A Singapour, Washington et Pékin renouent le « dialogue militaire »

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

En profitant de la tenue, à Singapour, de vendredi à dimanche, du « Shangri La-Dialogue », un forum qui, d’ordinaire, sert de baromètre aux tensions entre les américains et les chinois en réunissant, chaque année, les autorités militaires et sécuritaires de la zone Indo-Pacifique, Washington et Pékin ont renoué les négociations après une brouille de plus d’un an dès lors qu’en marge de ce sommet, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a eu des entretiens, qui ont duré plus d’une heure, avec son nouvel homologue chinois, l’amiral Dong Jun, nommé ministre de la Défense en Décembre dernier.

Qualifiés, par le porte-parole du ministère chinois de la Défense, de « positifs, pratiques et constructifs », ces entretiens ont eu lieu une semaine après les importantes manœuvres militaires menées par la Chine à l’aide de navires de guerre et d’avions de chasse au large de l’île de Taïwan, dont Pékin revendique, toujours, la souveraineté mais qui est soutenue militairement par les Etats-Unis et juste après l’investiture à la magistrature suprême de ce territoire, du nouveau président, Lai Ching-te, que Pékin accuse d’être un « dangereux séparatiste » qui serait prêt à pousser l’île vers « la guerre ».

Autant de raisons pour lesquelles bien qu’un communiqué du Pentagone ait tenu à préciser qu’il n’appartient pas à la Chine, de se servir de la transition politique taïwanaise « comme d’un prétexte à des mesures coercitives », le ministre américain de la Défense, a, néanmoins, salué le projet de convoquer un groupe de travail sur la communication de crise avec la Chine d’ici la fin de l’année, et signalé que les entretiens sino-américains vont se poursuivre pour que les « communications militaires » entre les deux pays puissent reprendre « par téléphone… dans les prochains mois » comme l’avaient annoncé, en novembre dernier, les présidents Joe Biden et Xi Jinping.

Mais, comme a tenu à le préciser le porte-parole du ministère chinois de la Défense, il ne sera pas possible de résoudre tous les problèmes bilatéraux en une seule réunion du moment que les actions américaines à Taïwan violent gravement le principe d’une seule Chine.

Pour rappel, les pourparlers entre Washington et Pékin avaient été rompus en Août 2022 après que la présidente de la chambre américaine des représentants, Nancy Pelosy, ait été la première plus haute responsable américaine à se rendre à Taïwan, ces 25 dernières années ; ce qui avait fortement irrité les dirigeants chinois qui entendent toujours « récupérer » et « rattacher » cette île à leur territoire après qu’elle en ait été détachée à l’issue de la guerre civile de 1949.

Il y a lieu de signaler, également, que le rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis, qui avait débuté, très timidement, en Novembre dernier lorsque le président américain Joe Biden avait rencontré son homologue chinois Xi Jinping, à San Francisco, pour tenter d’éviter tout dérapage auquel pourraient donner lieu les nombreuses tensions qui agitent la région – en particulier en mer de Chine méridionale et autour de Taïwan – s’était poursuivi en Janvier quand une délégation de militaires chinois avait effectué une visite au Pentagone, qui avait été la première depuis 2020, avant leur rencontre du mois d’Avril à Hawaï qui fut consacrée aux questions liées aux enjeux de la sécurité maritime et aérienne. 

La reprise du dialogue « militaire » entre Washington et Pékin serait-elle un prélude à un apaisement des tensions sino-américaines dans l’Indo-Pacifique ?

Tous les espoirs semblent permis mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Top