La petite histoire d’Id Innayer

Par Mohamed Handaine

13 Janvier 1960 à Tihyia 

C’était le 13 Janvier 1960, Il faisait très froid, car il avait plus durant deux semaines. Les membres de ma famille et moi nous fûmes regroupés dans une grande chambre qu’on appela « lbrj ». Il n’y avait pas de télévision, ni de radio, on attendit  des bourdonnements des mouches sous une lumière très fine des bougies.  

Je m’assis  précieusement et inaperçu à côté de mon père pour profiter de la chaleur de son « Aselham » fait de la laine blanche très épais. Tandis que mes frères partagèrent une couverture de la même nature d’Aselham de mon père, assez lourde, c’était tout ce qui reste des souvenirs de ma grande mère. Tout le monde attendit avec patience le plat spécial de ce jour. Harcelai par ma curiosité je voulus savoir ce que ma mère prépara avec beaucoup de soin et de sacrilège.  A la cuisine j’eus jeté un coup d’œil dans la marmite à l’absence de ma mère. Je me posai des questions sur ce jour, l’Aid ? Almogar ? Des Invités ? je n’osai pas poser ces questions à mon père ni à ma mère. Mes parents ne répondirent que rarement à notre curiosité.

Mon père enfin lança un mot qui fut pour lui normal, mais pour moi fut nouveau: Ghassad iga id innayer smaym ayad : aujourd’hui c’est Id innayer la saison du froid est arrivée. C’était le 13 Janvier la nuit du premier jour de l’année. Nous fûmes assis autour d’une table basse, au milieu ma mère posa un grand plat. Mon père enleva le couvercle du plat c’était Tagula. La vapeur sorti de l’assiette emmena avec elle l’odeur d’Argan et rempli le  coin. Ma mère très contente de son service, nous conseilla de ne pas toucher au plat avant que tout le monde furent assis. Après avoir fut des traditions religieuses relatives à cette nuit d’Id innayer,  « c’était la nuit d’Id ennayer que l’année prochaine soit une année de bonne heure et de santé » elle nous a ordonna de commencer à manger. Tout le monde se mit à manger, le plat fut très chaud, je me frotta les doigts discrètement à cause de la chaleur, cela ne m’empêcha pas à continuer à manger sans relâche. Soudain, maman trouva « Aghurmi » elle sera chanceuse tout le long de l’année. « Aynna turu tfunast assegas ad winu ayga »  « Ce que la vache mettra au monde cette année sera à moi » dit ma mère. Mon père murmura et souri légèrement en disant « zeher na igat anoual » « Cette chance vient de la cuisine », maman fit semblable de ne rien entendre. 

C’est ainsi que la cérémonie se termina avec une prière que l’année prochaine soit une année de production abondante. Sur ces mots que ma mémoire fut enregistré cette tradition ancestrale, et je ne sus pas à l’époque à quoi serre tout ça, mais j’eus gardé dans ma mémoire quelque chose de joyeux, d’heureux.   

Janvier 1998 à Agadir 

Dar chabab quartier industriel nous fûmes quelques militants de l’organisation TAMAYNUT furent décidé de fêter id Ennayer fut la première fois que ja partage la fête d’id Ennayer avec ces militants. Ce jour-là ma mémoire sur Id Ennayer fut rafraichie, cela m’a rappelé tous les détails de la soirée d’Id Ennayer du 

13 Janvier 1960. Mais le sentiment de joie et de bonne heure que j’avais senti en 1960 fut changé et céda la place au sentiment de peur et de l’insécurité qu’une partie de notre mémoire va disparaitre. Le gout de Tagula de la nuit du 13 Janvier 1998 ne fut plus celui de la nuit du 13 janvier 1960. Un gout d’amertume, de dégout et d’une injustice du sort.

Janvier 2000 à Agadir

La confédération des associations amazighes (TAMUNT N IFFIS) vit le jour. Les militants furent décidé que l’année de 2000 sera la première année qu’on va fêter Id Ennayer avec une autre nouvelle façon. Il faut faire sortir cette fête des maisons au public. Ce fut ainsi que nous organisâmes une grande fête dans un grand hôtel. Nous fûmes  remarqué la soif des Amazighs pour fêter cette tradition. Après cette aventure, les fêtes d’Id Ennayer naquirent comme des champignons partout au Maroc et ailleurs. Et durant les 23 ans notre organisation fêta cette traditions avec des familles parfois nous atteignîmes plus de 2000 personnes et nous demandâmes chaque année que cette tradition soit reconnue. Notre initiative fut la première au Maroc et dans l’espace mondial amazigh. Le sentiment que j’eus durant ces fêtes fut un sentiment de fierté et sérénité que la mémoire ancestrale des marocains resta intacte et galvanisée.

Janvier 2023 à Agadir   

Nous fêterons cette année Id Ennayer avec un sentiment de gloire et de fierté que nous avons  de notre pays le Maroc qui n’a pas raté le rendez-vous avec son histoire. 

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