…Et la mouette transperça le silence céleste
Son cri déchirant effraya le crépuscule
Son envol rutilant créa le rayon vert
Son appel vespéral éveilla la nuit
Majestueuse, digne et fière
La mouette sourit et se tut
…La nuit se réveilla, les yeux lourds
Engourdie, lente, fainéante, nonchalante
Elle bailla et s’étira comme le caméléon
Dépoussiéra son manteau noir
De millions d’années-lumière de paresse
Se mit debout avec tant d’efforts et de délicatesse
Fit un pas puis deux puis trois
Trébucha et tomba sur la terre
Et tout devint subitement obscur
…La terre hurla puis gémit de douleur
De ses plaintes nocturnes
La nuit n’avait cure
Elle l’ensevelit de son linceul
La couvrit de sa noirceur
Et s’en alla
Flâner dans la voie lactée
Promenant sa solitude dans l’infini
…Le soleil la rencontra par préméditation
Lui fit obséquieusement la révérence
Et s’apprêta à lui faire le baisemain
La nuit le jaugea avec dédain
Et le snoba
Alors il s’éclipsa sans laisser de trace
…La nuit se mit altièrement sur son trône
Prit son sceptre, mit sa couronne
Et régna
La lune se prosterna par politesse
Les astres lui firent un clin d’œil complice
Les étoiles se vêtirent de leurs robes de fête
Se maquillèrent, se pavanèrent
Burent de l’eau-de-vie
Et dansèrent toute la nuit
Les êtres et les choses se turent par respect
Le silence épousa la paix
Ils firent l’amour toute la nuit
Et enfantèrent les étoiles filantes
…Le temps passa repassa et se lassa
S’arrêta une éternité pour se reposer
Et prendre une tasse de thé
Le jour en profita pour se lever
Et envoya un SOS au soleil
…De peur de s’embraser
La nuit fut obligée de se rendormir
Cédant son règne à la lumière
…Elle s’endormit profondément
Comme un enfant
Et rêva…
Son songe dura des millions d’années-lumière
Mais pour le dormeur que je suis
Cela ne dura…qu’une nuit !
Mostafa Houmir