Juguler le stress hydrique

Saoudi El Amalki

Il est bien évident que les pluies bienfaitrices qui se sont abattues sur nombre de régions du pays, ont suscité un réel soulagement, surtout dans les milieux de la paysannerie marocaine. C’est dire à tel point, le martyr du stress hydrique était à son paroxysme ! En fait, sans nullement tomber dans une attitude de morosité excessive, on ne devrait pas être trop pris de satisfecit du fait que les présentes précipitations quoique salvatrices, demeurent en deçà des besoins insistants en termes de taux de remplissage des barrages bien que leurs niveaux se soient légèrement améliorés. De même, il est prématuré de jubiler en raison de la pénurie qui asphyxie la nappe phréatique, du manque d’eau potable, d’irrigation et enfin, de déshydratation du cheptel. Face à cette situation peu rassurante, il est fort loisible de poursuivre les mesures de la rationalisation des usages de l’eau en matière de gestion de ces fortes carences, en se focalisant en particulier sur les franges déshéritées, à travers des vertus d’équité et de justice. Dans ce sens, il importe de mener un contrôle drastique sur les grands usagers d’eau et les domaines absorbants la majorité des ressources hydrauliques. Dans le même ordre d’idées, on ne peut que soutenir les axes du programme national de l’eau potable et d’irrigation, même s’il s’avère peu concluant pour relever les défis actuels et d’avenir, en corrélation avec les changements climatiques. De ce fait, il va sans dire que la bonne gestion de la demande et la recherche de nouvelles sources dans le but de diversifier l’offre hydrique, quasiment raréfiée et onéreuse, sont autant de facteurs déterminants, tout en instaurant des dispositions radicales et urgentes dans le modèle agricole fondé jusqu’ici, sur l’extension des surfaces irriguées, sans avoir la certitude de suffisances hydriques. En somme, il est aussi judicieux de faire appel aux solutions scientifiques inventives, riches et diverses, dont les chercheurs nationaux s’ingénient à collecter, rationaliser l’utilisation de l’eau à toutes les fins, adapter les cultures au dérèglement de climat et atténuer ses incidences multiples. Autrement dit, harmoniser l’approche  agricole avec la réalité de la nature climatique du royaume foncièrement aride dans sa globalité ! Évidemment, cet état de fait qui dure pendant des décennies ne se dissout pas du jour au lendemain, puisqu’il va falloir faire face de front à la résistance et au conflit d’intérêt des barons agricoles qui se permettent de faire de profonds forages des puits et des labours des cultures ravageuses des eaux. Il se sera agi avant tout, d’une forte et volontariste réplique de l’Etat en vue de dissuader les faussaires de la santé de la politique agricole nationale à porter leur nuisance.

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