C’est au tour du Groupe Crédit Agricole du Maroc de procéder au lancement de sa banque participative. Elle porte un nom représentatif du Groupe historiquement lié à son implication dans l’économie du monde rural: Al Akhdar Bank. C’est le fruit d’un partenariat entre le GCAM (51%) et l’ICD (49%), et reste jusqu’à maintenant la première institution du genre à développer une offre spécifique pour les agriculteurs.
Perçu comme le bras financier du monde rural, le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) n’a pas failli à inclure cette dimension dans sa banque participative, lancée officiellement lundi 16 octobre dernier. Son nom se résume à cette couleur représentative de l’économie agricole : Al Akhdar Bank. Fouad Harraze, son directeur général, l’a certifié : en plus de sa vocation à adresser l’ensemble des marchés, la banque «aura une attention particulière pour le monde rural et au financement de l’agriculture».
C’est le fruit d’un partenariat entre le GCAM, qui en détient 51% du capital, et la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé (ICD, 49% du capital), membre du groupe Banque Islamique de Développement (BID). Un partenariat en cohérence avec les missions des deux principaux actionnaires qui adossent le rôle d’institutions financières de développement dans leurs périmètres respectifs. L’ICD est spécialiste de la finance participative : le groupe apportera donc à la nouvelle banque une expérience accumulée dans le lancement des banques islamiques dans différentes régions du monde (elle offre des capacités de financement aux 49 pays membres), une expertise métier éprouvée et reconnue dans tous les domaines de la finance islamique (banque de détail et d’entreprise, Sukuk, Takaful, Micro-finance islamique…).
Al Akhdar Bank offrira les produits de la banque au quotidien, les produits de financement (Morabaha, Ijara), ainsi que les dépôts d’investissement, mais aussi des produits de financement de l’agriculture et l’agro-industrie (Salam).
L’offre paye une attention particulière aux clients «agriculteurs». Ils bénéficieront d’une offre de banque au quotidien comme les autres catégories ciblés, en plus d’une offre de financement ciblée : financement de campagne agricole, de l’investissement en ce qui concerne l’équipement agricole, irrigation, bétail, arbres fruitiers, etc. Le financement des agriculteurs se basera également sur les différents instruments participatifs validés par le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO), à savoir Morabaha, Ijara, la banque travaillera aussi sur des produits innovants pour le financement de l’agriculture et de l’agro-industrie.
En termes de perspectives de déploiement territorial, le réseau est composé de 4 agences au démarrage, qui seront portées à 8 fin décembre prochain, puis à 21 en fin 2018. A terme, le réseau atteindra 40 points de vente en 2021.
***
Trois questions à Farid Masmoudi,
directeur de l’investissement direct et du financement de l’ICD
AL Bayane : Comment justifiez-vous ce timing de ce lancement, un peu tardif par rapport à la concurrence?
Farid Masmoudi :En fait, nous avons été parmi les premiers à prendre l’accord, mais nous avons préféré observer l’évolution de la réglementation et de sa libéralisation afin de pouvoir exercer dans lepays. En tant que stratégie marketing, il est intéressant d’observer dans un premier temps quelles sont les attentes, et comment nous pouvons y répondre. Pendant ce temps où d’autres ont communiqué, Al Akhdar Bank a essayé d’écouter ses clients, le marché, pour répondre d’une façon adéquate et précise à leurs attentes. C’est ce qui peut être vu comme une action de second rang, alors que c’était plutôt une action concertée, et avant tout étudiée.
Qu’est-ce qui vous distingue par rapport aux autres banques ? Et comment comptez-vous vous positionner sur le marché surtout que l’offre a l’air de se ressembler partout ?
Je nepartage pas tout à fait qu’on dise que c’est les mêmes services. Notre philosophie est totalement différente. Aujourd’hui, nous nous adressons à des gens qui se sont exclus du système financier, et qui à travers la banque participative vont trouver des produits correspondants à leur éthique et à leurs convictions personnelles et religieuses. C’est une catégorie première de personnes pour lesquels nous souhaitons apporter une offre. Ensuite, lorsque nous créons une nouvelle banque, nous possédons une agilité, un dynamisme qui va nous permettre aussi d’être plus à l’écoute et plus réactif par rapport aux besoins de la clientèle. C’est cette attitude que nous souhaitons adopter aujourd’hui pour développer l’activité d’Al Akhdar Bank.
Quels sont justement les perspectives de développement d’Al Akhdar Bank, quand on sait que votre partenaire s’intéresse au monde rural en priorité?
Nous planifions un déploiement massif. Ceci ne va pas se faire du jour au lendemain mais étape par étape, en consolidant la connaissance du marché et de ses attentes. Nous avons comme vocation à développer la finance participative sur l’ensemble du territoire, avec la mise en place de points régionaux, la mise en place d’agences, et avant tout, être présents dans l’ensemble des zones rurales mais aussi urbaines. Le Groupe Crédit Agricole a une histoire très riche et une présence forte au niveau du monde rural. Nous souhaitons bien entendu capitaliser sur cette histoire, cette relation forte, en apportant des produits nouveaux et des solutions qui sont attendues aujourd’hui par la population du monde rural, et qui ne se retrouvent pas dans d’autres banques. Ce monde connu pour son poids important dans le Royaume est également un objectif pour nous, mais pas uniquement, puisqu’une banque nouvelle doit aussi regarder vers le digital, les jeunes.
Iliasse El Mesnaoui