Après-moi, le déluge !

Saoudi El Amalki

Avec la hausse du prix de la bonbonne de gaz, actée dès ce lundi 20 mai, l’Exécutif fait aussi acte inaugural de s’engager pleinement dans le processus de décompensation des produits pris en charge de manière partielle par ses soins, tels le blé tendre, le sucre, le butane… L’idée était de se désemplir progressivement de ce « fardeau » social au profit du Registre Social Unifié (RSU), d’aérer la pesée publique et d’assurer les bourses sociales. Cependant, il faudra avouer qu’avec cette approche, plutôt fondée sur l’assistanat, l’Exécutif deviendrait un acteur aumônier au lieu de s’ériger en réel pourvoyeur de ressources, en faveur du petit peuple. L’échec navrant de l’approche de ces aides sociales directes se solde par la montée exaspérante des taux de chômage. En fait, au moment où on croit bien savoir que la Nation se lance dans un système industriel de haute envergure et un emballement tonitruant des Grands Chantiers, on notera en revanche, que les retombées ne profitent guère à la majeure partie de la société, en termes de relèvement de la vie active nationale qui permettrait de se nantir de vie décente et de justice sociale pour l’ensemble des concitoyens. Or, la dysfonction à ce niveau cale puisque la panne gangrène à grande échelle, dans tous les compartiments de l’économie marocaine pouvant générer les richesses bonnes à la redistribution équitable. C’est bien à la source que la machine grince et l’étau se resserre autour des cous, comme dit l’adage populaire de chez nous : « La tente ne tient pas la route, puisque le mât est incliné, au départ !». Aujourd’hui, on octroie des sous aux gens, avec les  bourdes qui accompagnent cette opération caritative. Toutefois, ne serait-il pas plus digne de trouver le moyen de faire gagner cet argent, à travers des contreparties à ces populations qui seraient pérennes dans le temps ? L’Emergence à laquelle aspire notre pays est avant tout une question de dignité et de décence de ses compatriotes. L’essence de l’Etat social dont se targue le gouvernement, se traduit par la résorption du déficit social, à travers des mécanismes de la procréation du travail et non des faux fuyants éphémères. Pis encore, ce canular ne ferait en fin de compte, qu’ajourner la dérive sociale inéluctable à des échéances imminentes et attiser la tension au sein de la société. Enfin, on aimerait poser la question suivante à ces imposteurs de « l’Etat social » : jusqu’à quand comptez-vous puiser dans les deniers publics afin de faire perdurer l’effet paracétamol ? La réponse ne pourrait passer que par la fameuse citation de Louis V : « Apres-moi le déluge ! ». A bon entendeur.

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