M’hamed Fakhir, le «général» en expédition

Le football reste la seule discipline collective ayant sauvé l’honneur pour le sport marocain lors de l’année 2015 que nous venons de quitter. Si les Lions de l’Atlas restent toujours en course aussi bien pour la CAN 2017 que pour le Mondial 2018 où ils viennent d’arracher difficilement la qualification en phase des groupes, l’équipe nationale des joueurs locaux a réalisé avec brio la qualification à l’autre rendez-vous continental, CHAN 2016.

Les poulains de M’Hamed Fakhir, un des héros de cette qualification vont ouvrir le bal aujourd’hui face au Gabon, après le match d’ouverture opposant, le Rwanda, pays organisateur, à la Côte d’Ivoire.

Il s’agit d’une très belle aventure et du Onze national et de son coach qui reste confiant. Si son contrat avec la FRMF exige la qualification en quart de finale, Fakhir ambitionne d’aller le plus loin possible dans ce tournoi, et pourquoi ne pas s’adjuger le sacre final. «Mes ambitions sont plus grandes et l’équipe nationale a les atouts pour faire le nécessaire surtout qu’elle compte dans ses rangs des talents pouvant dire leur mot face aux meilleures sélections africaines», a fait savoir Fakhir qui a dévoilé une liste de 25 joueurs à une dizaine de jours du début de la compétition. Cette liste qui ne fait pourtant pas l’unanimité de certains clubs dont surtout le WAC représenté par 2 joueurs seulement, est composée dans sa majorité par les footballeurs du club voisin, le Raja, et celui du FUS. Fakhir qui croit bien à l’effectif choisi, compte surtout sur les joueurs les plus aptes, les plus aguerris, les plus expérimentés… ainsi que ceux pouvant communiquer avec ses choix technico-tactiques. Fakhir mise donc sur une ossature bien rôdée aux confrontations africaines. Ce qui reste logique pour ce coach le plus titré des entraineurs marocains dans différentes compétitions locales et continentales des clubs.

Pour le moment, le plus important c’est que tous les joueurs se trouvent en bonne santé après la fin du récent stage à Marrakech et le départ pour Rwanda, au milieu de cette semaine. Fakhir qui souhaite avoir fait une très bonne préparation, loin surtout des blessures et que son groupe soit prêt le jour J, pense bien à ses adversaires qui ne sont pas faciles à négocier lors des 3 matches du premier tour.

Lui et ses joueurs qui se sont préparés avec détermination, auront à faire face à de coriaces équipes qui ne veulent pas y laisser des plûmes. L’équipe du Gabon qui sera là pour la 3e fois, puis celle de la Côte d’Ivoire sont à prendre au sérieux pour Fakhir qui compte remporter les deux premiers matches avant de retrouver les Rwandais qui n’ont qu’une seule participation au CHAN, en 2011, quand ils ont quitté très tôt la compétition avec 0 points. Fakhir souhaite ainsi que le 3e match soit formel contre le Rwanda qui aura l’avantage du terrain et des supporters.

Fakhir qui semble donc pleinement conscient de la mission de son équipe dans ce groupe A, qualifié de «groupe de la mort», estime ainsi que toutes les conditions sont réunies pour que son effectif et son staff puissent entamer, non seulement la compétition dans des meilleures conditions, mais aussi et surtout bien amorcer la compétition avant d’achever en beauté.

C’est donc une mission difficile mais pas impossible pour Fakhir, vieux routier du football national qui s’est recyclé en entraineur après une longue carrière de joueur.

Natif de Casablanca, Fakhir fut un ancien footballeur du Raja, son club préféré avec lequel il joua toute sa carrière. Juste après, il passa de l’autre côté de la barrière, à l’aube des années de 1990, en encadrant différentes catégories des jeunes du club des Verts avant de prendre les destinées techniques de l’équipe séniors avec laquelle il remporta la Coupe du Trône. Ce fut le premier titre de Fakhir qui est allé entrainer d’autres équipes, l’US Sidi Kacem, la RS Settat avec laquelle il s’est qualifié en finale de la Coupe du Trône avant de rejoindre le Hassania d’Agadir pour remporte deux titres successifs de champion du Maroc, les premiers de son histoire. En atterrissant chez l’équipe militaire des FAR, Fakhir allait faire mieux en s’adjugeant 2 Coupes du Trône, un titre de champion du Maroc puis une Coupe africaine de la CAF. Ce fut le Top pour Fakhir qui va prendre pour la première fois les destinées techniques de l’équipe nationale olympique en 2005 et celle des grands en 2006 avec laquelle il disputa la CAN 2006 avant de réussir la qualification à la CAN suivante en 2008 et laisser sa place à Henri Michel.

Fakhir qui allait retrouver son boulot chez les clubs, au MAT et à l’AS FAR, a fait un passage court en Tunisie chez l’ES Sahel avant de retrouver son équipe mère, le Raja, à double reprise, en 2011 puis en 2012 où il a brillé par un doublé précieux, la Coupe du Trône mais aussi et surtout le titre de la Botola. Ce qui a permis au Raja d’être invité au Mondial des clubs 2013 pour jouer la finale historique mais sous la houlette d’un autre coach, le Tunisien Fawzi Banzarti, face au Bayern Munich vainqueur à Marrakech (2-0). Fakhir qui a été contraint de partir, injustement, à la veille de ce Mondial pour cause d’un passage à vide, allait être récompensé en faisant partie de l’équipe rajaouie décorée par le Roi Mohammed VI, suite à cet exploit historique.

En 2014, Fakhir a eu le mérite de prendre en mains l’équipe nationale des joueurs locaux avec l’espoir de renouer avec le sacre… Il en a les moyens. En plus de la compétence et du savoir-faire, le secret de sa réussite réside dans son sérieux, sa rigueur et sa fermeté face à ses joueurs… en plus de la compétence et du savoir-faire qui restent les points forts de ce coach surnommé le «général» du football marocain.

Rachid Lebchir

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