Poésies et chants amazighes de Faya Kassou

Par Hassane Benamara

Un recueil de chants et poésies du chanteur amazighe Faya Kassou vient de paraître. Il est écrit par Hassane Benamara. Il s’agit d’un recueil de poèmes presque tous composés, mis en musique et chantés par ce chanteur originaire de Figuig au sud-est marocain. Ces textes sont transcrits en amazighe et leur traduction française est proposée à chaque fois. Le recueil conçu au format A5 (14,8 x 21 cm)comprend aussi une présentation dudit chanteur connu dans l’Oriental et surtout chez la communauté émigrée à Paris.

Mal connu au Maroc même chez la communauté amazighe, Faya est cependant très connu en Algérie et sa chanson (Ay Ifeyyey ! Ô Figuig !) a été reprise dès les années 1980 par le chanteur Algérien Bachir Oulhaj qui en a fait une chanson qui parle du ksar Boussemghoune (sud-oranais), elle s’intitule A Bousemghoune ! Ô Boussemghoune ! La chanteuse kabyle Massa Bouchafa, pour sa part, a également repris l’air de Faya dans sa chanson Ay at zman ! Ô gens d’autrefois !

Faya Kassou le poète et chanteur qui a chanté Figuig dans ses peines et ses joies a abordé plusieurs thèmes comme l’amour, la jeunesse, la vie, la paix, la terre, la nostalgie, la femme, l’émigration, les malheurs… Faya est aussi ce musicien qui a su revaloriser certains airs du patrimoine musical de cette oasis. « Moi, je me suis retrouvé dans le rythme que je joue et je crois que c’est de Figuig. Ce sont des musiques de chez nous que j’exploite ! Elles ne sont pas d’autres régions. Je n’ai imité ni plagié personne, dit-il».

Né en 1947 à Figuig, il a commencé dans le domaine de la chanson en imitant et répétant des chansons de l’égyptien Farid. Il chantait surtout dans des fêtes de mariages : car «Les fêtes de mariage étaient sublimes ; on y chantait et y riait beaucoup avec toumeẓya (joutes oratoires). Elles égayaient nos étés, dit-il» même si à Figuig, à l’époque, il était honteux de chanter ou de passer avec un instrument de musique devant le public. D’ailleurs un chanteur était perçu comme une sorte d’ivrogne oisif.

Faya a écrit la majorité de ses chansons surtout pendant les années soixante-dix du siècle passé. Il réagissait vite à ce qui se passait à Figuig comme quand cette ville s’était trouvée amputée d’un immense territoire constituant son espace vital. Pour l’écriture, « parfois je me réveille même pendant la nuit pour écrire des mots qui me viennent à l’esprit et comme je n’écris pas la musique, je l’enregistre et la mémorise. Après, je retravaille le tout. […] Une chanson n’est jamais finie : c’est comme une maison, affirme-t-il. » Son premier album est sorti en 1982 aux éditions Agadir (Porte Clichy-Paris).

Il a fréquenté akherbiche (école coranique) et a connu une brève scolarité qu’il a vite interrompue vers 1963 pour s’engager dans le monde du travail forcé. À 17 ans, il était déjà maçon. Après un service militaire de deux ans, il a pris le chemin vers la France ; c’était en 1968. Son premier instrument de musique était fait de brins de câble de frein de vélo en guise de cordes et d’un bidon en fer pour huile comme caisse de résonnance.

            En France il a été lancé par un certain Lamnaouar, un algérien originaire de Ghazaouat qui l’avait invité à chanter à Paris au Cabaret Algérie : l’unique cabaret maghrébin de l’époque. Il a eu de nombreux contacts qui lui ont permis de se lancer dans la voie de la chanson notamment avec les chanteurs kabyles comme Slimane Azem… Il a aussi connu des chanteurs de tous horizons comme Dahman Elharrach, Elhachmi Garouabi, Chaaou, Mohammed Elammari, Fateh Allah Lemghari, Naïma Samih, Abdelhadi Belkhyat, Fahd Bellan, Samira Taoufiq… Vers 1976, il a voyagé en Suisse, Italie, Bulgarie, Turquie, Syrie, Égypte et Arabie. Il a chanté à Alep en Syrie au Casino Sémiramis, au Caire, à Alexandrie dans plusieurs boites de nuit…

Aujourd’hui, il est à la retraite et se déplace entre Figuig et Oujda.

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