Silence suspect d’Alger

Incident mortel à Saïdia

Karim Ben Amar

Ne tournons pas autour du pot. Selon la famille des victimes et les témoignages du rescapé à la presse, le régime algérien a commis l’irréparable à l’encontre de Bilal Qissi et Abdelali Mechouer. En plus d’avoir commis l’irréparable, les gardes-frontières ont arrêté Smaïl Snabé, et l’ont placé en détention. Mohamed Qissi quant à lui, frère de l’une des victimes et rescapé in-extremis de cet incident, a témoigné sur les crimes auxquelles il a assisté.

C’est une véritable onde de choc qui a gagné tout le pays après l’annonce de le mort de deux vacanciers et l’arrestation d’un troisième emprisonné en Algérie.  Le parquet a ouvert une enquête sur les circonstances du décès de deux vacanciers marocains venus de France dont un Franco-Marocain, tués mardi en mer dans une zone frontalière, par des tirs des gardes-côtes algériens.

Ce drame sur lequel les autorités des deux pays ne se sont encore pas exprimés, a été révélé par les sites marocains citant le témoignage d’un rescapé, Mohamed Qissi. Le parquet d’Oujda, ville limitrophe de l’Algérie, a « ordonné mercredi l’ouverture d’une enquête sur la base de déclarations de ce dernier ».

Cette enquête a été décidée après la découverte du corps de Bilal Qissi sur la plage de Saïdia, à 3 km de la frontière algérienne. Ce vacancier de 29 ans, selon la presse marocaine, né et résidant en France, était parti de cette plage avec son frère aîné Mohamed, 33 ans, également franco-marocain, qui a pu, après le drame, regagner Saïdia et témoigner. Leur cousin Abdelali Mechouar, un ressortissant marocain, ainsi que Smaïl Snabé, un ami franco-marocain, participaient, selon la famille, à l’excursion, chacun sur son jet-ski.

Les vacanciers se seraient égarés en mer lors de cette sortie de loisir, a assuré la source judiciaire, sans dire où s’est produit « l’incident » ni comment.

Bilal Qissi, commerçant et père de deux enfants de deux ans et deux mois, a été enterré jeudi, à Bni Drar, près d’Oujda. Quant au corps d’Abdelali Mechouar, il est retenu en Algérie au même titre que Smaïl Snabé, touché par plusieurs balles des gardes-côtes du « voisin de l’Est », et ce selon Mohamed Qissi qui a été secouru par la marine marocaine. Il ajoute non sans une vive émotion que les victimes « se sont perdus » et « se sont retrouvés en Algérie », à court de carburant.

Et de poursuivre, « un zodiac noir algérien est venu vers nous et a commencé à zigzaguer comme s’ils voulaient nous renverser ». « Ils ont tiré sur nous, ont tué mon frère et mon ami puis ont arrêté mon autre ami. »

La France, quant à elle, a confirmé la mort d’un Français d’origine marocaine et « l’incarcération d’un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants ».

Le parquet de Paris a quant à lui indiqué à l’AFP avoir été « avisé par le Quai d’Orsay du décès d’un ressortissant franco-marocain à proximité des côtes algériennes ».

L’article 98 de la LOSC

Cependant, il est judicieux de se référer à la Convention de l’ONU sur le droit de la mer.  

En tirant sur des touristes non armés qui se sont égarés en mer, c’est une une très grave bavure qui viole la loi. Pourtant, la Convention de l’ONU dispose de l’obligation de prêter assistance en mer,  comme énoncée par l’article 98 de la LOSC. « Tout État exige du capitaine d’un navire battant son pavillon, dans la mesure où il peut le faire sans danger grave pour le navire, l’équipage ou les passagers à:

a) porter assistance à toute personne trouvée en mer en danger de se perdre ;

b) procéder avec toute la célérité possible au secours des personnes en détresse, si elles sont informées de leur besoin d’assistance, dans la mesure où une telle action peut raisonnablement être attendue de sa part.

D’après l’Institution internationale, seuls les pays voyous tirent sur des civils non armés égarés qui pénètrent leurs frontières maritimes.

Pour l’heure, aucune déclaration des autorités algériennes n’a été annoncée. Les famlles des victimes et l’opinion publique attendent leurs explications officielles. De plus, le corps de Abdelali Mechouar, retenu en Algérie, doit être remis à la famille de la victime, tandis que le citoyen marocain Smaïl Snabé, qui serait blessé par balles et retenu par les autorités algériennes, devra être libéré.

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