«Le parti ÖVP et les Verts se sont entendus sur un programme de gouvernement». C’est ce qu’a annoncé, ce mercredi, un responsable des «Verts» autrichiens après que sa formation ait signé un accord avec le leader du Parti populaire (ÖVP), le jeune dirigeant chrétien-démocrate Sebastian Kurz, qui avait remporté les législatives du 29 septembre 2019 avec 37,5% des voix sans, toutefois, obtenir de majorité absolue.
«Les négociations n’ont pas été faciles car les deux partis ont des orientations programmatiques très différentes mais nous avons obtenu un résultat excellent (…) Il est possible de faire baisser les impôts tout en écologisant le système fiscal, de protéger le climat et les frontières en même temps» a reconnu le dirigeant de l’ÖVP, ce poids lourd de la politique nationale autrichienne, dont l’alliance avec le parti des Verts, «Die Grünen», qui a enregistré une percée aux dernières élections mais qui n’avait jamais gouverné auparavant, va permettre à Sebastian Kurz de récupérer la chancellerie qu’il avait perdue en Mai dernier.
Werner Kogler, le leader des Verts a affirmé, pour sa part, que sa formation politique qui a pris ses «responsabilités» a conclu un accord qui lui a permis d’obtenir «plus que ce qui était espéré» en matière de protection de l’environnement ajoutant même que «l’Autriche pourra devenir un pionnier européen et mondial de la lutte contre le changement climatique» tout en oeuvrant pour l’ «équité sociale» et la «transparence».
Et même si les deux responsables politiques n’ont pas donné de plus amples informations quant à leur programme qui, avant d’être rendu public, devra être approuvé lors du congrès extraordinaire des Verts qui se tiendra ce samedi, on peut, d’ores et déjà, signaler que le jeune chancelier a manifesté sa volonté de «poursuivre les baisses d’impôts» et de «lutter contre l’immigration illégale» et que, bien que l’ÖVP dominera largement la nouvelle équipe ministérielle qui prendra ses fonctions ce lundi, les Verts décrocheront quatre portefeuilles ministériels parmi lesquels un «super-ministère» regroupant l’Environnement, les Transports, l’Energie et la Technologie qui sera confié à la député Leonore Gewessler, ancienne dirigeante de l’une des principales organisations autrichiennes de défense de l’environnement.
Parmi les autres attributions des Verts, on pourrait, également, citer la Justice, les Affaires sociales et la Culture étant entendu que le parti populaire ÖVP gardera la main sur les ministères de l’Intérieur, des Finances et des Affaires étrangères.
Dans un contexte où le changement climatique figure au cœur des préoccupations mondiales, la nouvelle alliance gouvernementale choisie par Vienne entre un chancelier partisan d’une ligne dure sur l’immigration et ces mêmes écologistes qui furent ses plus virulents opposants lorsqu’il s’était allié à l’extrême-droite va, néanmoins, permettre à l’Autriche de rejoindre les Etats du quator européen formé de la Suède, de la Finlande, de la Lituanie et du Luxembourg où les écologistes participent au gouvernement.
Pour rappel, l’alliance entre l’ÖVP et l’extrême-droite avait volé en éclat au bout de 18 mois; quelques heures à peine après la diffusion par «Der Spiegel» et la «Süddeutsche Zeitung», d’une vidéo filmée, durant l’été 2017, à l’insu du vice-chancelier autrichien, Heinz-Christian Strache, leader nationaliste à la tête du FPÖ depuis 2005, dans une villa sise à Ibiza; une vidéo dans laquelle on voit le dirigeant autrichien évoquer son entière disposition à octroyer des marchés publics à un oligarque russe en échange de financements au profit de sa formation politique. Ce scandale a pris, pour la postérité, le nom d’«Ibizagate».
La nouvelle alliance du jeune chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz avec les écologistes aura-t-elle une espérance de vie plus longue que la précédente ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi