Hun Sen ordonne la fermeture du média indépendant « Voice of Democraty »

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après avoir accordé trois jours à « Voice of Democraty », « l’un des derniers organes de presse libre » du pays pour présenter ses excuses suite à la publication d’un article ayant été jugé diffamatoire, par le régime de Phnom Penh, car ayant « heurté la dignité et la réputation du gouvernement cambodgien », le Premier ministre Hun Sen, 70 ans, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 38 ans, a intimé à ce média l’ordre de cesser toute activité moins de quarante-huit heures après les faits.

Organe d’information, « Voice of Democraty » qui est administré par le « Centre cambodgien pour les médias indépendants » publie des reportages sur un grand nombre de sujets portant notamment sur la politique, les droits humains et l’environnement

Paru le 8 Février, l’article incriminé avait laissé entendre que le général de corps d’armée Hun Manet, fils ainé et héritier politique de Hun Sen, avait signé une autorisation d’aide humanitaire destinée à la Turquie à la suite du séisme qui, l’avant-veille, avait ravagé le pays alors qu’une telle prérogative n’entre pas dans les compétences de l’intéressé et qu’elle reste du ressort exclusif du Premier ministre.

Aussi, d’après un journaliste de l’AFP, présent sur place, dès lundi matin, des représentants du ministère cambodgien de l’Information accompagnés de policiers se sont rendus au siège du journal à Phnom Penh et ont remis aux responsables de l’organe de presse visé le document notifiant la révocation de la licence de diffusion qui lui avait été initialement accordée.

Intervenu à six mois des prochaines élections générales qui, en l’absence de rivaux influents du fait de la forte répression qui s’abat sur toute voix contestataire, devraient renforcer la mainmise de Hun Sen sur le pays, cet arrêt a ravivé les inquiétudes des habitants de ce petit royaume de l’Asie du Sud-Est. 

« C’est comme éteindre la voix du peuple », a déclaré, en larmes, Khan Leakhena, journaliste de VOD en déplorant le fait que le régime accuse cet organe de presse de « faire partie de l’opposition » alors que celui-ci ne parle « que des problèmes du peuple ».

Aussi, en considérant que cette interdiction qui intervient « à quelques mois des élections nationales » constitue « une tentative flagrante de claquer la porte face aux médias indépendants qui subsistent encore dans le pays (et) un avertissement clair aux autres voix critiques », Hana Young, la directrice régionale adjointe d’Amnesty International, pour laquelle « les journalistes de VOD ont acquis la réputation de mener des enquêtes rigoureuses sur des questions cruciales en rapport avec les droits humains » a sommé le Premier ministre cambodgien « d’annuler immédiatement cet ordre trop sévère et d’une portée disproportionnée » qui, en éliminant « un nouvel obstacle sur le chemin menant à l’éradication de l’opposition dans le pays (…) compromet l’accès du public cambodgien à l’information ».

Mais, quand on sait que le vieux Premier ministre cambodgien n’est pas homme à se laisser amadouer et encore moins à se laisser dicter sa conduite, rien n’indique que « Voice of Democraty » va reprendre, de sitôt, ses activités mais attendons pour voir…

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