Représentant 20% de la population camerounaise qui regroupe 22 millions d’âmes, la minorité anglophone qui s’estime lésée et qui occupe 2 régions sur les 10 régions formant le pays, réfute sa «marginalisation» et s’accroche à un retour au fédéralisme ayant prévalu au Cameroun de 1961 à 1972.
Pour contrecarrer la velléité d’indépendance de cette frange de la population camerounaise à l’approche du 1er Octobre célébrant le 57ème anniversaire du rattachement au Cameroun de l’Ambazonie, autrefois sous administration britannique, les autorités de Yaoundé ont interdit les réunions sur la place publique, les déplacements entre les différentes localités, instauré un couvre-feu et limité l’accès au réseau internet.
Or, tôt dans la matinée de ce dimanche 1er Octobre, des militants indépendantistes ont posté une déclaration symbolique d’indépendance sur les réseaux sociaux alors que d’autres ont essayé de hisser sur certains édifices publics le drapeau bleu et blanc de l’Ambazonie aux lieu et place du drapeau vert, jaune et rouge du Cameroun ; ce qui a donné lieu à de violentes échauffourées avec les forces de l’ordre.
Ces accrochages se sont soldés, selon l’A.F.P, par la mort de quatorze personnes et ont donné l’occasion à cinq prisonniers de trouver la mort sur leur chemin en essayant de s’enfuir de la prison de Kumbo dans le nord-ouest du pays ; une situation qui a poussé le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, à demander aux autorités camerounaises d’enquêter «sur les actes de violence signalés dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest du pays le 1er Octobre».
Devant ce déchaînement de violence ayant fortement ébranlé l’unité du pays, le Président camerounais Paul Biya, d’ordinaire peu bavard, n’avait pas d’autre choix que celui de s’adresser à la population. Aussi, dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, en français et en anglais, ce dernier a déclaré : «Je condamne de façon énergique tous les actes de violence, d’où qu’ils viennent, quels qu’en soient les auteurs. […]. Que l’on se comprenne bien, il n’est pas interdit d’exprimer des préoccupations dans la République. En revanche, rien de grand ne peut se construire dans la surenchère verbale, la violence de rue et le défi à l’autorité. Seul le dialogue serein permet de trouver et d’apporter des solutions durables aux problèmes».
Enfin, si ce dimanche 1er Octobre 2017, la sécession du Cameroun tant espérée par sa population anglophone n’a pas eu lieu, pouvons-nous dire que les velléités d’indépendance de cette dernière ont été étouffées dans l’œuf ou, au contraire, qu’en tenant compte du rapport des forces en leur défaveur en ce moment, les nostalgiques de l’Ambazonie, qui récusent fortement leur marginalisation par le pouvoir, se sont juste tapis dans un coin pour prendre leur élan et mieux sauter au moment propice ? L’avenir nous le dira…
Nabil El Bousaadi