Chicago élit une maire afro-américaine…

Une grande première à Chicago qui compte 2,7 millions d’habitants; sa municipalité qui, depuis 1837, n’a été dirigée qu’une seule fois par un homme de couleur et une seule fois, également, par une femme, devient, à compter de ce mardi, la plus grande ville des Etats-Unis à porter à sa tête une Afro-Américaine.

En effet, ce mardi, les habitants de Chicago, la troisième du pays, celle où les inégalités sont très profondes entre les quartiers, ont élu, à la tête de leur municipalité et par 74% des voix, Lori Lightfoot, 56 ans, une ancienne procureure fédérale. Cette dernière a fait campagne avec un programme progressiste qui vise la réduction des inégalités sociales et raciales qui, en  plombant la municipalité de Chicago ont laissé «à la traîne» ces quartiers du sud et de l’ouest de la ville où la population majoritairement noire fut la grande oubliée des programme de développement économique.

Pour rappel, Chicago détient un bien triste record puisqu’en 2018 plus de 550 meurtres y ont eu lieu ; plus que New York et Los Angeles réunis alors même que la population y est beaucoup plus importante.

Opposée à Toni Preckwinkle, également démocrate et afro-américaine, Lori Lightfoot avait recueilli 17,5% des suffrages alors que sa rivale n’en avait eu que 16% au premier tour de l’élection municipale qui s’était déroulé à la fin du mois de Février.

Par ce score, les deux candidates ont devancé les 12 autres prétendants à la succession de Rahm Emanuel, l’ancien maire de Chicago, étoile montante du parti démocrate en poste depuis 2011 mais qui avait annoncé, en dernière minute et à la surprise générale, qu’il n’entendait pas briguer un troisième mandat et écarté Bill Daley, un vieux routier de la politique locale et Garry McCarthy, un ancien chef de police de la ville.

Engagé en 2011 par l’ancien maire pour endiguer la criminalité, ce dernier avait été limogé en 2015  pour sa mauvaise gestion de l’enquête sur la mort en 2014 d’un jeune afro-américain criblé de balles par un policier blanc. Ce n’est qu’une année après les faits que la police avait accepté de diffuser les images du drame, des images qui montrent bien que le policier blanc avait tiré sur sa victime alors qu’elle était de dos et s’éloignait ; même avec son couteau à la main. A la suite de cela, le maire avait été accusé d’avoir essayé de couvrir le scandale et la ville fut secouée par des manifestations qui ont duré plusieurs mois au titre de la dénonciation des violences policières. En janvier dernier, le policier responsable du meurtre a écopé de sept années d’emprisonnement.

Promettant de rendre la ville «plus juste pour tous» afin que chaque enfant puisse, désormais, «savoir qu’il pourra, un jour, devenir maire de Chicago», Lori Lightfoot entend incarner «le changement contre le statu quo» faisant, ainsi, un pied-de-nez à sa rivale âgée de 72 ans, élue locale depuis plusieurs décennies et dirigeante du comté de Cook duquel dépend la ville de Chicago.

D’après Evan McKenzie, professeur de Sciences politiques à l’université de l’Illinois, la victoire de Lori Lightfoot repose sur le ras-le-bol éprouvé par une population «fatiguée de la corruption, des enquêtes fédérales contre les responsables municipaux, des scandales entourant la police et de la crise budgétaire».

La nouvelle maire afro-américaine de Chicago parviendra-t-elle à endiguer la criminalité et à inclure les quartiers déshérités du sud et de l’ouest de la ville dans les plans de développement économiques ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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