Le tracas de l’enseignement

Ismail Alaoui, ancien Secrétaire général du PPS, avait bien entamé une belle aventure de la refonte du secteur de l’enseignement. Mais, à peine eut-il commencé à poser les premiers jalons de son ébauche qu’il fut, deux ans plus tard, «replacé» dans un autre département, certes, mitoyen de sa vocation. On aura alors regretté ce transfert, d’autant plus qu’il avait amorcé des mesures d’envergure dans le cadre de la réforme de l’éducation et de la formation. Tout comme Saïd Saadi, «remercié» illico également pour avoir «dérangé» par son audacieux plan national destiné à la consolidation du statut de la femme. Il faut dire qu’à l’époque, les calculs politiciens réducteurs de certains «alliés» qui,de crainte de se faire coiffer au poteau, faisaient mainmise sur toute démarche illuminée à propos des causes suprêmes.

Où en est donc l’enseignement, ces temps-ci ?

L’armée du savoir que prônait l’ex SG du parti tarde à voir le jour, de la qualité et l’ampleur escomptées. Il est donc bien clair que la seconde cause nationale après l’intégrité territoriale dont dépend l’avenir du pays, n’est nullement au beau fixe. Au-delà de toutes les débâcles au niveau des infrastructures, des ressources humaines ou encore des curricula,  le problème revêt  une dimension bien plus grave. Celle de la qualité et l’adéquation des apprentissages. En fait, comme l’avait bien défini le souverain dans son appel au rehaussement du système éducatif, il ne suffit guère de permettre aux générations montantes d’accéder au droit à la scolarisation, encore faut-il mettre en place un enseignement attractif et performant. Il ne fait pas de doute que, jusqu’ici, l’effort éducatif se contente d’emmagasiner les connaissances dans les mémoires des enfants, sans pour autant en baliser les chemins de leur utilité.

Il va sans dire que le défi majeur de l’exercice éducatif réside en la capacité de transformer les apprenants en acteurs édifiants, pétris d’aptitudes et de valeurs axées sur le sens d’initiative, la créativité, le civisme, la tolérance…Il ne s’agit pas, en effet, de révolutionner le produit éducatif et de remodeler toutes ses essences, afin de répondre aux attentes des mutations  que traverse la société marocaine. L’école publique marocaine gagnerait non pas uniquement en matière de généralisation et d’élargissement de l’offre scolaire, mais pareillement en matière de capitalisation et d’optimisation des objectifs attendus.

Cette remise en question fondamentale de l’enjeuéducatif n’est pas, en conséquence, l’apanage unique des décideurs dusecteur, mais de toutes les communautés en présence. L’espace éducatif
ne serait plus, comme à l’accoutumance, un lieu de déferlement cognitif, mais un havre d’incitation à l’instinct critique, d’atomisation des déclics intelligents et de perfectionnement de la personnalité agissante. Pour ce faire, il est alors question de recadrer, à travers de nouveaux fonctionnements et approches, les finalités de la réforme de l’enseignement public efficace, en parfaite complémentarité avec le privé.

Il va donc falloir s’atteler à sortir des sentiers battus en focalisant l’effort sur les réponses à mettre en œuvre  aux questions inhérentes à l’effectivité et à la rentabilité de la pratique éducative en termes de croissance sociale et de progrès économique de la nation.

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