Par Safaa ABOU EL HOUDA
Durant le mois sacré de Ramadan, l’on assiste à une modification, du jour au lendemain, du mode de vie habituel. L’une des principales manifestations de ce changement réside dans le manque de sommeil, qui devient un facteur perturbateur avec ses répercussions sur la santé de chaque individu, comme l’explique la présidente de la Société marocaine du sommeil et de la vigilance, et médecin spécialisée dans les maladies du sommeil Dr. Fouzia Kadiri.
« Le mois de Ramadan est un mois de jeûne et ne devrait pas, en principe, avoir de conséquences sur le sommeil, si on bénéficie de la durée dont nous avons besoin. Ce qui se produit, c’est qu’on assiste à des changements de comportements, dus au fait que les gens veulent veiller durant ce mois sacré », affirmé Dr. Kadiri dans un entretien accordé à la MAP.
Ce comportement crée des problèmes de santé, puisque l’on sait que le sommeil est un moment physiologique qui « nous permet de récupérer, de se reposer, de restructurer toutes les fonctions de l’organisme, d’où la nécessité d’une durée moyenne de 7 à 8 heures de sommeil », a-t-elle précisé.
Selon Mme Kadiri, « ceux qui ne respectent pas leur durée de sommeil peuvent souffrir de plusieurs problèmes de santé, en particulier les personnes atteintes de maladies chroniques ».
Elle a, dans ce sens, affirmé que le sommeil « est régulé par notre horloge biologique et son rythme circadien sur 24 heures afin de nous permettre de dormir la nuit et d’être actifs durant la journée ». D’ailleurs, a-t-elle dit, toutes les hormones de l’organisme y contribuent, mais quand on va à l’encontre de ce rythme, cela affecte le bon fonctionnement des différents organes et par conséquent la santé de chaque être humain.
« Si nous n’avons pas assez bien dormi le soir, cela va inéluctablement se répercuter sur nos performances pendant la journée, en ressentant notamment un manque d’énergie, de concentration et de la somnolence, à même de devenir très tendu et anxieux », a-t-elle poursuivi.
Pour les cas des jeunes et adolescents qui restent éveillés tard le soir pendant le mois de Ramadan, en étant connectés sur les réseaux sociaux, Dr. Kadiri a relevé que ce comportement « agit négativement sur leur horloge biologique, qui régule énormément de fonctions, notamment les fonctions cognitives, le rythme de multiplication des cellules, la sécrétion des hormones, la mémoire etc… ».
De l’avis de cette praticienne, lorsque le sommeil est inversé, l’horloge biologique se détraque et le jeune ne peut pas retrouver un rythme normal de sommeil. « C’est ce qui arrive à certains adolescents qui veillent tardivement la nuit et qui développent une pathologie du sommeil appelée « Syndrome de Retard de Phase de sommeil », a-t-elle souligné.
A ce propos, elle a soutenu que le sommeil est important et doit être respecté quelle que soit la période de l’année, avec une durée minimale de 7 heures de sommeil par jour.
« Pour quelqu’un qui veut accomplir les tarawihs à la mosquée et se réveiller pour le « shour » et la prière d’Al Fajr, il doit dormir par exemple de 23H00 à 03h30 puis de 05h00 à 7h00 ou 8h00 et éventuellement si la personne ressent de la fatigue, de faire un petit somme l’après midi de 13h00 à 15h00″, a-t-elle ajouté.
« Cependant, certains tentent de dormir en fin d’après midi, ce qui est totalement déconseillé puisque cela perturbera leur cycle normal de sommeil et pourra avoir des conséquences néfastes aussi bien pendant le Ramadan qu’après ce mois sacré », a-t-elle alerté.