Cela fait plus de dix ans que le poète et essayiste Abdelghani Fennane travaille discrètement sur la photographie au Maroc. Le présent livre est sa quatrième publication sur le sujet. Partant du constat que la société marocaine est une société qui entretient une relation ambivalente avec la photographie qu’elle aime et dénie à la fois, son projet consiste à montrer qu’il est existe au Maroc une pensée et une écriture photographique. Quatre idées ont défini cet essai:

1- Daoud Aoulad-Syad est l’auteur d’une photographie authentique qui mérite sa place parmi les plus importantes du monde arabe et africaine au moins en ce sens que venant à la photographie après avoir connu Henri Cartier-Bresson, Robert Frank, Gilles Peress … il ne les a pas mimés. L’enjeu était de traduire dans l’espace de la photo l’oralité de la « halka », le signe du calligramme dans la géométrie du cadre photographique, de « traduire » le cercle dans le carré en quelque sorte ;

2- Pour approcher la photographie de Daoud Aoulad-syad, il faut la situer dans son contexte global de décolonisation de l’imaginaire (Edward Said, Frantz Fanon, Aimé Césaire…) et la lier à son enfance marquée par Marrakech, la Place Jamâa el Fna et ses personnages, par l’expérience de l’orphelinat…, ce que l’auteur a appelé le « pays de l’enfance » ;

3- L’authenticité de  Daoud Aoulad-syad réside dans sa fidélité imparable au même sujet dans sa photographie : le « Sud » comme géographie et comme imaginaire et le « Peuple » au sens noble que des artistes comme Pasolini et récemment Georges Didi-Hubermann, entre autres, ont donné à ce mot ;

4-De la photographie au cinéma,  Daoud Aoulad-syad est resté fidèle à un style d’écriture, que l’auteur appelle « le photographique », à la suite de Rosalind Krauss, qui consiste en la primauté du visuel, donc de l’écrit, par rapport la parole dans ses films, depuis son premier court-métrage jusqu’à aujourd’hui.

Préface Mohamed Rachdi, DK éditions,  Casablanca, 2016.

Abdelghani Fennane