Toute la zone longeant la frontière maroco-algérienne doit bénéficier d’un véritable plan de développement

Nabil Benabdallah

Dans son intervention, le SG du PPS a reconnu que peu d’intérêt est accordé à cette région aussi bien de la part des responsables officiels que des acteurs politiques et partisans, estimant que la distance et l’éloignement n’expliquent pas cette négligence.

Selon lui, de tels responsables doivent être constamment présents sur place pour communiquer et s’entretenir avec les habitants au sujet des problèmes que connaissent les zones frontalières depuis l’obtention par le Maroc de son indépendance.

Au terme de la dernière décennie, les problèmes de la région se sont aggravés en rapport avec sa position géographique, son éloignement de la capitale et les frontières avec tous leurs problèmes complexes, qui sont aujourd’hui fermées.

Depuis lors, les échanges transfrontaliers ont cessé de Figuig, à Nador en passant par Oujda en raison de la fermeture des frontières, a-t-il dit, tout en appelant les dirigeants algériens à réviser leurs positions et à comprendre une fois pour toutes que la question du Sahara marocain fait l’unanimité de l’ensemble du peuple marocain. Il a également fait savoir que cette ouverture est dans l’intérêt des deux pays et des deux peuples et des habitants de part et d’autre de la frontière. Une telle décision devra évidement créer de nombreuses opportunités d’emplois.

Le Secrétaire Général du PPS a également reconnu qu’à part le renforcement du réseau routier et de l’infrastructure hospitalière ou de certains services d’enseignement, rien n’a été fait pour les ressources humains et les services publics et sociaux dans la région, où la situation économique s’est détériorée. C’est ainsi que ces provinces accusent un grand retard sur les autres provinces et occupent les dernières positions quant au seuil de pauvreté et d’arriération.

Evoquant le Hirak mené à Figuig surtout par les femmes de la région pour défendre les droits légitimes d’accès à l’eau, il a fait savoir avoir rencontré des représentants de la coordination au niveau de la ville de Figuig en ce qui concerne l’Oasis de Figuig. En les écoutant, a-t-il dit, on se rend compte de la nécessité de les comprendre et d’accorder un traitement intelligent à leur situation.

C’est ainsi que le PPS, qui avait voté contre le transfert des services de l’eau et de l’assainissement aux sociétés régionales multiservices, estime qu’il est nécessaire de tenir compte de certaines particularités qui distinguent certaines régions dont celles de Jerada et Figuig en particulier l’oasis. A Figuig, il y a des formes multimillénaires de gestion de la nappe phréatique et des sources de la région, pratiques qui font que tous les habitants se partagent équitablement les eaux existantes qu’elles exploitent pour le bien de tous. De tels modèles doivent être préservés et non pas détruits par d’autres modèles probablement plus adaptés à d’autres agglomérations et villes moyennes ou petites. Si on applique un tel modèle à Figuig, il risque d’épuiser la nappe phréatique et les quantités existantes d’eau. Et partant de tuer le mode en vigueur pour l’irrigation des cultures et pour l’accès à l’eau potable. On risque aussi de signer la mort de l’oasis de Figuig.

C’est ainsi que « j’appelle toutes les potentialités ici présentes à redoubler d’efforts et aux représentants des habitants à tous les niveaux local, régional ou national et tous pour former une force de pression, composée de tout le monde et de toutes les forces politiques et sociales, pour faire entendre la voix de ces provinces et leur aspiration à bénéficier du développement que connait le pays, a-t-il dit.

Oui il est vrai qu’un effort a été fait au cours des dernières années, mais il est vrai aussi que cet effort reste insuffisant et ne répond pas aux attentes des habitants et des jeunes de cette région, a-t-il encore ajouté.

Un intérêt plus important doit donc être accordé à ces provinces qui doivent bénéficier d’un véritable projet régional de développement, a-t-il dit, tout en s’interrogeant de nouveau sur le sort réservé à la mise en œuvre du contenu de la Constitution de 2011 concernant le développement régional. Il a été notamment prévu dans ce sens de créer un fonds du développement régional et de réaliser la justice spatiale pour que les régions jusqu’ici marginalisées bénéficient du développement requis. Malheureusement, tous ces objectifs ne sont que des slogans et il importe aujourd’hui d’agir pour que toute la zone qui longe la frontière maroco-algérienne bénéficie d’un plan de développement véritable qui concerne toutes les provinces concernées, semblable à celui de la région du Rif ou divers projets de développements ont été réalisés dans le cadre des plans qui ont bénéficié à tous les secteurs. C’est dans ce sens, qu’il importe d’inscrire toutes les régions le long de cette zone frontalière, auxquelles il faut accorder un intérêt particulier, a-t-il encore indiqué, estimant que tous les partis politiques sont tenus de soutenir une telle proposition.

Le bilan à mi-mandat du gouvernement est en deçà des attentes

Abordant les efforts du gouvernement actuel, le Secrétaire Général a indiqué qu’ils ne sont pas à la hauteur des attentes des habitants. Les dirigeants des partis de la majorité ne déploient pas assez d’efforts pour communiquer avec la population et lui exposer les actions entreprises et ses projets de développement.

Dans son exposé et ses réponses aux parlementaires, le chef du gouvernement s’est déclaré satisfait, alors qu’en réalité la situation est tout autre.

Et Benabdallah de faire savoir que sont absents dans l’agenda de ce gouvernement  la politique, la démocratie, les droits de l’homme, la réforme de l’espace politique, la lutte contre la prévarication dans la politique et contre l’utilisation de l’argent, comme ce fut le cas lors des dernières élections. Tous ces thèmes sont complètement absents. Personne n’en parle. Il en est aussi des préparatifs pour que les prochaines élections se déroulent de manière saine et régulière sans prévarication et sans utilisation de l’argent sale, et pour couper la route aux propriétaires de l’argent sale. Partant du discours du chef du gouvernement, selon lui, ni les élus locaux ni les représentants de la nation ne servent à quelque chose.

C’est là un coup dur porté aux partis politiques et aux élus qui s’activent avec les moyens de bord en particulier dans les communes reculées et frontalières, a-t-il indiqué, appelant à renforcer tout ce qui est politique au niveau local à travers la consolidation des liens entre le peuple et les conseils élus et les partis politiques.

Pour expliquer les ratages du gouvernement, le chef du gouvernement avance comme justifications la sécheresse, à laquelle tous les gouvernements ont été confrontés durant les 20 dernières années. Malgré cela, le pays n’a jamais enregistré un taux de chômage de 13,7% de la population active, alors qu’il n’était que de 12,3% au début du mandat gouvernemental.  Dans ces conditions, il est erroné de parler de croissance et de succès éclatant, alors qu’il n’y a pas de création d’emplois et que 27.000 entreprises ont fait faillite. Ce qui va à l’encontre du prétendu soutien accordé par le gouvernement aux entreprises nationales.

Quant à l’investissement, il a reculé de 53% en deux ans et demi.

Oui, certains secteurs sont soutenus par le gouvernement comme les hydrocarbures qui profitent à certains membres du gouvernement, qui a refusé d’en plafonner les prix à l’instar d’autres pays (Espagne, France, etc….). Ce qui va au-delà du pouvoir d’achat des citoyens. Le Conseil de la concurrence a pointé du doigt les ententes illicites en la matière. Mais le gouvernement refuse de suivre. Plus les prix des carburants et des produits alimentaires augmentent, plus les recettes fiscales augmentent. Ce qui n’était pas le cas au début du mandat actuel. Le prix de la viande a atteint 120 DH le kg, alors que celui de l’essence est toujours très élevé.

Mais il a toutefois reconnu que le gouvernement a déployé des efforts au niveau de l’eau potable et d’autres secteurs.

Dans le cadre de la réalisation du chantier royal de l’Etat social, le gouvernement s’est fixé pour objectif premier de généraliser la couverture sociale universelle. En fait, il s’agit d’un projet qui remonte au gouvernement de l’alternance démocratique d’Abderrahmane Youssoufi. Ceux qui étaient inscrits au RAMED ont été transférés à l’AMO-TADAMOUNE contre cotisations. Pour en bénéficier, il faut payer.  8 millions ont été perdus en cours de route. Selon le chef du gouvernement, les 8 millions n’existent pas.

Les professions libérales et les travailleurs non-salariés : seuls 27% de ces adhérents cotisent. Ce qui pose le problème du financement de ce régime et de sa pérennité.

Le gouvernement a également réussi à faire voter par le parlement tous les textes requis pour la mise en œuvre de la loi 09-21 relative à la protection sociale en 2021, qui vise à généraliser l’assurance maladie obligatoire à d’autres segments de la société.

La généralisation a donc réussi selon le gouvernement, qui ne parle pas de la réalité.

Lors de l’opération d’inscription pour bénéficier du soutien direct, si le candidat possède un poste de télévision, un branchement Wifi, il est écarté. Le gouvernement a consacré, selon ses dires entre 25 et 29 milliards de dirhams à ce projet.

Pour le PPS, le gouvernement doit rendre compte et rendre publiques ses dépenses.

L’Etat social a un cout pour l’Etat qui doit payer réellement et par étapes. Le but est non pas de verser aux gens de l’argent pour qu’ils restent assis chez eux, mais de les aider à démarrer une quelconque activité génératrice de revenu pour échapper à la pauvreté et acquérir leur autonomie.

Au Parlement, et à l’occasion de la Loi de Finances de 2025, le PPS va appeler à l’adoption d’une loi relative à la protection sociale.

Le soutien au logement, destiné non pas aux promoteurs immobiliers et à la construction des logements sociaux, devra déboucher sur un arrêt de la construction des logements sociaux.

C’est un échec total à présent, puisque sur les 110.000 dossiers reçus, 60.000 ont été examinés au deuxième stade et 8.000 dossiers seulement ont bénéficié au total de 650.000 DH.

Il a également fait savoir que 40% de ceux qui sont touchés par le chômage sont des jeunes, alors que 4,2 M de jeunes ne sont ni au travail, ni à la formation, ni à l’enseignement.

Au cours des deux dernières années, 3,2 de Marocains sont passés sous le seuil de la pauvreté, alors que le gouvernement parlait du renforcement de la classe moyenne en agriculture et ailleurs.

Au niveau de l’agriculture, le gouvernement se targue d’avoir réalisé 100 milliards de Dirhams réalisés d’exportation, surtout de l’avocat, des fraises, des pastèques et diverses autres cultures qui épuisent les ressources hydriques du pays, sans parler des nouvelles plantations de palmiers dattiers et ailleurs, destinées surtout à l’exportation en échange de l’importation de céréales et des légumineuses. Comme partout, le petit agriculteur a été écrasé en cours de route, malgré les sommes colossales dont a bénéficié depuis 2008 le Plan Maroc Vert suivi par Green génération. Seuls les gros exploitants en ont bénéficié.

Pour ce qui est du nouveau modèle de développement (NMD), il a été tout simplement ignoré par le gouvernement, qui ne l’a cité qu’une seule fois dans son programme gouvernemental, lequel NMD appelle à la mise en place d’un Etat développeur et d’un secteur public pilote, un Etat de droit, de justice et de droits d’homme. Pour le PPS, les choses ne doivent pas continuer ainsi. Le gouvernement se doit d’écouter les gens et agir dans le sens de réconcilier l’ensemble du peuple marocain avec les institutions du pays, a-t-il noté.

Evoquant la question palestinienne, il a réaffirmé la position du parti à cet égard, soulignant que le PPS est le seul parti marocain qui précise dans des communiqués hebdomadaires de son bureau politique que la guerre sur Gaza est un véritable drame et une honte pour l’humanité toute entière. C’est une guerre d’extermination de tout un peuple et un génocide commis par l’entité sioniste au vu et au su de la communauté internationale, a-t-il dit.

Selon lui, Israël est une entité sioniste, avec laquelle il est impossible d’entretenir des relations saines de la part des pays arabes notamment, étant donné les crimes de guerre qu’elle commet quotidiennement à l’encontre du peuple palestinien sans défense.

Il a également souligné que le PPS participe à toutes les manifestations de soutien du peuple palestinien comme ce fut le cas à l’occasion de l’anniversaire de la Nakba devant le Parlement.

La visite de la délégation du bureau politique dans la région a été également marquée par une intense activité de ses membres et des débats autour du « code de la famille et le pari de la réforme pour parvenir à l’égalité », animée par la camarade Somaya Moncef Hajji, membre du bureau politique et présidente de la commission de l’égalité et des droits des femmes.

Elle a été aussi l’occasion pour la délégation de procéder au renforcement des structures du parti dans la province.

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