JCPoA: Les pays européens invitent Washington et Téhéran à la retenue…

Après le retrait des Etats-Unis, en Mai 2018, du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA – Accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en Juillet 2015) et la reprise des sanctions économiques qui lui étaient imposées, l’Iran estimant être en droit de cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi a annoncé, le 8 Juillet 2019, avoir commencé à produire de l’uranium enrichi à 4,5%.

Il n’en fallait pas plus, dans ce contexte de très fortes discordes entre Téhéran et Washington, pour pousser Paris, Londres et Berlin – en tant que parties à cet accord –  à agiter le spectre de son effondrement et appeler les deux parties, dans un communiqué commun diffusé par l’Elysée en marge des festivités du 14 Juillet, à «arrêter l’escalade des tensions et à reprendre le dialogue».

Dans leur communiqué, les trois capitales européennes qui reconnaissent que la poursuite de l’Accord de Vienne «dépend du plein respect par l’Iran de ses obligations» se déclarent «préoccupées par le risque que le JCPoA ne se défasse, sous la pression des sanctions imposées par les Etats-Unis et à la suite de la décision de l’Iran de ne plus appliquer plusieurs de ses dispositions centrales».

Etant, par ailleurs, «profondément troublés par les attaques» ayant eu lieu dans le Golfe Persique et par « la détérioration de la sécurité dans la région», Paris, Londres et Berlin tentent, depuis le retrait américain et la reprise des sanctions contre l’Iran, de mettre en place un mécanisme qui permettrait de poursuivre les échanges économiques avec la République islamique. Elles estiment, enfin, que «les risques sont tels qu’il est nécessaire que toutes les parties prenantes marquent une pause et envisagent les conséquences possibles de leurs actions».

Or, en considérant que «la frustration de la République islamique est compréhensible» du moment que «les sanctions américaines l’empêchent de bénéficier des avantages économiques promis lorsqu’il a accepté de freiner son activité atomique», le comité de rédaction du Financial Times, a estimé, ce dimanche, que «les dirigeants iraniens ne devraient pas tomber dans le piège de M. Trump et contre-attaquer au point de donner le sentiment aux autres puissances européennes qu’elles n’ont pas d’autres choix que celui d’abandonner l’accord et de s’aligner encore plus étroitement sur la position américaine».

Aussi, en déclarant avoir «changé (de) stratégie en passant de la patience à la revanche» tout en restant prêt, néanmoins, à répondre «à chaque action prise par l’autre partie», le président iranien Hassan Rohani, a fait part, ce dimanche, de son entière disposition à négocier avec les Etats-Unis si l’administration Trump consent à lever les sanctions économiques indûment imposées à Téhéran ajoutant même que «s’ils diminuent leurs engagements dans l’accord, nous les diminuerons aussi. S’ils respectent pleinement leurs engagements, nous ferons de même». Mais cette proposition a été immédiatement rejetée par le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères Mike Pompeo, au motif qu’elle n’apporterait rien de nouveau et ne diffèrerait aucunement de celle que le régime iranien avait déjà faite au Président Obama et à son secrétaire d’Etat John Kerry.

Mais, si ce week-end, le «Mail on Sunday» a dévoilé des documents diplomatiques dans lesquels l’ancien ambassadeur britannique Kim Darroch affirme que Donald Trump n’est sorti de l’accord de Vienne que pour «contrarier» Barack Obama, cela revient à dire que c’est uniquement pour enterrer le JCPoA qu’en emboitant le pas au Premier ministre israélien dont l’Iran est l’ennemi-juré, la nouvelle administration américaine cherche, par tous moyens, à affamer Téhéran en criant «au loup». Qu’adviendra-t-il alors du fameux accord de Vienne de Juillet 2015 sur lequel le monde entier avait fondé de grands espoirs ? Attendons pour voir…

Nabil Bousaadi

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