La santé mentale au Maroc et au Maghreb

Clôture du 33e congrès Médical National

Sous le haut patronage de Sa majesté le Roi Mohammed VI, la Société Marocaine des Sciences Médicales (SMSM) a  organisé son 33e congrès national les 2 et 3 décembre 2016 à Casablanca sous le thème «la santé mentale au Maroc et au Maghreb» en parallèle avec le 45e congrès maghrébin avec les sociétés scientifiques médicales maghrébines.

La Société Marocaine des Sciences Médicales, comme à son habitude a organisé plusieurs conférences – débats qui ont abordé des sujets de l’heure comme l’accès aux soins sous ses différentes formes : sociale, économique géographique. Malgré les grands efforts consentis depuis plusieurs années, cet accès reste difficile.

Le Maroc connait actuellement des avancées notables dans son système de santé.

Mais ce système doit relever plusieurs défis relatifs au rattrapage du retard cumulés à l’insuffisance du financement du système public et le déficit en ressources humaines. Le secteur de la maladie mentale est resté pendant longtemps le parent pauvre de la médecine marocaine. Un cri d’alarme a été lancé par le rapport du Conseil National des droits de l’Homme.

Pour présenter la situation de la santé mentale au Maroc, deux orateurs de renom se sont succédé. Le professeur  Mohamed Paes, grande figure de la psychiatrie Marocaine, ayant œuvré depuis de longues années à l’hôpital Errazzi de Salé, a présenté l’histoire de la psychiatrie au Maroc  qui a été confrontée à plusieurs défis, notamment une insuffisance de ressources humaines qualifiées, de structures adaptées, une absence de planification et de coordination. Mais en 1974, le Maroc a enregistré un changement dans la gestion et la prise en charge de la maladie mentale, grâce à la création de régions psychiatriques, la promotion d’une psychiatrie axée sur les activités ambulatoires, la construction d’unités de psychiatrie légères, l’investissement prioritaire au niveau de la formation des cadres médicaux et paramédicaux  spécialisés. Aujourd’hui,  les soins psychiatriques sont intégrés dans les structures de santé de base. Le Maroc a développé la prise en charge des maladies mentales grâce à la mise en place de nouvelles structures spécialisées comme la pédopsychiatrie qui est orientée vers la prise en charge des enfants, la psychiatrie de l’adolescent,  la géronto  – psychiatrie , des structures d’addictologie, la psychiatrie des cas urgents, la psychiatrie en milieu scolaire …Des actions sont régulièrement entreprises par le ministère de la Santé en partenariat avec les différentes associations  pour sensibiliser l’opinion publique et lutter contre la stigmatisation de la maladie mentale.

Des chiffres à connaitre

Le docteur Maaroufi du ministère de la Santé a présenté à son tour les perspectives internationales et nationales de la santé mentale. L’orateur a rappelé que les premiers hôpitaux psychiatriques  au Maroc ont été construits au niveau des grandes villes Casablanca, Rabat, Marrakech  et que le plus renommée était Sidi Frej.

Selon l’enquête nationale réalisée avec l’appui de l’OMS en 2003 sur la prévalence des troubles mentaux au sein de la population générale âgée de 15 et plus, il est apparaît que 48,9 % des personnes enquêtées ont connu au moins un trouble mineur au cours de leur vie (insomnie – angoisse – tic nerveux – trouble dépressif..).

26,5% de ces personnes ont vécu un trouble dépressif au cours de leur vie, soit un total de 3.333.000 Marocains de plus de 15 ans.

Quant aux troubles schizophréniques, ils touchent 1 % de la population marocaine de plus de 15 ans, soit près de 200.000 personnes.  La prévalence de l’abus de substances psychoaffectives est de 3 %, tandis que la dépendance est de 2,8 %. L’abus de l’alcool  atteint quant à lui 2 %, alors que la dépendance alcoolique est de 1,4 %. Concernant les structures psychiatriques, le Maroc totalise 31 centres dédiés à la psychiatrie et ayant une capacité litière de 2193 places, soit  5 centres hospitaliers universitaires, 5 hôpitaux psychiatriques, 20 services intégrés de psychiatrie, 1 clinique privée psychiatrique.

En matière de ressources humaines, le Maroc compte actuellement 1000 infirmiers spécialisés en psychiatrie. Les médecins spécialistes ne sont qu’au nombre de 322. Entre 2012 et 2016, le budget des médicaments psychotropes a doublé, passant de 52 à 113 MDH. Rappelons que concernant l’opération Bouya Omar lancée le 11 juin 2015, 808  malades ont bénéficié d’une prise en charge totale par le ministère de la santé (766 hommes et 12 femmes) ,14 malades ont été récupérés par leurs familles et 77 % des malades ont été stabilisés.

Ce 33e congrès a connu la participation de nombreux congressistes nationaux venus des différentes villes du Royaume, d’Algérie, Tunisie, Mauritanie, France, Belgique… Plus d’une vingtaine d’experts nationaux et étrangers ont animé des conférences et ateliers tout au long de ces deux jours.  La Société Marocaine des Sciences Médicales (S.M.S.M) a été fondée en 1974. C’est la plus ancienne société savante qui existe au Maroc. Elle regroupe 45 sociétés savantes de spécialités médicales différentes. Constamment présente aux côtés des praticiens tant du secteur public que du secteur privé, elle est à l’écoute des doléances des uns et des autres, apportant son savoir, son expertise avec comme principale devise l’essor et le développement de la pratique médicale au Maroc pour le plus grand bien des citoyens marocains.

La Société Marocaine des Sciences Médicales est organisée sous forme d’un conseil d’administration avec un comité directeur chargé de coordonner cette activité.

Ce comité intervient également pour défendre le point de vue des professionnels sur d’autres thématiques. C’est dans ce cadre que s’insère le thème principal de cette 33e édition.

Ouardirhi Abdelaziz

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