Le manque de convergence des politiques publiques revient souvent dans les critiques des opérateurs économiques et des institutions comme le CESE et le CMC.
En effet, leur mise en œuvre a révélé une insuffisance de cohérence et de complémentarité, notamment en matière d’éducation-formation, de fiscalité et d’aménagement du territoire; ce qui engendre un manque de visibilité chez les opérateurs.
Cette problématique a été soulevée lors de la séance mensuelle consacrée aux questions de politique générale à la Chambre des conseillers. Le chef du gouvernement reconnait que la transversalité des politiques publiques pâtit encore d’une série de défaillances comme la multiplicité des stratégies sectorielles et des commissions inter-ministérielles. Ce qui se traduit par «la faible rentabilité des investissements publics et des pertes d’opportunités de développement».
Pour y faire face, une commission nationale chargée de la coordination et de l’évaluation des politiques publiques sera bientôt créée. Selon El Othmani, le décret portant création de cette commission est déjà prêt. Objectif : «coordonner les politiques publiques pour assurer leur cohérence et leur complémentarité», a indiqué le chef du gouvernement qui présidera cette nouvelle commission.
Celle-ci devra également développer les outils nécessaires pour évaluer l’efficacité et l’impact de ces feuilles de route sur le citoyen et ce, en droite ligne avec les recommandations des premières Assises nationales sur la gouvernance tenues en 2013. L’idée derrière cette commission interministérielle est aussi de «développer la culture de l’auto-évaluation et de l’inscrire dans le processus de la planification stratégique».
Parallèlement, le ministère des Affaires générales et de la gouvernance se penche sur la mise en place d’un système informatique intégré dédié au suivi et à l’évaluation des politiques publiques. Selon El Othmani, le but est de mettre à la disposition du gouvernement un mécanisme avancé permettant de suivre l’état d’avancement de l’action publique par rapport aux objectifs tracés pour chaque secteur et de mesurer le niveau de cohérence et de complémentarité des stratégies et programmes. Cela permettra aussi d’évaluer la contribution de chaque secteur.
Le chef du gouvernement mise aussi sur la déconcentration administrative pour améliorer la transversalité et l’efficacité des politiques publiques. La charte de déconcentration sur laquelle se penche actuellement le gouvernement attribuera aux régions de nouvelles prérogatives leur permettant d’assurer le suivi des politiques et de veiller à leur complémentarité.
D’un autre côté, «le regroupement de l’administration territoriale en pôles devrait également favoriser la convergence des stratégies sectorielles», a souligné El Othmani.
Le déploiement de ces mesures est tant attendu, surtout que la faible compétitivité de l’offre exportable du Maroc est en grande partie attribuée au manque de convergence des stratégies sectorielles et à leur déconnexion par rapport aux accords de libre-échange.
Hajar Benezha