Une décision jugée tardive face à l’absence de tout engagement des minoteries

Hausse des droits de douane sur l’importation du blé tendre

Comme à l’accoutumé et à l’occasion d’une bonne production céréalière, le gouvernement décide d’augmenter les droits de douane appliqués sur l’importation du blé tendre et ses dérivés pour une période déterminée. Objectif : encourager l’écoulement de la production nationale de blé et amener les minoteries à écraser une grande partie du blé local. Néanmoins, certains analystes estiment que la décision de réviser à la hausse les droits de douanes sur l’importation du blé accuse du retard. Ils avancent même que les minoteries ont déjà fait le plein d’approvisionnement avant le début des moissons.

L’idéal serait de procéder à l’augmentation des droits de douane sur l’importation du blé tendre au cours du mois de mars ou d’avril et non début du mois de mai qui coïncide avec la période des récoltes, explique à Al Bayane AbesTanji, chercheur agronome. Ce dernier regrette, toutefois, qu’a la date d’aujourd’hui, il n’y’a jamais eu de négociations entre le ministère et les minotiers pour déterminer un quota du blé local qui devrait être acheté et écraser par les minoteries par an.  Des sources bien informées confirment en effet, que les derniers chiffres relatent un recours massif à l’importation de blé tendre ces derniers mois par certaines minoteries. Ces derniers ont une préférence pour le blé importé jugé de bonne qualité.  D’ailleurs, durant la campagne agricole 2016/2017, marqué par une production céréalière record qui s’élève à 96 millions de quintaux, le Maroc a importé l’équivalent de 70 millions de quintaux de blé, maïs et orge.  Du coup, les pronostics, cette année, tablent sur la même quantité importée puisqu’on reste sur la même performance et le même rendement céréalier.

Pour rappel, le dernier Conseil de gouvernement, vient d’adopter le projet de décret visant à augmenter les droits de douane sur l’importation du blé tendre à 135% au lieu de 30%, actuellement en vigueur. Cette mesure prend effet dès la publication du décret au bulletin officiel et prend fin le 30 octobre 2018.Un communiqué précise que la décision vise aussi à faciliter la commercialisation de la production nationale et d’assurer l’approvisionnement du marché national en blé tendre et au même temps assurer des revenus aux agriculteurs. Le décret fixe ainsi le prix référentiel du blé tendre à l’importation à 360 dirhams (DH) au lieu de 255 DH le quintal. A signaler par le stock actuel du blé tendre s’est chiffré à 16 millions de quintaux à mi-avril 2018, soit l’équivalent de 4 mois des besoins des minoteries industrielles.

Certes il y’a pas de problèmes de stocks ni de carence sur le marché local, mais l’Etat doit encourager la production  céréalière nationale. Pour cela le développement de la recherche agronomique et de la vulgarisation des bonnes techniques agricoles reste indispensable et nécessaires. Il est aussi  important de revoir à la baisse les prix des engrais et de tous les intrants agricoles (semences certifiées, pesticides). Tanji regrette que la SONACOS (société de commercialisation des semences) n’a pas pu vendre plus du 1/3du stocks de céréales. Autrement dit, sur les deux millions de semences toutes céréales confondues, la SONACOS n’a pu vendre que 700 millions de quintaux. Les prix restent, précise notre interlocuteur, trop élevés pour une majorité des agriculteurs opérant dans les zones arides. On regrette aussi et surtout que les rendements soient variables d’une région à une autre et même d’une parcelle à l’autre et dépendent du taux d’utilisation des intrants et des variétés de blé.

C’est autant dire, que la politique céréalière au Maroc doit être réorientée vers des produits de haute nécessité et d’autosuffisance. Il est temps peut être de mettre en place un plan céréalier pour avancer… Le Plan Maroc Vert a bien montré ses limites après plus de dix ans de mise en œuvre !!! ,

Fairouz El Mouden

 

Une récolte céréalière de 98,2 millions de quintaux

La production céréalière prévisionnelle au titre de la campagne agricole 2017-2018 devrait atteindre un niveau record de 98,2 millions de quintaux, selon le département de l’Agriculture, soit une hausse de 3% par rapport à l’année dernière. Le rendement est réparti à hauteur de d’une production de 48,1 millions de quintaux de blé tendre, de 22.8 millions de quintaux de blé dur et de 27.3 millions de quintaux d’orge. Le rendement moyen par hectare est estimé à 21, 8 quintaux par  ha en progression de 23%  par rapport à 2016/2017. Concernant la superficie emblavée en céréales, elle s’élève à 4,5 millions d’hectares  contre 5,4 millions d’hectares une année auparavant.

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