Hommage à un militant ardent et à un scientifique de premier rang

Le PPS sous le choc : Décès du Dr Mohamed Dkhissi

Au Parti du progrès et du socialisme, les gorges étaient serrées, vendredi 9 octobre 2020. La cruelle et terrible nouvelle venait de tomber, tel un couperet. L’un des nôtres venait de tirer sa révérence. Notre camarade Dr Mohamed Dkhissi, chirurgien orthopédiste- traumatologue et ancien professeur à la Faculté de médecine de Casablanca, s’est éteint, à l’âge de 64 ans, victime du cruel Covid-19 qu’il n’avait cessé de combattre, en première ligne comme bon nombre de praticiens du corps médical.

Son départ laisse un vide parmi sa petite famille, ses camarades et amis, ainsi qu’au sein de tous ceux, malades ou leurs familles, qui l’avaient connu et apprécié.

Notre défunt camarade avait adhéré au PPS dès les premiers jours de sa légalisation en l’automne de 1974, alors qu’il poursuivait ses études de médecine à Rabat.

Une fibre militante très fidèle

Depuis, il n’a jamais quitté son Parti dont le sang courrait dans ses veines, à l’instar de toute une génération de jeunes de l’Oriental et d’ailleurs sous l’attrait de grands militants de l’époque dont feus Aziz Belal et Hadi Messouak.

Ainsi, il était présent à tous les combats de cette année de la Marche Verte et ne passait pas inaperçu aux grandes manifestations patriotiques (sit-in permanents devant l’ambassade d’Espagne, marche du PPS du théâtre Mohamed V à la gare de la ville, cérémonie d’adieu au terrain PEX aux militantes et militants du PPS et aux citoyennes et citoyens volontaires pour la Marche…).

Le défunt était également de tous les combats syndicaux, aussi bien à l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc) interdite, au sein de la corporation de la fac de médecine, et au sein du secteur étudiant du PPS, et puis, dans sa vie professionnelle de médecin, en tant que dirigeant local du Syndicat national de l’enseignement supérieur.

Il participait, régulièrement comme le voulait la tradition militante, à la vente militante des journaux du Parti Al Bayane et Bayane Al Yaom, où il se sentait très proche du peuple.

La fibre militante, politique et syndicale, ne le quittera jamais, même au sommet de sa carrière professionnelle.

Il a contribué à la création du Secteur de la santé du PPS, au sein duquel il jouait un rôle moteur.

Il a également été présent au sein de la société civile pour la défense des droits des patients aux soins et à la prise en charge. Il était membre fondateur du Rassemblement pour les droits des malades.

Sur le plan académique, il était également membre de la Société marocaine de chirurgie orthopédique et traumatologique dont il était parmi les principaux animateurs.

Et puis, avec des collègues médecins, il créa la clinique Al Amine de Casablanca.

Et, dans ce cadre, il faisait partie du Bureau de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) dont il était, jusqu’à sa mort, le trésorier.

Cruel destin

Ses collègues médecins se rappellent, au début de la pandémie, des efforts incommensurables que Dr Dkhissi déployait, particulièrement, pour que le secteur privé soit associé au combat de la nation contre COVID. Il fut parmi les défenseurs farouches de la mise des cliniques privées à la disposition de médecine publique pour renforcer la lutte contre la pandémie. Ce fut au début du mois de mars et dès l’apparition du premier cas de coronavirus au Maroc. Bien avant la décision ministérielle. Et ce «pour l’effort de guerre» préventive contre le virus, comme il aimait tant le dire…

Il préconisait, tôt et comme certains de ses collègues de l’ANCP, de mettre des cliniques et des lits de soins intensifs et de réanimation, à travers le Maroc, à la disposition du ministère de la Santé, pour, disait-il, en cas de saturation, « alléger la pression sur l’hôpital public ».

Et cruauté du destin c’est ce virus qu’il n’a cessé de combattre depuis l’apparition du premier cas au Maroc qui l’aura tué, jusqu’au bout.

Un humaniste à la générosité débordante

Depuis le décès de Dr Dkhissi, les témoignages sont nombreux sur sa générosité et son humanisme.

Je me contenterais de celui de cette dame, professionnelle de santé à Laâyoune, qui n’en croyait pas ses yeux en lisant la disparition de ce grand monsieur. Elle me raconta : «feue ma mère avait un diabète et était en chaise roulante. Plusieurs médecins de Marrakech, Rabat et Casablanca avaient préconisé une intervention chirurgicale urgente. Une de mes amies m’a dirigé vers le Pr Dkhissi que je ne connaissais pas. A la consultation la mère demanda s’il va falloir une opération chirurgicale. Souriant, le professeur lui dira oui mais ne dites à personne que vous avez besoin seulement d’un soulier médical…». Elle marchera et reviendra le remercier à chaque passage à Casablanca. Une autre dame de Laayoune avait continué à prier pour le Dr Dkhissi pour avoir opéré gratuitement et avec succès son fils handicapé…

Bien des camarades et de nombreux citoyens peuvent attester de la bonté et de la générosité sans limites de ce médecin qui ose respecter le Serment d’Hippocrate …

Que sa petite famille, tous ses camarades, amis et connaissances trouvent ici l’expression de notre profonde peine et tristesse.
Nos condoléances les plus attristées vont à sa compagne Dr Nezha Benmansour Dkhissi, à ses enfants Omar, Youssef et Kanza, à ses frères et sœurs Mustafa, Lhoucine, Fatima et Rachid, à toute la famille Dkhissi et ses proches et alliés ainsi qu’à ses collègues et amis.

Paix à ton âme, camarade Dkhissi.

Mohamed Khalil

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