L’UNESCO appelle à une évolution du concept d’alphabétisation

Le Maroc célèbre ce 8 septembre, à l’instar des autres pays dans le monde, la Journée internationale de l’alphabétisation. Cette année, l’évènement est célébré sous le thème «l’alphabétisation dans le monde numérique».

Avec la transformation radicale des modes de vie et de travail, d’apprentissage et de socialisation due à l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), l’évolution de l’alphabétisation s’avère une condition sine qua none pour réussir l’intégration dans les sociétés du savoir numérique. Il s’agit notamment de développer les types de compétences en lecture et en écriture dont les individus ont besoin pour naviguer dans des sociétés où la communication est de plus en plus numérique et de concevoir des politiques et des programmes d’alphabétisation efficaces.

C’est dans ce sens que la Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a souligné, dans un message à l’occasion de la journée internationale de l’alphabétisation, célébrée le 08 septembre de chaque année, que les sociétés du savoir numérique sont en train de transformer la définition de l’alphabétisation, car elles requièrent des compétences nouvelles et plus complexes en lecture et en écriture. «En contrepartie, dans le même temps, la technologie peut contribuer au développement de l’alphabétisation», note-t-elle.

Estimant que les technologies numériques, présentes dans tous les domaines, ouvrent un vaste champ de possibilités nouvelles, susceptibles d’améliorer la vie de l’Homme et relier le monde davantage, Bokova a signalé que ces technologies peuvent entrainer la marginalisation de ceux qui ne disposent pas de compétences indispensables à leur utilisation, comme le fait de savoir lire et écrire.

Sur ce registre, la directrice générale de l’UNESCO a précisé que dans le monde, 750 millions d’adultes sont dépourvus des connaissances les plus élémentaires en lecture et en écriture, et près de 264 millions d’enfants et de jeunes ne sont pas scolarisés, ajoutant que les études internationales montrent qu’une large part des adultes et des jeunes à travers le monde ne possède pas les compétences numériques élémentaires nécessaires pour être pleinement intégrés aux sociétés et au monde du travail.

Pour la responsable onusienne, la réduction de cet écart est impérative sur le plan de l’éducation et du développement. Les technologies de l’information et de la communication offrent ainsi des solutions pour y parvenir, en fournissant les outils numériques qui favorisent l’élargissement de l’accès à l’apprentissage et l’amélioration de sa qualité, relève Bokova.

Grâce à eux (outils numériques, NDLR), nous pouvons atteindre les laissés pour compte, améliorer le suivi des avancées réalisées en matière d’alphabétisation, faciliter l’évaluation des compétences et renforcer l’efficacité de la gestion et de la gouvernance des systèmes de transmission des compétences, explique-t-elle.

Par ailleurs, elle a estimé que la création de nouvelles opportunités en faveur de la réalisation de l’Objectif 4 de développement durable nécessite une action collective, notant que les partenariats entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé sont indispensables pour faire progresser l’alphabétisation dans le monde numérique.

A cet effet, elle considère que «l’Alliance mondiale pour l’alphabétisation dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie est un modèle exemplaire de la concertation nécessaire pour atteindre des objectifs mondiaux et soutenir les initiatives nationales d’alphabétisation».

Au Maroc, l’alphabétisation revêt une importance primordiale qui se traduit par les efforts déployés par les autorités publiques dans ce sens, à travers notamment l’élaboration et la mise en place de programmes et de stratégies visant la lutte contre l’analphabétisme et la promotion des différents types d’apprentissage.

Ces actions ont ainsi donné leurs fruits durant ces dernières années, avec une baisse significative du nombre d’analphabètes.

En effet, le Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2014 du Haut-Commissariat au Plan (HCP) fait ressortir qu’un total de 8,6 millions d’analphabètes contre 10,2 millions en 2004, soit un taux d’analphabétisme de 32% en 2014 au lieu de 43%, dix plus tôt.

Ce taux s’est élevé à 11% en 2014 chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans (14,8% chez les filles et 7,2% chez les garçons), selon le HCP qui relève une disparité géographique entre le milieu rural (20,1%) et urbain (4,6%).

En 2014, 10,1% des jeunes de 15-24 ans n’ont aucun niveau d’instruction contre 28,8% en 2004, ajoutant que 24,8% ont le niveau primaire (24,4% en 2004), 29,6% le niveau secondaire collégial (25,9% en 2004), 24,7% le niveau secondaire qualifiant (14,6% en 2004) et 10,0% le niveau supérieur (5,0% en 2004).

Le HCP fait également savoir que 69,5% des jeunes garçons ont bénéficié en 2014 d’une formation du secondaire ou du supérieur (contre 52,1% en 2004) et 59% des jeunes filles (contre 39,1% en 2004), tandis que les proportions des jeunes filles et garçons qui n’ont aucun niveau d’instruction, ont atteint respectivement 14% et 6,1%, contre 39,1% et 18,1% en 2004.

Dans l’objectif d’améliorer davantage cette situation, l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA) a initié plusieurs programmes, notamment le «Programme Alpha» qui, destiné aux personnes analphabètes ou insuffisamment alphabètes, vise à développer les compétences de base.

L’ANLCA a également développé un programme d’insertion socioéconomique baptisé «post-alpha» ciblant la population active, occupée ou en chômage qui a déjà acquis les compétences de base.

Célébrée sous le thème «l’alphabétisation dans le monde numérique», la Journée internationale de l’alphabétisation constitue une occasion d’étudier les progrès accomplis en la matière et de relever les défis à venir.

Cette année, elle doit permettre de mieux comprendre quel type d’alphabétisation est requis dans un monde numérique, afin de bâtir des sociétés plus inclusives, plus équitables et plus durables.

Louraoui Hicham (MAP)

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