Poursuivre la sensibilisation faute d’une loi contraignante

Violence à l’égard des femmes

Dans l’attente de l’adoption du projet de loi relatif à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, qui traîne depuis plusieurs mois dans les tiroirs de la Chambre des conseillers, les actions du ministère de la Famille ne peuvent se limiter qu’à la sensibilisation qui jusqu’ici ne produit pas les fruits escomptés.

Pas moins de 14 campagnes de sensibilisations ont été menées au cours de ces dernières années. La dernière, organisée sous le thème «La violence dans l’espace public» vient de se clôturer.

Elle s’est encore tenue sur fond de vide juridique. Et les chiffres font toujours froids dans le dos. Pas moins de 14.408 cas de violences physiques ont été enregistrés en 2014. Encore faut-il rappeler que ce total ne tient compte que des cas déclarés. Aujourd’hui, «1 femme sur 4 est victime de violence en milieu urbain, soit 2,4 millions de femmes», a déploré Leila Rhiwi, représentante d’ONU Femmes Maghreb, lors d’une conférence de presse consacrée à la clôture de la 14e campagne de sensibilisation. Selon elle, ces statistiques sont trois fois plus élevées en milieu urbain que rural. Leila Rhiwi estime d’ailleurs que «l’urbanisation accentue davantage la vulnérabilité des femmes face à la violence ». Cependant, la proportion des femmes victimes de violences, qui ont été prises en charges par les cellules d’accueil dans les zones urbaines, dépasse largement celle des victimes en milieu rural. Quel que soit le milieu de résidence, «la problématique de la violence dans l’espace public n’a pas été suffisamment abordée», a-t-elle dit.

L’élaboration d’un projet de loi incriminant ces actes avait suscité un réel espoir de rompre avec ce phénomène, mais le texte n’a pas emporté l’adhésion du mouvement associatif. Les ONG considèrent que le projet de loi impose des conditions rendant encore plus difficile l’accès des femmes à la justice et laissant la porte ouverte à l’impunité dans la mesure où elles doivent apporter la preuve d’un préjudice physique, un certificat médical,en l’occurrence, pour pouvoir demander réparation.

Peu importe, «l’adoption de ce texte ne doit pas être retardée davantage», a insisté Bassima Hakkoui, ministre sortante de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Pour elle, «le processus d’adoption a pris du retard en raison du lobbying exercé par certaines parties».La vacance gouvernementale bloque davantage le processus. Le blocage des tractations pour la formation du nouveau gouvernement a chamboulé tout le planning de l’institution parlementaire. Il faudra donc attendre la Constitution de la prochaine majorité pour que la machine parlementaire soit relancée.

Hajar Benezha

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