur assurant toutes les informations nécessaires et utiles susceptibles de mieux les éclairer dans leur choix. C’est une responsabilité qui incombe aux professionnels de santé.
Cela nécessite une bonne formation des professionnels de santé (médecins – sages femmes – infirmières..) qui prescrivent la contraception sur toutes les méthodes existantes, afin de pouvoir informer et conseiller en fonction des avantages et des limites de chaque moyen contraceptif.
L’idéal, c’est de choisir avec le gynécologue qui est le spécialiste de référence. Par ailleurs, la remise en question actuelle des modes de contraception médicalisés impose un nouveau rapport entre usagère et soignante, en donnant une place plus importante à l’information pertinente, crédible, utile et utilisable et aux choix plutôt qu’à la prescription médicale.
Le droit de choisir sa contraception
L’accès à la méthode contraceptive de son choix est un droit de toute personne, sans condition de situation ou de ressources. Ce choix doit faire l’objet d’informations claires et objectives sur l’ensemble des moyens existants afin de permettre aux couples d’opter pour la méthode contraceptive désirée.
L’information sur les différents moyens de contraception est un préalable indispensable à l’exercice du droit de choisir.
Aujourd’hui, les centres de santé, les centres de références du ministère de la santé délivrent aux femmes et aux couples la contraception de leur choix de façon gratuite, confidentielle et anonyme. Ce rôle est aussi dévolu à l’association Marocaine de planification familiale qui participe activement depuis des années à la promotion de la Pf et l’information concernant les méthodes contraceptives.
Augmentation constante de la prévalence contraceptive
L’âge au premier mariage féminin, de moins de vingt ans vers les années soixante, est passé à plus de 25,7 ans en 2014, ce qui a contribué à l’augmentation de la prévalence contraceptive.
En effet, d’environ 6% des femmes en âge de reproduction utilisant une méthode contraceptive en 1960, elle est passée à 63% en 2004 et à 67,4% en 2011 et à 70,8% en 2018.
La prévalence contraceptive se situe à 65,5% en milieu rural et à 68,9% en milieu urbain à 70,8% en 2018.
Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a publié dans son dernier rapport sur l’état de la population en 2020, que le taux d’utilisation des moyens de contraception par des femmes mariées, âgées de 15 à 49 ans est de 70% en 2020.
Méthodes contraceptives
Les différentes méthodes contraceptives sont notamment les pilules de contraception orale, les implants, les contraceptifs injectables, les patchs contraceptifs, les anneaux vaginaux, les dispositifs intra-utérins, les préservatifs, la stérilisation masculine ou féminine, les méthodes d’aménorrhée lactationnelle, les méthodes reposant sur le retrait (coït interrompu) et la connaissance des périodes de fertilité. Ces méthodes ont différents modes d’action et sont d’efficacités diverses pour prévenir une grossesse non désirée…
Comment ça marche?
1 / Contraceptifs oraux et combinés (COC) ou « pilule » pour les femmes qui ne fument pas .
Ils empêchent la libération des ovocytes des ovaires (l’ovulation)
2 / Pilule à progestatif seul ou «minipilule»
Elle épaissit la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer; elle inhibe aussi l’ovulation
3 / Implants
Ils épaississent la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer ; ils inhibent aussi l’ovulation (a changer tous les «ans )
4 / Contraceptifs injectables à progestatifs seuls
Ils épaississent la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer ; ils inhibent aussi l’ovulation.
6 / Dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre
Le cuivre endommage les spermatozoïdes et les empêche de rencontrer l’ovule.
7 / Dispositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel
Le dispositif épaissit la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer.
8 / Dispositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel
Le dispositif épaissit la glaire cervicale, ce qui empêche les spermatozoïdes et l’ovule de se rencontrer
9 / Préservatifs masculins
lls forment un obstacle qui empêche les spermatozoïdes et l’ovocyte de se rencontrer.
Il y a bien entendu d’autres méthodes contraceptives qui sont utilisées par les femmes et dont les résultats ne sont pas toujours fiables, c’est notamment le cas de la méthode des jours fixes. Le couple évite la grossesse en s’abstenant de rapports sexuels vaginaux non protégés lors des jours les plus féconds.
La méthode du retrait (coït interrompu), par cette méthode, l’homme s’efforce d’éviter que le sperme pénètre dans le vagin de la femme, pour empêcher la fécondation.
En matière de contraception, l’intérêt de l’information, de la sensibilisation et de l’éducation des jeunes est fortement recommandé.
C’est le rôle des professionnels de santé, celui des éducateurs, de la famille et bien entendu le rôle des medias afin de véhiculer des informations crédibles, claires, utiles et utilisables sans tabous.