Ce mercredi, 5,2 millions d’électeurs azerbaidjanais ont été appelés aux urnes pour un scrutin présidentiel qui devait «obligatoirement» reconduire, pour sept nouvelles années et pour une quatrième fois, le président Ilham Aliev, 56 ans, au pouvoir depuis 2003, même si ce dernier avait «face à lui» mais à vrai dire «choisis par lui» sept candidats inconnus du public qui n’avaient mené aucune campagne électorale et dont certains avaient même poussé le ridicule jusqu’à appeler à voter pour lui.
Ces candidats-pantins n’étaient donc là que pour faire croire à qui voudrait bien les croire que le président-sortant qui n’est pas encore prêt de sortir n’est pas le seul candidat à sa propre succession alors que les principaux partis d’opposition qui ont boycotté le scrutin au motif que les conditions pour la tenue d’une élection démocratique n’étaient pas réunies ont déclaré, dans un communiqué commun publié avant la consultation, que «les élections ne sont absolument pas compétitives et n’offrent pas d’alternative politique».
C’est donc sans surprise, selon les premiers résultats-partiels communiqués par la Commission Electorale Centrale, qu’après le dépouillement de 67,3% des bulletins de vote Ilham Aliev a été reconduit avec 86,1% des voix à la tête de ce petit Etat du Caucase riche en hydrocarbures. Pour rappel, ce dernier avait été élu une première fois en 2003 succédant à son père Heydar, un ancien officier du KGB local qui avait dirigé le pays de 1969 jusqu’à sa mort, puis en 2008 et en 2013 avec des scores «écrasants» à la suite de suffrages que l’opposition a toujours jugés frauduleux.
A l’issue de l’élection de ce mercredi, le Président Ilham Aliev prolongera donc sa mainmise sur le pays au moins jusqu’en 2025.
Il est à noter, par ailleurs, que, pour asseoir son emprise sur le pays, ce dernier avait fait approuver en 2009 un changement de constitution qui lui permet de se présenter à la présidence de la République autant de fois qu’il le souhaite et, par une seconde réforme constitutionnelle, a fait passer en 2016 le mandat présidentiel de cinq à sept ans; ce que le Conseil de l’Europe avait dénoncé car provoquant «un grave bouleversement de l’équilibre des pouvoirs» et attribuant au chef de l’Etat une autorité «sans précédent».
Mais Aliev qui n’en a cure et qui ne cherche qu’à renforcer sa domination sur le pays ne s’est pas arrêté-là puisqu’il a même conféré en Février 2017 à son épouse Mehriban le poste de vice-présidente et placé des membres de sa famille aux plus hautes marches du pouvoir permettant à ceux-ci de mettre la main sur des pans entiers de l’économie du pays pendant que son fils Heydar reste pressenti pour lui succéder.
Mais s’il est vivement critiqué par l’opposition et par les défenseurs des droits de l’Homme, Ilham Aliev est, tout de même, encensé par ses partisans pour avoir – grâce à la manne des hydrocarbures, il est vrai – transformé et modernisé un pays qui est rapidement devenu un des plus importants fournisseurs de gaz à l’Europe.
Et si pour une institutrice venue voter «il n’y a pas d’alternative à Aliev (et que) c’est seulement grâce à lui que l’Azerbaidjan est un pays stable avec une économie forte», un jeune étudiant a préféré, quant à lui, s’abstenir car le scrutin est «une pure farce», qu’il n’y a jamais eu «d’élections libres» et que «Aliev ne fait que rallonger son règne encore et encore».
Nabil El Bousaadi