Italie: Conte obtient la confiance du Parlement

Inconnu des Italiens, il y a deux semaines encore, Giuseppe Conte, qui a pris la tête vendredi dernier du gouvernement de Rome a été appelé à défendre, ce mardi, devant le Sénat la politique «populiste» qu’il entend mener.

Nouveau venu en politique, cet avocat de 53 ans, qui a, d’emblée,  déclaré en présentant son premier discours de politique générale «si populisme signifie être capable d’écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons» a obtenu ce mardi soir 171 voix «pour», 117 «contre» et 25 abstentions et ce, alors même qu’au Sénat la coalition Mouvement Cinq Etoiles – Ligue ne dispose que d’une très faible majorité de six sièges (167/320) mais  va indiscutablement obtenir le lendemain mercredi, la confiance des députés ; ce qui pourra passer «comme une lettre à poste» dès lors qu’à la Chambre des députés les élus de la coalition disposent d’une confortable majorité de 30 sièges.

S’étant présenté devant les sénateurs flanqué de ses deux vice-Premiers ministres que sont Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (anti-système) et Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême-droite), le nouveau chef du gouvernement italien a annoncé qu’en étant «conscient»  de la «responsabilité» qui lui incombe et des prérogatives que lui octroie la Constitution italienne, il sera le « garant » du «contrat de gouvernement » qu’il a signé avec ses alliés de la coalition et qui comporte une réduction de la fiscalité, un revenu de citoyenneté (une sorte de revenu d’insertion pour les plus pauvres), la lutte contre l’immigration clandestine et, enfin, la renégociation des règles européennes afférentes au droit d’asile prévues dans l’accord de Dublin et faisant peser l’essentiel de la charge de l’accueil des migrants sur les pays en première ligne et notamment sur l’Italie.

Le nouveau président du Conseil italien a déclaré, dans sa feuille de route, que «le premier banc d’essai de la nouvelle manière de dialoguer avec les partenaires européens sera l’immigration» convaincu qu’il est que la politique migratoire menée par l’Union Européenne a été un échec notamment lorsqu’elle a permis a de nombreux Etats de fermer leurs frontières et déchargé, ainsi, sur l’Italie, «les coûts et les difficultés». Soucieux, donc, de «mettre fin au business de l’immigration», le nouveau chef du gouvernement italien compte réclamer «le dépassement du règlement de Dublin pour obtenir le respect effectif d’une répartition équitable des responsabilités et pour réaliser des systèmes automatiques de répartition obligatoire des demandeurs d’asile».

Abordant la question de la dette publique italienne – la deuxième plus importante de la zone euro après la Grèce – Giuseppe Conte qui considère que celle-ci est «pleinement soutenable» prévoit de la réduire «dans une perspective de croissance économique» et ce, non pas en faisant appel à des mesures d’austérité mais en mettant en place une politique favorisant la croissance et l’emploi. A noter, au passage, qu’il n’a pas donné de détails quant à son financement tel que le prévoit le fameux «contrat de gouvernement» alors même que celui-ci pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliards laissant seulement entendre qu’il compte instaurer une «flat tax», une sorte d’impôt sur le revenu de 15 et 20%.

Revendiquant, par ailleurs, l’appartenance de l’Italie à l’Alliance Atlantique «avec les Etats-Unis comme partenaire privilégié», le nouveau Président du Conseil italien qui voudrait «une Europe plus forte mais aussi plus juste» a déclaré «l’Europe est notre maison» avant d’ajouter : «Nous serons les promoteurs d’une révision du système des sanctions» économiques imposées par la communauté internationale à la Russie qui demeure  un «partenaire économique important pour les entreprises italiennes»; des propos «bien-à-propos», pourrait-on dire, qui interviennent 24 heures après les déclarations par lesquelles le Président Vladimir Poutine avait démenti toute  volonté de son pays de «déstabiliser» ou de «diviser» l’Union Européenne.

Enfin, le premier rendez-vous international du nouveau chef du gouvernement italien aura lieu ce vendredi au Canada lors du sommet du G7.

Alors, de quoi demain sera-t-il fait avec l’arrivée en force à Rome d’un gouvernement populiste récusant violemment la politique migratoire telle qu’imposée par le règlement de Dublin et dont l’Italie paie la plus grosse partie des frais ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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