Himalaya : Le dialogue sino-indien est au point mort

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

La rencontre qui avait eu lieu, jeudi dernier, 27 Avril, à New Delhi, entre les ministres indien et chinois de la Défense, Rajnath Singh et Li Shangfu, avec à l’ordre du jour la question de leur frontière himalayenne, a été très tendue et c’est le moins que l’on puisse dire car bien qu’ils se soient retrouvés autour d’une même table, les deux ministres ne s’étaient même pas serrés la main.

Pour rappel, à l’issue de la guerre qui avait opposé les deux pays, en 1962, la Chine s’était emparée de près de la moitié de la province indienne du Ladakh ; ce qui lui avait permis de disposer d’une voie terrestre entre le Tibet et la région chinoise du Xinjiang.

Or, le fait que cette « Ligne de contrôle effectif », (Line of actual Control – L.A.C.), une ligne de démarcation, longue de 872 kilomètres située à plus de 4.000 mètres d’altitude, n’ait « jamais fait l’objet d’un accord » et qu’elle n’ait « jamais été tracée clairement sur une carte, ni délimitée sur le terrain » donne naissance, de temps à autre, à des « accrochages » plus ou moins violents.

Aussi, quand en Avril 2020, l’armée populaire de libération chinoise, avait décidé d’installer de nouveaux campements dans la zone tampon théoriquement interdite d’accès aux deux pays et ce, en réaction, dira-t-elle, aux chantiers d’infrastructures entrepris, par New Delhi, dans cette région, pour l’édification d’une route, d’un pont et d’un aérodrome, les soldats des deux bords avaient fini par se livrer, le 5 mai, à un combat, à mains nues, avec jets de pierres, au bord du lac Pangong.

Quelques semaines plus tard, le 15 juin, une nouvelle escarmouche avait eu lieu, un peu plus au nord, dans la rivière Galwan. Or, bien que cette fois-ci, il n’y eût aucun tir d’arme à feu, les combats au corps-à-corps engagés entre les soldats des deux camps firent 20 morts du côté indien.

Les autorités chinoises n’ayant pas communiqué leurs pertes, ce jour-là avait eu lieu, d’après le journal indien « The Wire », « la première effusion de sang dans la région en quarante-cinq ans ».

Intervenue à la veille d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghaï instituée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan pour faire face aux menaces du « terrorisme, de l’extrémisme et du séparatisme », consacrée à la défense, la rencontre de jeudi dernier est la première entre les deux parties depuis les affrontements meurtriers de Juin 2020.

Or, bien qu’ayant été qualifiés de « francs », par la partie indienne qui, tout en déplorant le fait que « la violation des accords existants entre les deux pays ait érodé toute la base de leurs relations bilatérales » a tenu à préciser que « le développement » de leurs relations bilatérales « repose sur la prévalence de la paix et de la tranquillité aux frontières », les échanges entre les deux parties furent extrêmement tendus puisque les deux ministres avaient évité de se serrer la main.

N’ayant pas la même lecture des évènements, en estimant que la situation à la frontière entre les deux pays est « généralement stable », Pékin a invité New Delhi à dissocier les relations bilatérales du conflit frontalier et à adopter « une vision à long terme » qui lui permettrait de placer « la question de la frontière dans une position appropriée dans leurs relations bilatérales » et de promouvoir « la transition de la situation frontalière vers une gestion normalisée ».

Autant dire, que plus le temps passe, plus le dialogue sino-indien portant sur leur frontière himalayenne donne l’impression de s’enliser mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI 

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