Quand les signes africains ornent le mur du MMVI…

« Symphonie africaine » de Moustapha Zoufri 

Mohamed Nait Youssef

La peinture est faite de couleurs, de matières, de lumières et de signes. Moustapha Zoufri, artiste peintre ayant vécu de nombreuses années en Belgique, marque son come-back au bercail avec une fresque monumentale sur le mur du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI), à Rabat. Un retour grand aux origines, aux images et sensations premières. Le pinceau à la main, la tête regorge de signes, de formes, l’artiste libère son imaginaire créatif en composant une « Symphonie africaine » aux couleurs de la terre. «C’est une peinture faite avec les pinceaux comme si c’était un travail qui sera fait sur une toile. En effet, la dimension des tableaux est de 14 mètres (largeur) sur 8 mètres (hauteur).», a confié l’artiste à Al Bayane. L’œuvre en cours de réalisation.

Le signe africain au cœur de l’œuvre…

L’artiste puise ses références dans le signe, l’art et la culture africains. Son univers pictural donne à voir un brassage de signes africains et marocains. D’où le choix d’ailleurs du thème de la fresque.

«La thématique sera autour du signe africain où je croise le signe africain ou subsaharien avec les signes marocains traditionnels. Ce sont en général des signes qu’on trouve principalement dans le textile traditionnel africain ou encore dans les tapis. Ces signes on les trouve également dans les masques, sur les murs ou tout simplement dans certains bijoux. Ces signes, je les dénue de toute symbolique parce que comme on le savait, tout signe est porteur d’un message rituel, culturel ou cultuel. Moi, j’essaie de l’exploiter uniquement au niveau de sa forme.», a-t-il révélé.

 A vrai dire, l’artiste est également un être inspiré, toujours en quête de sources d’inspiration  inépuisables. Moustapha Zoufri en fait partie. «Chaque personne a besoin de quelque chose qui existe, d’un héritage pour développer sa culture. C’est une manière de trouver les racines pour développer le tableau. C’est une manière de fixer les origines.», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : «au lieu de me laisser influencer indirectement, je le fais volontiers. J’exploite les formes qui existent, mais ma création se fait en les mélangeant dans un tableau. Parfois les superpose, parfois je les mets l’un à coté de l’autre ou je leur donne des couleurs. Je les dispache sur la surface d’une manière à ce qu’il soit harmonieux.»

L’artiste essaye de travailler au niveau créatif sur la composition du tableau et le choix des couleurs. «Dans le mur que je suis en train de peindre sur le musée, j’ai fait le choix des couleurs ocres,  jaunes, rouges, noires, grises… des couleurs qui font référence à la terre.», poursuit-il.

Un artiste habité par l’Afrique…

L’Afrique, c’est plus qu’un continent, un vaste territoire. C’est un imaginaire, des imaginaires, des cultures, des ethnies et  des visions du monde.

«L’Afrique nous rappelle toujours ce rapport à la terre. C’est ça qui a motivé un peu mon choix. Au niveau de mon œuvre, j’ai commencé d’abord par travailler le fond de ma peinture: composer ou décomposer le fond de telle sorte à  ce que les signes qui vont venir dessus seront une sorte d’acteurs, danseurs qui vont avoir un espace graphique, plastique qui les accueillent. Une fois les signes sont dessinés dans des couleurs différentes et harmonieuses avec les couleurs de fond. On ne reconnaitra plus les éléments qui sont dans le premier plan et dans l’arrière plan. Je les place de telle sorte à ce que le fond ne soit pas quelque chose qui est mort, mais plutôt un élément actif, présent dans le tableau», a-t-il expliqué.

 Contrairement à beaucoup de peintres qui considèrent que la surface ou le travail du fond doit être au service du premier plan, dans les tableaux de Moustapha Zoufri  il n’y a  ni haut ni bas, ni droite ni gauche. «Je considère que chaque petit carré  de la surface du tableau est important. C’est pour cela que je tiens à l’harmonie des couleurs ; une fois les signes sont dessinés.», a-t-il affirmé.

Rabat, Capitale Africaine de la Culture…

Rabat a été désignée capitale de la culture africaine 2022. Cette ville lumineuse est désormais une destination incontournable des artistes venus des quatre coins non seulement du continent, mais aussi et surtout du reste du monde. De nombreuses expositions, entre autres, « L’Afrique en Capitale « , « Lumières d’Afrique », « les trésors de l’Islam en Afrique de Tombouctou à Zanzibar », « Art contemporain du Bénin, art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui de la restitution à la révélation », ont mis à l’honneur l’art et génie créatif africains.

«Mon intérêt à l’Afrique date depuis  mes débuts d’études à l’Académie des Arts à Bruxelles parce que dans le cadre de mes études, j’ai organisé une exposition avec deux amis artistes congolais et un artiste marocain. On a intitulé notre exposition « l’art au couleurs de l’Afrique », a rappelé l’artiste.  

Pour cette œuvre, dit-il, l’artiste a choisi «symphonie africaine»  comme une sorte d’hymne aux nations africaines, aux cultures multiples et diverses de nos ancêtres. «J’ai choisi cette appartenance à un continent et à travers cette appartenance, je m’inscris dans une appartenance plutôt universelle. », conclut-il.

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