Consulter le médecin traitant avant de décider

Jeûne du mois de ramadan et maladies chroniques

Ouardirhi Abdelaziz

Plus que quelques jours nous séparent du mois de ramadan de l’année de l’hégire 1444, et qui débutera vraisemblablement le mercredi 22 ou le  jeudi 23 mars, avec une durée de jeûne allant jusqu’à 15  heures.

Un laps de temps relativement durant lequel les fidèles doivent s’abstenir de boire et de manger du lever au coucher du soleil; ceci inclut la prise de médicaments, ce qui n’est pas évident pour les malades. Surtout ceux qui sont porteurs de maladie chronique. Avant de vous lancer dans la pratique du jeûne du mois de ramadan, il est conseillé de consulter votre médecin traitant.

Prendre soin de nos ainés

Le jeûne du mois de Ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam. C’est le mois de la révélation du saint Coran caractérisé par des prières, de dévotion, de la charité, de la solidarité, où chaque personne pratiquante entretient une grande dimension spirituelle avec notre créateur.

Tout en rendant grâce au bon Dieu pour tous ses bienfaits, il nous appartient à tous de prendre soin de notre santé, de celle de nos enfants, de nos parents, grands-parents et des personnes souffrantes, vulnérables, celles et ceux qui sont malades .

Quand on est soucieux de sa santé ou de celle des membres de sa famille, on doit toujours anticiper, particulièrement quand on a une personne âgée diabétique, un insuffisant rénal, un cardiaque, qui vit avec nous sous le même toit. Celle-ci doit faire l’objet de toutes les attentions. C’est encore plus vrai quand il est question pour ces personnes malades et âgées de pratiquer le jeûne du mois de Ramadan. Eu égard à leur état de santé, à leur âge avancé, aux conditions physiques limitées, ces personnes ne jeûnent pas comme les autres, une situation qui est très mal vécue par ces dernières, qui éprouvent une honte, un mal-être lié à l’isolement social, familial du fait de ne pas jeûner convenablement.

Maladies chroniques : compatibles avec le jeûne ?

Pour tous nos citoyens en bonne et parfaite santé, femmes et hommes,  le jeûne du mois de Ramadan, est une période de l’année qui est très attendue, très appréciée, pour ses nombreux bienfaits, entre prières , dévotion, le pratiquant se rapproche plus du créateur, de Dieu le très haut, le clément, le miséricordieux.

Le jeûne du mois de Ramadan, c’est aussi des bienfaits pour le corps, l’esprit, les relations humaines, l’entraide, la solidarité, les bonnes actions.

Mais à côté, il y a des exceptions, surtout concernant celles et ceux qui sont diminués par la maladie, les personnes âgées en situation de vulnérabilité…..

Le jeûne que chacun doit observer du lever au coucher du soleil, signifie une abstinence, une interdiction de tout apport alimentaire et hydrique du lever au coucher du soleil. Ce qu’on oublie souvent de préciser, c’est que ces interdictions s’étendent également à toutes les prises médicamenteuses orales, particulièrement quand il s’agit de malades cardiaques, hypertendus, diabétiques, cancéreux, ou en cas d’insuffisance rénale chronique …

Pour de nombreuses personnes souffrantes de maladies chroniques, la situation se complique, inquiète même. On se pose alors la question de savoir si leur état de santé est compatible avec la pratique du jeûne de ce mois sacré. 

Il est évident que pour un adulte sain, le jeûne du mois de ramadan ( entre 15 H et 16 H / jour ), d’ abstinence de tout apport alimentaire et hydrique est une épreuve qui ne présente aucune difficulté, qui ne va pas avoir des conséquences. Mais pour les personnes âgées et les patients qui souffrent de maladies chroniques, les malades cardiaques, hypertendus, diabétiques, cancéreux, ou en cas d’insuffisance rénale chronique, ceux qui doivent suivre à des horaires bien précises des traitements prescrits par leurs médecins, il en va autrement, car le jeûne du Ramadan, peut être un facteur déclenchant ou aggravant de nombreuses pathologies.

Une situation que vivent de nombreuses familles qui ont un parent âgé porteur de maladie chronique, qui tient à  jeûner, qui ne veut rien entendre quelles  qu’en soient  les conséquences..

C’est dire toute l’importance que revêt la consultation médicale avant le mois sacré de ramadan. C’est tout un travail, toute une approche de sensibilisation, d’information, que le médecin traitant doit entreprendre avec ses patients pour leur expliquer tous les dangers, tous les risques potentiels pour leur santé.

Un avis médical éclairé

Il est très difficile de faire entendre raison à une personne malade,  de ne pas jeûner. On aura beau dire, et beau parler avec nos ainés dont l’état de santé st souvent diminué, ou qui souffrent de maladie chroniques ( hypertensine artérielle, diabète, maladie rénale ), car pour toutes ces personnes ne pas pratiquer le jeûne du Ramadan, est un très grand pécher, et nombreux sont ceux qui vous diront qu’elles préfèrent mourir que de ne pas jeuner.

La décision de pratiquer ou non le jeûne du Ramadan est avant tout une décision spirituelle. Le rôle du médecin est donc d’évaluer le risque encouru par le patient, de l’en informer, et de négocier les éventuelles adaptations de traitement nécessaires, en prenant en compte les préférences du patient. Des indications claires quant aux critères de rupture du jeûne doivent aussi être énoncées. L’idéal est de prévoir une consultation avant le jeûne afin de conseiller comme il se doit le patient, de le convaincre grâce à un avis médical éclairé, qui découle de la relation et de la confiance entre soignant et soigné.

Il s’agit donc pour le médecin d’agir avec tact, doigté, dextérité, pour permettre au patient de s’exprimer en toute confiance, et surtout de convaincre le malade que ce qui importe le plus, c’est avant tout sa santé, son bien-être et sa sécurité. 

L’Islam, la religion de la tolérance, du pardon, de la facilitation.

Le coran est clair au sujet des personnes malades et celles dont les capacités physiques ne peuvent pas leur permettre de jeûner. Tous les ulémas sont unanimes pour dire que dès lors qu’une personne est malade, ou présente une faiblesse manifeste pouvant mettre en jeu sa vie, celle-ci est exempte. C’est pour toutes ces raisons, mais aussi à cause des conséquences néfastes qui peuvent en découler et où le pronostic vital peut être engagé pour certains diabétiques, qu’aujourd’hui, nombreux sont les praticiens spécialistes de la maladie diabétique, qui au lieu d’interdire le jeûne à leurs patients diabétiques préfèrent les accompagner tout au long de ce mois. C’est en partie ce qui justifie la nécessité d’intégrer le côté positif du jeûne dans le bien-être du patient, ainsi qu’à l’inverse, le mal-être, l’isolement, la honte que le patient ressent lorsqu’il ne jeûne pas. En effet, qui de nous n’a pas assister un jour ou l’autre à une réaction douloureuse que ressent une personne affaiblie par la maladie et qui ne peut pratiquer le jeûne de ramadan…

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