«Écoute»

Dans sa mission de contrôle de  tous les intervenants dans les différents actes de gestion des finances publiques… (pour) participer activement à la rationalisation et l’optimisation de la gestion des deniers publics, dans un contexte économique et financier en quête de performance», la Cour des Comptes produit des rapports dont la synthèse est présentée dans un discours du premier président de la Cour des comptes au Parlement.

Ce langage de vérité sert de référence dans l’action politique et peut accabler en jetant le discrédit sur une organisation ou une institution, voire sur l’ensemble d’une politique dont les insuffisances sont relevées.

Certes, la Cour des comptes, dans son ensemble en tant qu’institution constitutionnelle, n’est pas en charge de relever le moral de la population. Pour autant, cela ne peut empêcher de s’interroger sur la nature du discours produit et de ses effets sur celles et ceux qui sont dans l’attente de voir le bout du tunnel, surtout quand il n’est pas suivi dans son approche rédemptrice.

Alors ! Oyez honorables représentants de la nation ; oyez grands électeurs conseillers(tout au moins celles et ceux qui sont présents). Le Président de la Cour des comptes vous parle en vertu de l’article 148 de la Constitution. Oyez ! Oyez, celles et ceux qui ont la patience de suivre ce genre d’événement à travers la télévision car il s’agit de votre argent, de sa gestion et de ce qu’il en a été fait. La reddition des comptes concernant 2015 est entamée et faut-il le dire d’emblée : 8 dossiers ont été transmis à la justice car ils relèvent du pénal.

Oyez ; il apparait que la tendance à l’endettement est ascendante. On s’endette trop.La dette sous toutes ses formes augmente malgré des circonstances favorables telles la baisse du prix de l’énergie, celui des matières premières et du budget alloué à la compensation. Cela ne constitue pas une remarque comptable mais bien une appréciation qui doit faire agir le contrôle parlementaire et amener les décideurs économiques à bien mesurer «l’envasement» dans lequel se trouvent les dépenses publiques. On vit à crédit !

De la structure de la loi des finances, le président de la Cour des comptes relève dans le style qui lui convient des «anomalies» concernant le nombre et la gestion des comptes spéciaux. Leur nombre qui s’accroît sans véritable raison est le paradoxe de la situation de certains comptes. Ces derniers justifient de fonds importants non utilisés alors que les nécessités pour lesquelles ils ont été alloués sont plus qu’urgentes comme, à titre d’exemples, ceux intéressant la cohésion sociale, le développement rural, le développement industriel et l’investissement… Cela suscite le rappel du respect nécessaire des dispositions de la loi organique des Finances, et recommande «une réforme fiscale globale et équilibrée, basée sur la justice fiscale et l’élargissement de l’assiette fiscale».

La pérennité du système des retraites est abordée en soulignant l’importance des décisions appliquées depuis octobre 2016 dans ce sens. Il reste que les dysfonctionnements enregistrés à ce propos n’ont pas été solutionnés dans leur ensemble, d’où l’insuffisance des mesures prises à cet égard.

Avec des appréciations différenciées, le fonctionnement de certains secteurs est présenté. Il s’agit, entre autres, de la CDG (qui effectue sa mue), de l’OCP (inspection en cours de réalisation…), de l’ONEE (et ses difficultés dans le financement du contrat-programme qui le lie à l’Etat), de l’ONCF (endetté et en retard), de la SMIT (faible contribution au Tourisme), de Barid Al Maghrib (dans l’attente de la libéralisation du secteur !)…

L’activité des cours régionales permet d’aborder la gestion des abattoirs dont seuls 5 (sur un ensemble de 898) sont conformes aux normes prescrites par le ministère de l’Agriculture dans le cadre du cahier des charges établi à cet effet. À devenir végétarien !

Dans la critique concernant les services accordés à la population dans le domaine de la Santé et dans celui de l’Education et de la formation professionnelle, de nombreuses insuffisances sont relevées. Des dysfonctionnements et des aberrations qui montrent l’importance du déficit de notre développement humain.

Le discours du premier président de la Cour des Comptes sonne l’alarme et attire l’attention. À tout un chacun d’assumer sa responsabilité pour que la bonne gouvernance, la moralisation de la vie politique, la transparence, la reddition des comptes puissent contribuer à la consolidation du processus démocratique et du front intérieur au sein de notre société.

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