Par: Abdeslam Seddiki
La persistance, voire l’aggravation de la propagation du covid-19 aidant, notre attention va chaque jour vers l’observation des chiffres annoncés par le Ministère de tutelle portant à la fois sur les nouveaux contaminés, l’effectif cumulé, le nombre de décès et celui des guéris.
Sur la base de ces données, on dresse des graphiques et des courbes qui dégagent la tendance et donnent une perception plus visible de cette épidémie. On retiendra, sans doute, une fois passée cette épreuve, l’usage de la notion de «courbe coronavirus» qui se transformerait progressivement en «théorie générale» venant enrichir les connaissances dans le domaine.
On connait dans le domaine des sciences économiques plusieurs courbes dont en particulier: la plus coutante est celle de l’offre et de la demande; la courbe en Uqui exprime l’évolution des coûts de production en passant par la phase des coûts décroissants à la phase des coûts croissants; la courbe en cloche (ou le U inversé) exprime a contrario l’évolution des rendements; la courbe de Laffer, du nom de cet Economiste libéral, relative au rendement des impôts en fonction du taux d’imposition selon laquelle «trop d’impôt tue l’impôt»…
Revenons à présent à notre «courbe coronavirus» pour voir comment elle a évolué jusqu’à présent et quels sont les meilleurs scénarii à l’avenir, en nous basant pour ce faire sur les données publiées et mises à jour quotidiennement par l’Université Johns Hopkins intéressant la majorité des pays infectés. La courbe dressée pour le Maroc est comparable à celles des pays de beaucoup de pays enregistrant moins de 100 cas par jour (du moins jusqu’au 30 mars). Jusqu’au 23 mars, on était à moins de 20 infections par jour. Depuis, on est rentré dans une phase de croissance croissante.
La phase suivante serait celle d’une stabilité du nombre de nouveaux infectés. On aura dans ce cas une courbe aplatie. L’espoir commencera à renaitre dès qu’on entame la phase d’une croissance décroissante (le nombre de nouveaux contaminés continue d’augmenter mais à un rythme moindre que durant la première période). L’idéal serait d’arriver à ce dernier stade qui est celui de zéro nouveau contaminé avant le 20 avril, date de la fin du confinement.
D’ici là, nousn’aurons d’autre choix que de renforcer le confinement en plus des règles de discipline et d’hygiène. Tout un chacun est tenu de suivre scrupuleusement les conseils donnés par le Ministère de la santé et les milieux autorisés. C’est notre responsabilité à tous. Tout relâchement à cet égard risquerait d’être lourdement payé. Les pays qui ont opté au départ, à l’instar de l’Angleterre et des USA, pour «l’immunité collective» ont été obligés sous la menace d’un danger sanitaire réel de revenir à la solution de confinement.
Aussi, il convient de faire un effort supplémentaire au niveau de la sensibilisation et de l’explication pour contrecarrer davantage les thèses et les bobards colportés par les réseaux sociaux à longueur de journées. On y voit de tout. Des thèses «complotistes» et «conspirationnistes» qui prétendent que l’on assiste à une guerre bactériologique dont les enjeux consisteraient à affaiblir l’ennemi pour asseoir la domination sur le monde. Pour les uns, ce complot est l’œuvre de l’oncle Sam ; pour d’autres, il émane de la Chine. Même le lobby de l’industrie pharmaceutique et des laboratoires privés de recherche n’est pas épargné.
Et pour faire peur et semer la terreur sur une partie de la population affaiblie moralement par cette épidémie, on endosse à des penseurs imaginaires ou des responsables fictifs des prophéties apocalyptiques selon lesquelles le tiers de l’humanité au moins sera décimé par ce virus. On y pense comme si nous étions encore au moyen-âge!!
Le Ministère de la santé est sollicité, à son tour, à donner une information mieux élaborée sur l’évolution de l’épidémie. Les chiffres bruts n’offrent pas suffisamment d’information. Ils méritent d’être analysés pour les rendre plus parlants, quitte à faire appel au concours de la Direction de la Statistique relevant du HCP. C’est le meilleur moyen de combattre le défaitisme et le pessimisme, et de créer par conséquent plus de confiance et d’espérance.
La traduction chinoise du mot «crise» («weiji») est composée de deux idéogrammes, l’un voulant dire « danger», et l’autre «opportunité». Il va falloir penser à la vie après la crise. Profitons donc de cette période de confinement, pour nous projeter dans l’avenir tout en pensant bien sûr à notre famille, à nos voisins et à tous ceux qui sont dans le besoin. La solidarité est le ciment de la nation.
Après la crise, les gens deviendront attachés davantage à certaines valeurs comme la liberté, sous toutes ses formes, la solidarité, la justice sociale, la vie en société, l’économie de partage, le rejet de toutes formes d’excès, l’humilité …Quand à savoir comment le monde de demain se présentera-t-il, c’est encore tôt pour se hasarder à faire le moindre pronostic.