Les métiers saisonniers foisonnent

Aïd Al Adha

Karim Ben Amar

À l’occasion de l’Aïd Al Adha, les métiers saisonniers font leur apparition. Dans tout le pays, ces petits boulots ont le vent en poupe. Dans les souks, mais aussi dans les quartiers, l’activité connait un franc succès. Dans la capitale économique du Royaume, c’est dans l’ancienne médina que l’équipe d’Al Bayane a fait sa tournée. Hôtels pour moutons, vendeurs de charbon, de foin, de cordes, ou d’outillages et accessoires de boucherie, jeunes et moins jeunes se consacrent à l’approche de la fête religieuse à une ou plusieurs activités saisonnières. Une bonne occasion d’amortir le choc de la cherté du mouton et des frais liés au sacrifice. Tour d’horizon.

L’Aïd Al Adha est l’occasion pour des milliers de Marocains de se consacrer à une activité saisonnière. Durant cette période, de nombreux métiers apparaissent à l’approche de la fête religieuse. Les commerces saisonniers à travers tout le royaume investissent les ruelles des médinas. À Casablanca, c’est au quartier « Derb Taliane » que l’équipe d’Al Bayane est allée à la rencontre de riverains se dédiant aux activités saisonnières.

Dans le souk du quartier mais aussi dans de nombreuses ruelles, à l’approche du jour J, les habitants de l’ancienne médina, toute génération confondue, se dédient pendant cette période, aux activités saisonnières, exposant leurs étals, le plus souvent, à proximité de leur domicile. Certains sont pour l’occasion rémouleurs (aiguiseur de couteaux). D’autres vendent du charbon, des oignons, de la paille ou encore des accessoires de boucherie. Les plus chevronnés tiennent des hôtels pour moutons. Quant aux plus jeunes, ils proposent à la vente les paquets de sel de la ficelle ou de la corde.

Khaled, un chômeur d’une trentaine d’année, s’est dédié à la vente de charbon et d’oignons à l’approche de l’Aïd. «Dans les quartiers populaires, il y a une réelle effervescence à l’approche de  Aïd Al Adha». Et d’ajouter, «Il est clair que c’est une occasion pour nous d’arrondir le prix du mouton, mais le gain n’est pas notre priorité. La principale raison est de rapprocher la marchandise au voisinage avec des prix défiant toute concurrence, puisque nous proposons aux habitants du quartier des produits à des prix très abordables».

Le jeune homme souligne que « le mouton cette année coûte très cher, Il faut compter pas moins de 3000 DH pour un mouton ordinaire. Mais en plus du budget dédié au mouton, il y a aussi de nombreux frais liés à la fête. Nous essayons donc de compenser ».

«Les oignons rouges sont vendus 5 dhs, le charbon est fixé à 10Dhs le Kg. Je le dis et je le répète, notre but n’est pas le bénéfice, c’est l’entraide et aussi le fait de perpétuer la solidarité ancrée dans notre quartier.

Hakim,  vendeur de grilles de cuisson déclare pour sa part que «les métiers saisonniers sont une aubaine à l’approche des fêtes religieuses». Ce vendeur à la sauvette hors Aïd Al Adha détaille que « d’une part, ils permettent aux saisonniers de se faire un peu d’argent. Mais plus important encore, ils animent le quartier au grand bonheur des petits, mais aussi des grands».

Non loin du souk, comptant pour le même quartier, nous avons rencontré Redouane, un lycéen de 16 ans qui se consacre à la vente de corde, de ficelle et de sel. Habitant à deux pas de son « stand temporaire». L’adolescent a signifié que « Je me dédie à cette activité depuis tout petit. À l’approche de Aïd Al Adha, il est inconvenable que je ne confectionne pas mon stand ». 

Son frère ainé tient compte à lui un hôtel pour mouton. Pratique de plus en plus en vogue, les habitants du quartier préfèrent laisser le mouton « à l’hôtel » plutôt que de le faire monter à la maison. À cet effet, Naoufal, le « gérant » d’un hôtel pour mouton déclare que, « déposer le mouton chez moi comporte beaucoup d’avantages. Premièrement, il n’y a pas de ménage à faire, car il faut bien le noter, un mouton salit énormément, en plus de l’odeur de l’ovin qui s’installe. Deuxièmement, nous nous occupons de nos hôtes de la meilleure manière qui soit. Pour 30 dhs par jour, ils sont logés, nourris, blanchis ».   

Et de conclure, « le foin, nous le proposons à la vente pour 13 Dhs le Kg, mais lorsqu’il s’agit du voisinage, on casse les prix, quitte à vendre à perte ». 

Comme tous les ans, il y a un sentiment qui se dégage lors de nos tournées dans les quartiers populaires. Que ce soit à Tanger où à Casablanca, il y a ce sursaut de  solidarité et de générosité qui rejailli. Le plus touchant, c’est  de relever inexorablement, que ceux qui ont le moins, donnent le plus. Touchant.

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