L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro pris dans la tourmente

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Battu de justesse par Luiz Inacio Lula da Silva, à la présidentielle brésilienne d’Octobre dernier, l’ancien président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, est, désormais, ciblé par une enquête portant sur l’« incitation publique à l’exécution d’un crime » pour avoir diffusé, sur les réseaux sociaux, une vidéo « mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022 » et ce, deux jours à peine après l’invasion et le saccage, par ses partisans, le 8 décembre dernier, de ces lieux de pouvoir que sont le siège de la présidence et les bâtiments du Congrès et de la Cour Suprême.

Or, même si en attribuant, dans un communiqué, les violences survenues à Brasilia, à des « éléments infiltrés », les avocats de Jair Bolsonaro ont rétorqué que l’ancien président « n’a jamais eu le moindre lien ou participation avec ces mouvements », ce ne sont point là les seuls griefs imputés à l’ancien capitaine de l’armée brésilienne qui avait fini par occuper le fauteuil présidentiel puisqu’il avait déjà été épinglé, le mois dernier, pour « dépenses somptuaires » au cours de son mandat.

Ainsi, après un contrôle des dépenses effectuées à l’aide de la carte de crédit « présidentielle », après que le gouvernement de Lula ait commencé à lever un secret imposé, pour 100 ans, par Jair Bolsonaro, sur des milliers de « documents officiels », il ressort du relevé de compte afférent à ladite carte que l’ancien président aurait dépensé, en une seule fois, 20.000 euros dans un modeste restaurant du nord du Brésil et 10.000 euros dans une boulangerie le lendemain du mariage de son fils. 

Mais, en se penchant, par ailleurs, sur l’assaut perpétré contre des symboles de l’Etat, l’enquête ayant visé l’ancien président du Brésil et ses proches collaborateurs a permis d’interpeler, pour « collusion » présumée avec les auteurs des violences de Brasilia, son ministre de la Justice, ce samedi à l’aéroport de la capitale, au moment où il s’apprêtait à quitter le pays après la découverte, à son domicile, de documents particulièrement compromettants tel ce projet de décret, de 3 pages, qui aurait pu permettre l’annulation de l’élection de Lula à la présidence et qui prévoyait la création d’une « commission de régulation électorale » en remplacement du Tribunal Supérieur Electoral (TSE) qui était chargée d’ « assurer la préservation et le rétablissement de la transparence et (d’) approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022 » et dont la majorité des membres (8 sur 17) appartiendraient au ministère de la Défense.

Considérée, par de nombreux juristes, comme étant anti-constitutionnelle, cette mesure qui visait, incontestablement, à annuler l’élection de Lula, a révélé que l’assaut du 8 décembre n’était pas un acte isolé. Aussi, est-ce à ce titre que le ministre de la Justice, Flavio Dino, avait déclaré, le 10 Janvier, que son département était sur le point de lancer une cinquantaine de mandats d’arrêt à l’encontre, d’une part, « des personnes qui ont pris part au saccage des lieux de pouvoirs et (qui) n’ont pas été arrêtés en flagrant délit » mais aussi de celles qui « sont soupçonnées d’être impliquées dans l’organisation ou le financement des émeutes ».

Enfin, s’il est vrai que tous ces faits laissent croire que le président Lula serait sur le point de contraindre son prédécesseur, désormais dans l’œil du cyclone, à « rembourser » la dette qu’il a, à son égard, attendons pour voir…

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