« Les entreprises agroalimentaires qui ne se numérisent pas seront dépassées. »

Mahmoud Benlamlih, représentant de Bssoftware 

À l’heure où le secteur agroalimentaire marocain cherche à se moderniser et à améliorer ses marges bénéficiaires, la transformation numérique apparaît comme une clé essentielle pour sa compétitivité. Pour explorer ce sujet, nous avons interviewé Mahmoud Benlamlih, représentant de Bssoftware, une entreprise 100 % marocaine spécialisée dans les solutions informatiques. Avec des offres allant des ERP aux solutions CRM, Bssoftware se consacre à accompagner les entreprises agroalimentaires dans l’optimisation de leurs processus opérationnels. Dans cette discussion, Benlamlih  nous dévoile la mission de Bssoftware, les enjeux de la numérisation dans ce secteur, et les bénéfices concrets que les entreprises peuvent en tirer pour s’adapter aux défis du marché. Les propos.

Al Bayane : Qui est Bssoftware ?

Mahmoud Benlamlih : Bssoftware est une entreprise 100 % marocaine spécialisée dans les solutions informatiques complètes, notamment des ERP. Elle propose des outils adaptés aux domaines suivants : logistique, gestion de la distribution, commerciale, inventaire, immobilisations, achats et approvisionnement, production, et finances. Son ERP, ProtId, offre une large couverture fonctionnelle pour optimiser l’ensemble des flux, de l’achat à la vente, afin d’améliorer l’efficacité opérationnelle. En outre, Bssoftware propose également le CRM Swing Mobility, une solution de CRM mobile performante qui fonctionne en mode déconnecté. Cette solution est personnalisable et peut s’interfacer avec tous les ERP. Parmi ses principales fonctionnalités, on trouve la gestion logistique, la distribution, la comptabilité, les ressources humaines, ainsi que des aspects liés à l’hygiène, la sécurité et l’environnement.

Vous êtes nouveaux sur le marché ?

Nous ne sommes pas tout à fait nouveaux, mais nous sommes relativement récents dans le secteur agroalimentaire. Les entreprises, même les plus établies, commencent à s’intéresser à la transformation numérique. Prenons l’exemple d’une entreprise de production de sucre au Maroc qui fonctionne encore de manière plutôt traditionnelle. Elle se trouve aujourd’hui dans l’obligation de commencer sa transformation numérique pour optimiser ses processus de production et de commercialisation. Si elle ne le fait pas, elle risque de perdre sa position face à un concurrent qui entrerait sur le marché avec une stratégie numérique efficace. C’est cette forme de concurrence que nous cherchons à accompagner, afin d’aider le secteur agroalimentaire à s’adapter et à rester compétitif.

De manière concrète, comment fonctionne le processus de transformation numérique  et quels en sont les avantages ?

La numérisation complète des processus dans le secteur agroalimentaire est cruciale pour améliorer l’efficacité opérationnelle. Désormais, les entreprises peuvent suivre l’intégralité de leurs opérations, allant de l’achat des matières premières à la distribution des produits finis. Ce suivi englobe les domaines suivants : achats, opérations financières, activités commerciales, ainsi que la distribution et la livraison. Les bénéfices de cette transformation numérique sont multiples. Elle permet une supervision générale, offrant une vue d’ensemble des opérations, et optimise la gestion des ressources, facilitant ainsi une gestion précise. De plus, la disponibilité des données en temps réel favorise des prises de décision éclairées. Les entreprises ont également la capacité de générer des indicateurs et de réaliser des analyses approfondies. Cela leur permet d’identifier des tendances, telles que les variations de stocks, d’adapter leurs méthodes de travail et de modifier leurs processus opérationnels.

Pourquoi avez-vous décidé de vous concentrer sur l’accompagnement des entreprises agroalimentaires ?

Nous sommes spécialisés dans le secteur agroalimentaire pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est un secteur crucial au Maroc. De plus, il reste largement artisanal, ce qui limite son potentiel de développement. De nombreuses grandes marques de produits agroalimentaires, comme les yaourts, fonctionnent encore selon des méthodes traditionnelles. Cette approche ne leur permet pas de progresser, que ce soit en termes de structure ou de maturité opérationnelle. En conséquence, elles peinent à augmenter leur chiffre d’affaires et à saisir de nouvelles opportunités.

Pensez-vous qu’il y a encore un manque d’engouement pour la transformation numérique dans le secteur agroalimentaire au Maroc ?

Il est vrai qu’il existe un engouement croissant pour la transformation numérique dans le secteur agroalimentaire. Les entreprises commencent à prendre conscience des avantages qu’elle peut apporter. Par exemple, une grande société de distribution des produits agroalimentaires, qui a démarré il y a quelques années, est désormais leader dans le secteur de la distribution grâce à son modèle basé sur la transformation numérique. Cette approche lui a permis de connaître une ascension rapide en seulement 5 à 6 ans. La réussite de Dislog illustre bien le potentiel de la transformation numérique pour propulser les entreprises vers de nouveaux sommets.

Quelle est votre  position face à la concurrence sur le marché numérique ?

Il y a peu de concurrence dans ce domaine. En effet, le marché se divise principalement entre des sociétés d’intégration de solutions multinationales, très connues et coûteuses. Par exemple, certains ERP peuvent coûter entre 2 et 3 millions de dirhams par an, avec des frais supplémentaires de 20 000 dirhams pour chaque session ouverte pour un salarié.

Aujourd’hui, les entreprises cherchent des ERP efficaces à un prix plus abordable, justifié par un meilleur retour sur investissement. La concurrence est relativement limitée : nous sommes seulement quelques acteurs dans notre segment, dont deux ou trois sont réputés, mais restent inaccessibles pour les petites entreprises.

Prenons l’exemple de cette société de distribution des produits agroalimentaires, qui a réussi une transformation numérique remarquable sans opter pour ces ERP coûteux. Dans d’autres pays, on peut justifier le retour sur investissement de telles solutions, mais au Maroc, les marges dans le secteur agroalimentaire et le pouvoir d’achat des consommateurs rendent ces options moins viables. Même les grandes entreprises, qui pourraient théoriquement investir, n’adoptent ces solutions que lorsqu’elles en ressentent vraiment le besoin, sinon elles restent en dehors du processus de numérisation.

Qu’est-ce qui pourrait inciter les entreprises à opter pour vos solutions ?

Ce qui vous poussera à opter pour nous, c’est notre approche unique. Tout d’abord, nos consultants ne facturent pas leurs services. Ensuite, nous offrons le meilleur rapport qualité-prix sur le marché, tant au niveau national qu’international. Nous avons développé des solutions efficaces intégrant des technologies mobiles, ce qui nous distingue des autres ERP qui n’ont pas encore franchi ce cap.

Avec notre solution, vous pouvez suivre vos livreurs et distributeurs en temps réel depuis votre mobile. Cette technologie permet une traçabilité complète : vous pouvez suivre chaque étape, de la gestion des stocks aux transactions financières, en passant par les livraisons et la distribution. Tout est supervisable en temps réel ou en différé, ce qui vous permet de prendre des décisions éclairées à tout moment, que ce soit durant la journée ou à la fin du mois.

De plus, face à la rareté des ERP comme le nôtre au Maroc, certaines entreprises envisagent d’importer des solutions étrangères. Par exemple, un client m’a dit qu’il avait choisi un ERP en Pologne. Je lui ai demandé : « En cas de problème, allez-vous vraiment appeler en Pologne pour le résoudre ? » Nos solutions sont intégrées dans une seule interface, simplifiant ainsi la gestion et le support.

Est-ce devenu une nécessité ?

Aujourd’hui, la concurrence reconnaît que le secteur agroalimentaire doit impérativement se lancer dans la transformation numérique. Les entreprises qui ne s’adapteront pas dans les prochaines années risquent d’être complètement dépassées. Elles verront leur chiffre d’affaires et leur notoriété chuter, ce qui pourrait les mener à la faillite.

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