La trottinette électrique, un mode de mobilité urbaine écolo et pratique mais non sans-risque

-Par Jamal Eddine FELHI

Interdite ou tolérée ? Dans tous les cas, la trottinette électrique continue de sillonner les rues et les boulevards de nos grandes cités. Il faut dire que ce nouveau moyen de déplacement, écologique, léger et pratique, que l’on pourrait prendre avec soi partout, y compris dans un bus, un tram ou un train, a tout pour plaire surtout aux jeunes de nos agglomérations où le trafic est de plus en plus infernal et saturé comme à Casablanca. De plus, elle est presque accessible à toutes les bourses avec des prix allant de 2.000 dh pour les modèles basiques à 10.000 dh environs pour ceux des plus sophistiquées qui affichent des caractéristiques plus avancées (autonomie de batterie plus grande, puissance du moteur, meilleure qualité des matériaux et d’autres équipements comme la suspension ou l’éclairage, entre autres), sachant que la vitesse des plus puissantes peut dépasser facilement les 60 km/h.

Cependant, la trottinette, comme moyen de déplacement, n’est pas, malheureusement, sans danger, d’autant plus que nos agglomérations n’y sont pas préparées faute de bandes cyclables et autres voies spécifiques.

Si le nombre des accidents impliquant les trottinettes dans notre pays n’est pas connu, celui enregistré dans les grandes métropoles européennes où l’usage de la trottinette électrique est encore plus important montre que ces accidents sont beaucoup plus mortels. 

En France, pour ne citer que ce pays, et selon les chiffres officiels, plus de 14.500 accidents corporels impliquant des trottinettes ont été enregistrés en 2022, dont plus de 550 de ces accidents ont été mortels d’où l’adoption, à cet égard, de mesures restrictives comme l’interdiction de la trottinette électrique en libre-service dans plusieurs villes, dont la capitale Paris.

Dans une ville comme Casablanca où la circulation est des plus denses, l’adoption de la trottinette électrique comme moyen de déplacement, qui trouve de plus en plus d’adeptes, soulève de nombreuses questions de sécurité en l’absence de voies qui y soient dédiées. Il va sans dire que la cohabitation de la trottinette électrique avec les voitures, les bus et les taxis dans un trafic déjà compliqué et infernal génère des tensions et des conflits entre usagers, exposant les plus vulnérables d’entre eux, les cyclistes, les motocyclistes et, encore plus, les utilisateurs des trottinettes, à des risques d’accidents des plus graves.  Et ce surtout en l’absence du port de casques de protection, hormis, le plus souvent, celui du téléphone ce qui augmente encore plus les risques d’accidents, en plus d’autres manquements au code de la route.

Silencieuse et se faufilant facilement entre les autres véhicules, la trottinette électrique de par sa nouveauté est mal perçue par les autres usagers de la route, surtout les automobilistes d’autant que sa trajectoire est difficile à anticiper dans le flot de la circulation. Les utilisateurs de trottinettes, comme d’ailleurs certains motocyclistes et conducteurs de scooters, importunent même les piétons en empruntant souvent le trottoir pour fuir les embouteillages.  

Il est, par ailleurs, regrettable de relever le retard pris dans l’adoption d’une réglementation relative à ce nouveau moyen de mobilité urbaine appelé à s’accroître encore davantage. Faut-il attendre que surviennent de graves accidents pour prendre des mesures préventives ?

Pour rappel, l’année dernière, un total de 85.475 accidents physiques de la circulation dans le périmètre urbain a été enregistrés au Maroc, contre 80.091 accidents en 2022, soit une hausse de 7%, selon les chiffres de la Direction générale de la Sûreté nationale. Ces accidents ont eu une incidence directe sur le nombre total des victimes, dont le nombre est passé de 834 morts en 2022 à 993 en 2023, auxquels s’ajoutent 4.413 blessés graves et 111.478 blessés légers.

Il y a presque un an, en avril dernier, le ministre du transport avait indiqué, en réponse à une question écrite d’un député à ce sujet, que son département préparait des projets d’amendement des textes en vigueur pour les adapter à la nouvelle situation.   

En attendant une réglementation de l’usage de la trottinette électrique comme moyen de mobilité urbaine, et faute de bandes cyclables dans les grandes villes, il serait souhaitable de lancer, au moins, des campagnes de sensibilisation à l’attention des utilisateurs des trottinettes au code de la route et aux règles de sécurité, et de renforcer la réglementation en leur imposant le port du casque de protection.

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