L’artiste peintre Erragueb El Haissen expose depuis le 4 novembre jusqu’au 30 courant, au Musée municipal du Patrimoine Amazigh d’Agadir. Une exposition inédite qui a drainé un parterre de visiteuses et de visiteurs, tout au long de cette période. Attiré vraisemblablement par la particularité de ses œuvres, les récepteurs auront certainement observé cette singularité au niveau des couleurs et des mouvements.
Lors de la cérémonie de vernissage, annonçant le début de son exposition, on aura, en effet, observé cet étrange acharnement, dans presque tous ses ouvrages, de se focaliser sur deux couleurs seulement, au lieu de s’ouvrir sur plusieurs. Un choix qui ne peut être expliqué par l’incapacité de multiplier les couleurs, mais, à coup sûr, de donner à deux ou trois couleurs de son choix toute l’expression voulue. En revanche, si on a tendance à ressentir cette espèce de «cupidité» en termes de couleurs, on a l’air d’être fortement agité par les sonorités et les mouvements du tableau.
En effet, Erragueb El Haissen, artiste peintre, originaire de Tan Tan, ayant à son actif plusieurs expositions dans nombre de villes marocaines, notamment à Casablanca, Laâyoune, Marrakech, Rabat, Agadir…, se veut un artiste sobre et discret, mais combien expressif et profond. Derrière la couleur simpliste se cache le démon du détail qu’il va falloir dénicher au fond de la toile, non sans peine. C’est justement cette convive à l’effort qui donne à l’œuvre tout son charme soigneusement enfoui.
A voir cet ouvrage de belle facture, on a l’impression qu’on est en face d’une profusion de coups de pinceaux pêle-mêle, sans aucun souci de cohérence et d’harmonisation. Mais, au fur et à mesure, on découvre aussi bien la splendeur et la sobriété du travail. Ce qu’on appelle dans le domaine de l’écriture des nouvelles et des narrations «l’aisance compliquée».
On aura également remarqué dans la plupart des toiles de l’artiste peintre aux expressions émanant de ses origines marquées par l’austérité du relief du désert, des touches de contradictions qui émaillent ses œuvres. Seule la luminosité peut dénouer ce contraste, d’autant plus que l’artiste fait appel au jeu de l’ombre et de la trame pour identifier ses thèmes. Il va sans dire que cette approche qui sort de l’ordinaire, car on a plutôt tendance à se fier aux couleurs en vue de parvenir aux visées escomptées, puise son originalité dans l’expression et la sonorité de la toile.
Dans ce sens, on aura certainement remarqué que malgré l’aspect sombre qui peut marquer ses tableaux, cette luminosité jaillit sans cesse justement à partir de cette couche ténébreuse. C’est ce qui fait, en fait, la beauté de la toile et l’ingéniosité du peintre.
Saoudi El Amalki