La formation professionnelle, maillon faible du système?

Le constat dressé par le Haut-commissariat au Plan (HCP) dans une étude consacrée sur la formation et l’emploi fait froid au dos. Les chômeurs à la recherche d’un emploi sont relativement plus diplômés que les actifs occupés.

En effet, 38,0% des actifs occupés sont diplômés de l’enseignement général et 9,8% ont un diplôme de formation professionnelle. Ces proportions, parmi la population en chômage, sont de 48,4% et de 17,4% respectivement. Par ailleurs, le taux de chômage augmente avec le diplôme de la formation professionnelle. Il est de 21,3% pour les diplômés d’initiation professionnelle, 26,5% pour les diplômés de spécialisation professionnelle, 28,4% pour les diplômés de qualification professionnelle et 26,4% pour les techniciens spécialisés.

Pour les diplômes de la formation professionnelle, plus on se spécialise moins l’adéquation est meilleure. Leurs taux d’adéquation passent de 79,6% pour la spécialisation professionnelle à 74,3% pour la qualification professionnelle, à 49,9% pour les techniciens/cadres moyens et à 44,2% pour les techniciens spécialisés. Ceci-étant, «le rendement externe de la formation professionnelle montre sans équivoque un niveau de performance problématique, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif, comparé à celui de l’enseignement général», déplore le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi. Pour lui, les emplois offerts par les entreprises, en majorité sans qualification, faiblement protégés et peu rémunérés dévalorisent de facto les formations et n’encouragent pas les individus et les ménages à investir pour en acquérir les plus performantes.

Par contre, plus le diplôme de l’enseignement général est élevé plus le taux de chômage est faible sur deux catégories de diplôme. Du diplôme de secondaire collégial jusqu’au diplôme des études universitaires le taux de chômage passe de 22,4% à 15,1% respectivement.

Autre point noir : à peine 45,7% des actifs occupés disposent d’une formation en adéquation avec l’emploi qu’ils exercent, 7,6% en situation de déclassement et 46,7% en situation de sur-classement qui reste surtout lié à l’expérience acquise. Selon l’étude du HCP, le sur-classement croît avec l’âge des actifs occupés,au moment où le déclassement n’entame une décroissance qu’après l’âge de 30 ans, montrant les difficultés d’insertion des jeunes générations dans le marché de l’emploi avant cet âge. Là encore, le taux des déclassés parmi les diplômés de formation professionnelle est supérieur à celui des diplômés d’enseignement général, et ce, quel que soit le groupe de profession. Sachant quece phénomène touche les fonctionnaires plus que les salariés du secteur privé.

Aucun secteur n’y échappe. Selon l’étude du HCP, tous les secteurs d’activités économiques embauchent des diplômés en situation de déclassement. Le secteur des « autres services marchands» emploie 19,6% des déclassés au niveau national. Il est suivi par le secteur de l’«administration publique, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale» avec 17,8% des déclassés. 17,3% des déclassés se trouvent dans le secteur du «commerce et réparation d’automobiles et de motocycles» et 14% dans le secteur des «industries extractives et manufacturières».

Hajar Benezha

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