Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne lui ont pas laissé le temps de savourer sa « victoire ». Eux, ce sont la douzaine de militaires qui, lors d’une allocution télévisée faite ce mercredi à 3h, sur les ondes de la télévision « Gabon 24 », dont le siège se trouve au sein même de la présidence, ont annoncé leur volonté de mettre « fin au régime en place » et lui, c’est le président Ali Bongo qui, après avoir pris les rênes du pays, il y a quatorze ans déjà, des mains de son père Omar Bongo, qui les avaient détenues pendant 41 ans, venait d’être « reconduit », ce samedi, pour un troisième mandat présidentiel, en recueillant 64,27% des suffrages exprimés alors que son opposant et poursuivant immédiat, Albert Ondo Ossa, n’a obtenu que 30,77% des voix au terme d’un scrutin dont les résultats avaient été contestés avant même la clôture des bureaux de vote.
Aussi, en avançant, ce lundi, des résultats différents de ceux annoncés par la Commission électorale sans, toutefois, fournir de preuves pour étayer ses propos, l’opposition gabonaise avait invité le président Ali Bongo à se retirer et à organiser une passation de pouvoir « sans effusion de sang ».
Mais, en voyant que Ali Bongo, le président « sortant » qui ne veut point sortir, fait la sourde-oreille aux revendications de l’opposition, l’armée a décidé de prendre, sans délai, les choses en main.
C’est à ce titre que très tôt, ce mercredi matin, une douzaine de militaires qui se sont présentés comme étant les « forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) » et en tant que « garantes de la protection des institutions », ont déclaré agir « au nom du peuple gabonais », « défendre la paix » et « mettre fin au régime en place » après avoir procédé à l’annulation des « résultats tronqués (…) des élections générales du 26 Août 2023 » qui n’ont pas rempli « les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais », à la dissolution de toutes les institutions du pays et, enfin, à la « désignation » du chef de la garde présidentielle, Brice Oligui Nguema, comme nouvel homme fort du pays.
S’il est donc sûr que ce n’est pas la première fois que les résultats des élections gabonaises sont remis en cause puisqu’en 2016 l’Union européenne les avait qualifiés de « truquées » et que les émeutes qui avaient éclaté, à ce titre, en divers endroits du Gabon, avaient été violemment réprimées, le sort qui sera réservé à Ali Bongo et à ses proches reste encore incertain quand bien même les putschistes ont annoncé avoir « mis à la retraite » l’ancien président et l’avoir placé en « résidence surveillée »
Disons, pour terminer qu’après avoir passé plus d’un demi-siècle à la tête du Gabon, la famille Bongo est, désormais, contrainte de plier bagage. Mais, à quel prix ? Attendons pour voir…