Nouveau départ, nouvelles ambitions

Les 27e journées cinématographiques de Carthage démarrent aujourd’hui (28 octobre au 5 novembre). Le lieu qui abrite la cérémonie d’ouverture annonce la couleur et donne une indication sur les nouvelles ambitions du plus ancien festival de cinéma de notre continent.

Le choix des organisateurs s’est porté en effet sur le palais des congrès dans la banlieue de Tunis en lieu et place de l’historique théâtre municipal de la ville, fierté de l’avenue Bourguiba, au décor séduisant mais porteur de symboles d’une page que le festival cherche à tourner. Le mot d’ordre qui revient comme un leitmotiv dans le discours de la nouvelle équipe menée par le cinéaste et producteur Ibrahim Letaief est indépendance. L’occasion du cinquantenaire des JCC est portée par cette ligne éditoriale : capitaliser l’immense acquis cinéphilique engrangé par le festival sous la houlette de son fondateur feu Tahar Cheriaâ pour lui donner des structures professionnelles garantissant son indépendance et son ancrage cinéphilique.  La révolution de 2011 a permis au festival de se libérer d’une sorte de Sur-moi qui bloquait son horizon. Le festival a déjà entamé cet immense chantier en commençant par devenir annuel ; une gageure dans le contexte qui marque la production cinématographique continentale. Le pari semble être gagné. L’édition de 2015 malgré des événements tragiques a connu un succès éclatant indiquant que les JCC sont sur la bonne voie portées par deux ailes motrices : un public chaleureux et une programmation de qualité.

C’est le nouveau film de Réda Béhi, La fleur d’Alep qui ouvre les JCC 2017. Fidèle à sa démarche d’un cinéma inscrit dans les grandes problématiques de notre temps, culturelles et politiques, Réda Béhi a choisi d’aborder frontalement le sujet des jeunes qui quittent leur milieu pour rejoindre les djihadistes. La question étant abordée du point de vue de la mère. Une « mère courage qui décide d’aller voir sur place ce qui a amené son fils a basculé dans la radicalité. C’est la star du cinéma tunisien et arabe, Hind Sabri qui incarne «Salma, 37 ans, ambulancière, vit au quotidien la dure réalité de la société tunisienne. Elle a quitté son mari Hicham, artiste-sculpteur de 55 ans pour son comportement alternant agressivité éthylique et passivité. Leur fils unique, Mourad 17 ans, troublé et sans repères s’éloigne de sa mère pour trouver refuge auprès d’un groupe de salafistes, avant de disparaître…Nous y reviendrons ».

Mohammed Bakrim

Compétition Officielle Longs métrages

Ce sont 18 longs métrages arabo-africains qui entrent en lice pour le Tanit d’or long métrage. Le Maroc y est représenté par deux films « français » : Starve your dog de Hicham Lasri et Divines de Houda Benyamina. C’est le cinéaste mauritanien qui préside le jury de cette édition.
Nouveauté de cette année, la compétition Première œuvre, elle remplace la compétition des films documentaires, ces derniers rejoignant tout simplement et tout normalement la compétition des longs métrages. Le film marocain, « Une mille dans mes chaussures » de hamid Herraf a été retenu pour cette sectio. La réalisatrice et scénariste Farida Benlyazid fait partie du jury présidé par le directeur de photo tunisien Sofiane Alfany.
Voici un extrait d’un très joli texte de Jean-Louis Comolli sur le premier film : « Produire et réaliser un premier film c’est faire entrer dans l’ordre du monde (comme dans celui du cinéma, qui lui est en grande partie homothétique) quelque chose de nouveau, qui n’a pas été prévu et moins encore désiré par le corps social, un nouvel objet qui bouscule inévitablement l’homéostasie des forces économiques, politiques, etc., qui avait fini par s’établir tant bien que mal. Un nouveau joueur à la table change la donne pour tous les joueurs. Il y a toujours quelque chose d’une première fois dans chaque geste qui sépare le monde en avant et après… ».
C’est la comédienne  burkinabée Maimouna N’Diyaye qui préside le jury Court métrage et Carthage Ciné-promesse (films d’écoles, compétition ouverte à l’international). Pour la compétition CM, deux films marocains sont en lice, celux de Mehdi Azzam et Meriem Touzani. Par contre ma Marocest absent de la compétition ciné-promesse ( ?!!).
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