L’artiste plasticien Saâd Bouhmala, lauréat de l’école Supérieure des Beaux Arts de Casablanca en 1993, expose ses œuvres récentes (peinture, sculpture et installation) à la galerie casablancaise Le Chevalet, et ce jusqu’au 29 mai courant.
Initiée sous le signe «naissance à l’œuvre d’art», cette exposition nous donne à voir l’univers prolifique de Saâd Bouhmala (professeur d’art plastique et animateur des ateliers créatifs à Casablanca). Un univers codé qui mérite d’être contemplé dans ses détours et ses écarts. L’auteur est un poète de la matière, qui transforme tous les éléments référentiels de la genèse en œuvres originales axées sur le corps allégorisé au sens phénoménologique du terme. Considéré comme l’un des plus illustres figures de la nouvelle sensibilité, cet artiste novateur au pluriel dont la recherche approfondie a trouvé dans l’art contemporain un écho tout particulier, demeure un plasticien singulier dans notre paysage artistique (l’artiste a pu exploiter avec minutie et doigté les fils de fer électriques, terre cuite, aluminium, polyester, bronze, matières mixtes et autres éléments non picturaux). Depuis 1996, date de sa première exposition individuelle à la Faculté d’Ain Chok (Casablanca), Saâd Bouhmala pose les questions de la représentation de notre existence effective, de la procréation, de la relation entre la vie et la mort…
Artiste généreux et altruiste, il nous propose une approche nouvelle de la démarche plastique, tout en s’attachant, par une mise en espace rigoureuse, à restituer à chaque œuvre toute sa part de mystère et son pouvoir de fascination. Il nous présente des modèles, aussi familiers qu’intrigants, dont le cœur semble battre d’une force inouïe, forçant sa surface à s’écarter, s’ouvrir pour laisser voir ses rappels allusifs au thème du corps, notamment de la femme. A travers des clins d’œil sensuels, l’artiste véhicule les valeurs de la résistance à la servitude moderne et au conditionnement matériel. Avec ses compositions métaphoriques, le plasticien Saâd Bouhmala s’impose comme un contempteur de sa société, ses paradoxes et ses crises identitaires. Son procédé d’artiste chercheur fait sensation et se donne comme un regard critique porté sur nos êtres et nos choses. D’abord plastique, le charme de la sculpture et de l’installation est une évidence bien recherchée. Agencement improbable d’éléments familiers, la réduction qu’impose Saâd Bouhmala offre une harmonie visuelle voire une nouvelle norme à ce qui ne fonctionne plus, dépossédé de sa raison première. Ses œuvres sont révélatrices d’une réalité complexe et dualiste : vie et mort, enfance et vieillisse, masculin et féminin…
Saâd Bouhmala propose alors une œuvre inédite en guise d’acte plastique : c’est toute la rhétorique de la vie dans son essence existentielle.
Esthétique néoréaliste, la démarche de cet artiste se veut symbolique. Elle repose, par rapport à sa technique mixte, sur l’assemblage et l’accumulation, tout en introduisant d’effets lumineux à l’instar des constructivistes russes.
Cheikh Abdellah