L’éco-solidarité, un préalable incontournable à la transition environnementale planétaire?

Ce ne sont plus les écologistes en tant que groupe isolé qui revendiquent des actions éminentes en faveur de la planète, mais s’y joignent à eux les scientifiques, les économistes et les financiers.

Devant l’urgence et l’ampleur des défis environnementaux, cette prise de conscience ne saura à elle seule limiter les facteurs de destruction massive de la planète.

Il est donc demandé à la communauté internationale d’agir, d’inventer et de contribuer aux solutions plutôt qu’aux problèmes, pour atténuer les menaces pesant sur l’environnement et éviter que le destin collectif de l’humanité ne soit acheminé vers l’apocalypse.

Jamais  sans  doute, la recherche et l’innovation n’auront autant à faire, ni autant d’importance que dans les prochaines années, pour initier les bases d’un modèle économique alternatif, celui de la restauration verte de la planète.

Dans cette perspective, il est aujourd’hui opportun de créer l’espace, les conditions et les processus pour mettre en place les stratégies d’innovation pertinentes, bâties au tour de la problématique écologique, en termes de technologies, de pratiques de gouvernance et des modes de production, de consommation et d’échange.

L’innovation dont a besoin le monde actuel, est une nouvelle forme, en rupture avec les anciens modèles, à forte utilité environnementale, facilitant la transition écologique mondiale via la technologie verte et la neutralisation des impacts négatifs des activités humaines.

Il s’agit de l’innovation environnementale, qui ne se limite pas exclusivement aux seules éco-industries, mais l’ensemble des secteurs sachant qu’ils développent des innovations permettant d’atténuer les pressions sur l’environnement en termes de consommation des ressources, des rejets polluants et d’émission du CO2.

Réussir ce cap ambitieux de la transition écologique à travers l’innovation, qui peu de  temps auparavant ne s’en est pas préoccupée ou peu, exige des actions profondes pour la réorienter ou la canaliser vers des impératifs écologiques en vu de favoriser la progression des technologies vertes soucieuses de l’environnement.

En outre, les autorités publiques doivent adopter une vision long-termiste pour les questions climatiques et s’engager dans des plans d’investissements massifs dans les éco-innovations, en dépit de leurs retours sur investissement faibles ou insuffisants dans l’immédiat.

Un autre point qui n’est pas le moindre, est de veiller à un équilibre subtil entre la soutenabilité de la croissance et  la prise en force des contraintes environnementales et de l’investissement en innovation-verte correspondant, dans les différentes politiques économiques des pays, repensées et libérées de la pesanteur des agrégats économiques traditionnels.

Il convient aussi, d’agir sur les «effets rebonds» qui sont traduites par les améliorations apportées par la technologie, et éviter le risque qu’ils ne limitent les innovations environnementales.

Il est aussi important de faire savoir, que l’innovation environnementale, constitue une véritable opportunité pour faire évoluer les comportements vers de nouveaux modes d’agir, de produire ou encore de consommer.

Par rapport à la thématique examinée, si les pays développés disposent  des moyens techniques, financiers et humains pour réussir le pari de la transition écologique,comme en témoigne les programmes d’actions, en milliards de dollars réservés à la question dans leurs plans de relance économique communiqués. Ce n’est pas le cas des pays en développement, qui subiront de plein fouet les conséquences des bouleversements climatiques. Ces derniers ne disposent que de capacités institutionnelles, financières, humaines et techniques insuffisantes, pour abandonner leur modèle de croissance traditionnel et y mettre en place les processus d’éco-innovation requis pour mener à bien les réformes de nature écologique.

Aussi, la réussite du défi planétaire en matière d’environnement,  est tributaire de créer les conditions et les formes de partage ainsi que les mécanismes d’entrainement, pour replacer les pays en développement dans la trajectoire de la performance environnementale.

Pour se faire, il est demandé à la communauté internationale et notamment les pays développés d’abandonner les formes actuels d’aide et de redéfinir un nouveau cadrea politique, libre de toute alliance partisane,plus collaboratif et plus ciblé au profit des pays en développement, qui en dépit des efforts qu’ils déploient restent vulnérables face aux menaces écologiques.

Ce cadre doit porter sur :

Un financement renforcé, par la création d’un fond mondial dédié à la recherche et à l’éco-innovation, dont les ressources proviennent principalement de la taxe-carbone en relation avec le précepte «Pollueur-payeur», dans le cadre d’une fiscalité internationale.

Intensifier et  pérenniser la coopération technologique et scientifique au profit des pays en développement.

Développer la diffusion et le partage des expériences et des solutions éprouvées.

Assurer la formation et le développement des compétences des acteurs de l’éco-innovation des pays en question, au niveau des universités et des centres de recherche.

Définir les instances de coordination propres à ces activités, pour la conduite des projets et l’évaluation de leur retour sur les transformations requises en matière d’environnement.

Aujourd’hui l’innovation environnementale fait l’objet d’un large  consensus en tant que moteur de la transition écologique et une véritable opportunité  de la transformation et de la croissance de l’économie mondiale. Toutefois pour être au rendez-vous du défis écologique planétaire, la communauté internationale plus particulièrement les pays développés disposant d’une avancée technologique et de politique d’innovation et de recherche reconnues,  doivent accorder une attention particulière aux pays en développement en  les soutenant pleinement, à développer leurs propres programmes d’action dans le domaine de la recherche et l’innovation en corrélation avec les impératifs écologiques.

A défaut de cet engagement des pays riches en faveur des pays en développement via des programmes d’aide et de coopération soutenus, les remèdes aux défis climatiques  risquent  d’être contre- productifs que bénéfiques pour la planète !!

Post-scriptum : Mauvaise nouvelle pour la COP22, Donald Trump, le nouveau président élu des Etats-Unis, peut ne pas appliquer l’accord de Paris, ratifié par son prédécesseur Barack Obama.

Noureddine Melgou

(Directeur- consultant à Inte Consulting)

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