Évidence

Paradoxe de la vie; les personnes qui vivent dans la stabilité doutent beaucoup plus de sa pérennité, voire de sa réalité, que ceux dont le quotidien est fait d’aléas. La difficulté à comprendre les transformations de toute nature qui s’effectuent autour d’elles, celle aussi de saisir convenablement l’évolution de la consolidation démocratique font que le doute s’installe. Il suffit de peu pour le dissiper.

S’échapper à la pression ambiante qui pèse sur le champ politique national n’est pas chose aisée. L’échec à la Coupe d’Afrique des Nations ramène les interrogations sur l’existence même d’une sélection nationale apte à concourir. Et autant l’espoir a été grand de ramener le trophée, autant la déception issue des ratages ne préserva personne. Dans les cafés où les matches sont visionnés sur grands écrans, les discussions tournent vite de la pratique par les pieds du ballon rond à la pratique d’une gouvernance rationnelle capable de répondre aux attentes multiples de la population.

Avant cela, des propos misogynes et inadéquats ont fusé sur une certaine onde radio reflétant la longue marche qui reste à faire au sein de notre société pour respecter la personne humaine quelle que soit son genre. On est loin encore d’avoir une équipe féminine de football qui montrerait aux machistes de tout bord que rien n’est plus comme avant!

Les festivals attendaient la fin du Ramadan pour se tenir. Chaque commune s’essaye à promouvoir une activité festivalière pour égayer l’atmosphère et créer de l’animation. Le littoral se bouchonne par la densification saisonnière de la population. La jeunesse vit sa vie comme elle peut alors que les adultes se préoccupent déjà de la fête du Sacrifice qui s’annonce dans un mois environ.

Les agglomérations s’étalent; et, à côté d’un café s’installe un autre café. Certains ne désemplissent pas et deviennent des agoras où les habitudes se perpétuent. La vente à l’étalage se confirme partout. La pastèque domine et les fruits de saison sont présentés en vrac. Tout un chacun y trouve son compte à l’exception de l’organisation. C’est vrai que le souk est dans notre tête et que notre comportement s’y adapte.

Tout est bien dans le meilleur des pays. La politique est ailleurs; aussi proche que lointaine. Les médias audiovisuels et les réseaux sociaux (à condition de ne pas se faire pirater ses comptes!), chacun à sa façon, maintiennent la circulation de l’information et son commentaire. Le désordre mondial constitue le bruit de fond sans pour autant mobiliser les gens autant qu’un match de foot ! Les alliances se discutent en Tunisie à l’approche d’échéances électorales.

Le mouvement social s’amplifie chaque vendredi en Algérie. La Mauritanie change de président et l’Afrique se dote d’une zone de libre échange. La ZLECA qui montre la voie pour l’intégration économique au sein de l’Afrique ne pourrait en aucun cas permettre à des fantoches se prévalant d’une entité fictive de faire du commerce. La Terre continue de tourner sur elle-même et le soleil se lève toujours à l’Est alors que le climat change.

Le décrochage populaire est ainsi alimenté par ses préoccupations immédiates. Que l’année prochaine soit pluvieuse reste un espoir fondamental. De même que l’on se préoccupe du retard à voir la figue de barbarie sur le marché. Le cactus qui produit ce fruit tant convoité serait ravagé dans certaines zones ! Que la cochenille blanche ne fasse pas perdre une année universitaire aux étudiants en médecine, en dentaire et en pharmacie et au budget national.

Que le mouton ne soit pas cher et que sa viande ne soit pas verte. Que la menthe, le thé et tout autre aliment soit exempt de résidus toxiques. Que les congés permettent de décrocher …

A l’évidence, la stabilité se vit tel l’air que l’on respire. Qu’elle ne suffit pas à son monde qui aspire à bénéficier des avancées du processus démocratique et à consolider ses acquis est une probabilité. Elle reste le socle inébranlable de tout développement humain et ne peut souffrir d’être occultée.

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