Le “détournement ” de l’aide humanitaire décrié à l’ONU

Le juriste belge de renommée internationale, Me Stéphane Rodrigues a décrié, mercredi devant la 4ème Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, le détournement persistant par les dirigeants du polisario et leurs protecteurs algériens de l’aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf.

En dépit des assurances d’institutions européennes concernant la mise en place de mesures de contrôle et de traçabilité de l’aide comme exigé par le Parlement européen afin de mettre un terme aux trafics et aux fraudes, le détournement se poursuit tranquillement comme l’atteste l’actualité la plus récente, a déploré Me. Rodrigues.

C’est ainsi qu’à la suite d’un contrôle de routine de la gendarmerie mauritanienne, « ont été interceptés, dans la région de Zouerate, en zone frontalière avec l’Algérie, d’importants stocks de produits alimentaires et de médicaments en provenance des camps de Tindouf », a rappelé le pétitionnaire, notant que “les contrebandiers arrêtés se sont révélés être des proches de la direction du front polisario”.

Me. Rodrigues indique avoir été interpellé à ce sujet, en septembre dernier, par deux associations de défense des droits de l’homme, l’Italienne PROTEA Human Rights, et le Forum Canario-Saharaui (FOCASA), basé en Espagne, qui ont appelé à acheminer cette aide directement auprès des habitants des camps.

L’intervenant a rappelé, en outre, que la Commission européenne a déclaré, le 19 août dernier, qu’entre 2010 et 2014, les autorités algériennes ont exigé le versement d’une TVA sur les achats locaux de marchandises à destination des réfugiés sahraouis, “soit l’équivalent d’un montant d’un million d’euros”.

“Comme si la fraude à la distribution de l’aide ne suffisait pas au malheur de la population des camps !”, a regretté le juriste. Me. Rodrigues a rappelé, dans ce contexte, le rapport de l’Office de lutte antifraude (OLAF) de l’Union européenne qui atteste, de manière irréfutable, de l’existence de détournements à grande échelle, et met en évidence “des filières organisées ou téléguidées par plusieurs hauts dirigeants du polisario et ce, sans que les autorités algériennes ne réagissent pour empêcher de telles fraudes”.

A cet égard, l’association Agence internationale pour le développement (AIDE-Fédération), une ONG reconnue par le Conseil économique et social de l’ONU, a saisi les principales institutions de l’UE pour les exhorter à faire en sorte afin que “les individus algériens ou sahraouis incriminés par le rapport de l’OLAF n’aient plus accès à l’aide financée par les contribuables européens et ce, en enclenchant les procédures appropriées pour les faire juger et condamner”, et à “mieux quantifier l’aide humanitaire à travers l’enregistrement et le recensement des personnes vivant dans les camps”.
Me Rodrigues a fait savoir, à cet égard, avoir reçu des réponses du Président du Parlement européen et du Président du Conseil européen, qui “ont souligné partager pour l’essentiel nos préoccupations”.

(MAP)

Top