Transport maritime: retour à rallonges

Karim Ben Amar

Pour cause de pandémie mondiale liée au nouveau coronavirus, le Maroc a annoncé entre le vendredi 13 et le samedi 14 mars, la suspension des liaisons maritimes et aériennes avec les pays d’Europe et du monde. Cette décision responsable et courageuse s’est inscrite dans le cadre de lutte contre la Covid-19, virus ayant contaminé quelque 6,1 millions de personnes et fait plus de 371.000 victimes à travers le monde à ce jour dont 106.000 décès enregistrés aux États-Unis. Les touristes et résidents européens, à l’instar de toutes les nationalités, se sont retrouvés bloqués dans des pays étrangers pour cause de fermeture des frontières. Avec des Billets d’avion ou de bateau dans les poches, ils n’attendaient que l’ouverture des frontières pour pouvoir rejoindre leurs pays respectifs. C’est le cas d’une compagnie maritime qui demande aux détenteurs de billets de payer une rallonge consistante pour pouvoir être du voyage. Contacté par l’équipe d’Al Bayane, un résident français au Maroc nous explique son calvaire, sans détour.

Dès le début de l’expansion du nouveau coronavirus, le Maroc a privilégié la sécurité sanitaire de ses citoyens, des résidents et des touristes. Entre le vendredi 13 et 14 mars, toutes les liaisons maritimes et aériennes avec les pays d’Europe et de l’État Schengen, mais aussi du reste du monde, ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre. Ainsi, la première responsabilité d’un pays, à savoir garantir et assurer la sécurité sanitaire de ses citoyens a été remplie brillamment.

De ce fait, de nombreux touristes et résidents étrangers se sont retrouvés bloqués au Maroc durant toute la période de l’état d’urgence sanitaire. Durant ces longs mois, ils avaient un seul désir : rejoindre leurs foyers. Mais voilà qu’une bonne nouvelle arrive du consulat de France à Casablanca. Deux ferries de la compagnies italienne GNV assureront le trajet Tanger Med-Sète. La compagnie prévient néanmoins, que les personnes déjà munies d’un billet de la compagnie GNV, et quelle que soit la date, sont prioritaires. Les autres doivent d’abord postuler pour pouvoir réserver un billet (dans la limite des places disponibles) et cela par le biais d’une plateforme digitale.

Jusque-là rien d’anormal diriez-vous, jusqu’au jour où l’équipe d’Al Bayane reçoit un appel. Il s’agit de Bernard, un français résident au Maroc qui déclare : «je m’inscris le 25 mai en ligne sur le site de GNV, étant déjà en possession du billet que j’ai payé 3844,30 Dhs. Après plusieurs jours d’attente je reçois un appel de GNV Génova».

De prime à bord, le retard peut être mis sur le dos de la forte sollicitation des agents commerciaux de la société de transport maritime. Or , l’histoire est tout autre. «Une grande surprise m’attend. On me demande si je suis en possession d’un billet. Je communique donc le numéro. C’est alors que mon interlocutrice me demande si je veux être sur le bateau du 2 juin . Cela me coûtera 4800 Dhs, et c’est à prendre ou à laisser», a-t-elle affirmé. Et d’ajouter, «qu’elle allait voir ce qu’elle pouvait faire pour mon dossier et me contacter le lendemain».

N’étant pas au bout de ses peines, Bernard reçoit un appel de la compagnie GNV, le lendemain à 8h30. «Un départ est prévu pour vous le 9 juin au lieu du 2 . Seul bémol, une rallonge de 3800 Dhs m’est demandé. Cette somme représente le prix de mon billet acheté en février», tonne-t-il.

Le motif avancé par la compagnie est que ces frais supplémentaires sont dus au changement de date. «J’appelle cela une escroquerie, ils ont le monopole de la ligne et font ce qu’ils veulent des tarifs».

«Combien sommes-nous dans ce cas, à  devoir payer ou d’être dans l’obligation d’attendre la réouverture des frontières? Combien de voyageurs vont devoir payer une seconde fois la compagnie GNV pour pouvoir rentrer?».

Et de conclure : «GNV a trouvé le moyen de rattraper le manque à gagner de ces trois mois de confinement faisant payer les otages du Covid-19».

Contactée à plusieurs reprises, nous n’avons eu personne  au bout du fil.

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