Composite ?

Dans un monde marqué par le changement en toute chose; formuler les bonnes questions qui se posent à notre société serait un exercice difficile pour ne pas dire plus. La difficulté viendrait de l’incapacité de trouver les bonnes réponses; caril faut le dire clairement, les certitudes ne sont plus ce qu’elles étaient et les ambiguïtés entachent la rigueur de la réflexion.

Au-delà des questions scolastiques et descriptives dont on pourrait trouver les éléments de réponse dans les publications des institutions dédiées à cet effet; on se trouve interpellé par l’observation et le constat, autant qu’ils peuvent être représentatifs, de faits réels de la société qui font de plus en plus «tâche d’huile».

La société marocaine a-t-elle été capable d’apprendre de ses échecs, a-t-elle su « aplanir les difficultés conjoncturelles et objectives » pour s’approcher de la «société solidaire où tous jouissent de la sécurité, de la liberté, de l’égalité des chances, du respect de leur dignité et de la justice sociale, dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté» conformément à l’alinéa 2 du Préambule de la Constitution.

Le smog qui couvre le champ politique national à l’heure actuelle ne permet pas de certitudes certaines. Les positions des antagonistes sont connues. Il reste à trouver les mécanismes pour arriver à faire passer «le fil dans le chas de l’aiguille» eu égard à plusieurs déterminants relevant du stock électoral et de sa mobilisation. Des frémissements se signalent à ce propos mais restent confidentiels tant que le débat ne se porte pas sur leurs objets.

Dans quelle mesure l’ouverture de la société marocaine n’a-t-elle pas été entamée par le repli identitaire?

Les nombreux messages anodins qui s’échangent à travers les réseaux sociaux sont empreints, pour la plupart, d’une connotation dévote. L’accoutrement enveloppé de nombreuses jeunes filles et de femmes ne s’expliquent pas seulement par la paresse et les dépenses inhérentes à une bonne tenue ! Un peu partout, le costume «afghan» est plus qu’apparent au détriment des traditionnels vêtements. Dans tout lieu et en toute circonstance, les discours sont ostentatoirement soulignés par des expressions liturgiques dont la longueur s’allonge chaque fois que l’intervenant voudrait apporter la preuve de son ancrage. Ces aspects, et d’autres, sont relevés quotidiennement et heurtent la nostalgie des générations de la fin du siècle passé.

Cela ne signifie aucunement le repli de la société sur elle-même, car d’autres comportements et faits sociaux restent présents. Il n’empêche néanmoins que cette évolution et ses résultats interpellent sur la consolidation et le devenir des principes, droits et obligations énoncés dans les chartes et conventions internationales auxquels le Royaume du Maroc a souscrit souverainement. Comme elle introduit des interrogations sur la solidité du stock électoral des uns et des autres.

L’intégration de l’ensemble des forces vives de la nation dans le processus démocratique a-t-elle eu l’effet escompté sur ce «choix irréversible de construire un état de droit démocratique»?

La démocratie représentative connait à travers le monde des contestations exacerbées par la pression de la mondialisation et la «pression croisée des demandes sociales et des ressources insuffisantes». Remise en question là où elle semblait faire partie de l’air que l’on respire, cette démocratie vacille et ne répond plus aux besoins des populations. Est-ce suffisant pour en déduire, en ce lieu et en ce moment, l’incapacité de la démocratie représentative pour «réguler les processus et les objectifs de modernisation» que la société s’est assignée?

Cela a le mérite de rappeler que le combat démocratique ne peut souffrir de pause, qu’il est de tous les instants. Les méandres d’une rivière, aussi sinueux sont-ils, n’empêchent pas le cours d’eau d’arriver à la mer. Il en va de même du processus démocratique qui, entre flux et reflux, aboutira à l’établissement de l’état de droit dans tous les aspects de la vie. L’espoir est réel d’autant plus que dans le texte de la Constitution, la démocratie, là où elle est citée, est qualifiée de participative. Il reste à renforcer la décentralisation et la déconcentration, à mettre en œuvre la régionalisation, à donner aux communes la possibilité de faire «du développement de proximité» et que «les représentants au sein des institutions élues (le soient) par voie de suffrages libres, sincères et réguliers». La partition est entre nos mains, il suffit de la jouer et convenablement.

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