Des panélistes scrutent les efforts déployés pour faire face aux menaces terroristes en Afrique

Dialogues Stratégiques du PCNS

Des experts nationaux et internationaux ont scruté, lors de la 10ème édition des Dialogues stratégiques, organisée mardi à Rabat par le Policy Center for the New South (PCNS) et HEC Center for Geopolitics, les efforts déployés pour faire face aux défis sécuritaires et menaces persistantes du terrorisme dans le continent africain, notamment au Sahel, à travers une mise en perspective des actions menées par les différentes parties prenantes.

Lors de cette visioconférence tenue depuis Paris et Rabat, modérée par M. Rachid El Houdaigui, Senior Fellow au PCNS et placée sous le thème « Géopolitique du terrorisme: Situations et modes d’actions », les différents experts se sont également arrêtés sur les enjeux géoéconomiques et géopolitiques et sur les conflits d’intérêt, soit en amont de l’éruption d’un acteur terroriste dans une région africaine ou en aval de l’action et de la présence territoriale et du contrôle que peut exercer cet acteur sur une partie du territoire d’un pays ou dans une région.

Dans son intervention intitulée « Le nouveau contexte sécuritaire africain », le directeur du Centre HEC de Géopolitique, Pascal Chaigneau, a abordé le « processus de contamination », qui constitue l’accélérateur de l’instabilité et de l’insécurité qui s’installe en Afrique, s’attardant sur les modes opératoires des acteurs intraétatiques dans leurs actions menées dans un certain nombre de régions.

Il a, dans ce contexte, éclairé sur les évolutions les plus récentes des enjeux sécuritaires en Afrique, rappelant les faits de contamination géopolitique d’extension et de durcissement de la situation sécuritaire en évoquant le cas de la Libye.

L’expert a, par ailleurs, tenté d’étudier les conséquences de l’incertitude stratégique au Tchad, tout en s’arrêtant sur la participation de ce pays à la force conjointe du G5 Sahel (qui regroupe le Burkina-Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad).

Le Général de Corps d’Armée français, Olivier Tramond, a, pour sa part, dressé un bilan des opérations militaires françaises au Sahel, mettant en avant les leçons tirées et le schéma d’action de ces interventions (tactiques, concepts, moyens et objectifs), en plus des facteurs d’instabilité qui animent cet espace africain, dont l’expansion démographique, l’amplification du crime organisé et les changements climatiques.

Il a, par ailleurs, insisté sur les phases (bilatérale, régionale et internationale) des interventions françaises, déclenchées notamment sous le nom des opérations Serval ou encore Barkhane ayant pour buts d’appuyer les forces armées des cinq pays de la région (le G5 Sahel), de renforcer la coordination des moyens militaires internationaux et d’empêcher la constitution des zones-refuges des terroristes. Soulignant l’importance de la consolidation des efforts pour faire face aux défis de sécurité auxquels est confronté la région, M. Tramond a relevé que l’Histoire démontre que pour tous les conflits, les opérations militaires sont un pilier essentiel de règlement des crises, insistant sur l’impératif de la mise en place d’une stratégie globale multi-domaine (gouvernance, lutte contre la corruption, aide au développement, etc.) qui dépasse la seule action militaire.

Sur un autre registre, M. Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center for the New South, a présenté, dans son intervention sur la « Façade africaine de l’Océan indien : une zone stratégique future, visée par le terrorisme », une approche prospective de la côte orientale de l’Afrique, compte tenu de l’émergence des activités terroristes au sud de ladite région.
S’arrêtant sur les enjeux et les conséquences de la montée en puissance du terrorisme dans la sous-région sud de la côte orientale du continent africain, l’expert a mis l’accent sur l’importance de traiter cette façade africaine de l’océan indien, en tant que zone stratégique, qui est de plus en plus infestée aujourd’hui par le phénomène du terrorisme.

Évoquant la notion de maritimisation du terrorisme (de Mogadiscio à Mosimboa de Praya en passant par les côtes tanzaniennes), M. Bassou a indiqué que la menace terroriste va tenter de faire des percées jusqu’à la façade maritime.  « Nous risquons d’avoir une zone maritime de terrorisme », a-t-il dit, appelant à la nécessité de s’intéresser davantage à cette région de l’Afrique de l’Est pour éviter les préjudices qui peuvent êtres causés sur les plans politique et économique mondial.

Cette rencontre, qui s’est déroulée en deux temps, avec un thème de portée globale « Les rivalités de puissance en Afrique » et un thème à portée plus régionale « L’Afrique face au terrorisme », a connu la participation d’une vingtaine d’experts et de chercheurs du Nord et du Sud.

Depuis 2016, le PCNS et HEC Center for Geopolitics organisent chaque année deux éditions des « Dialogues Stratégiques ». Cette plateforme d’analyse et d’échange réunit des experts, des chercheurs provenant de différents think-tanks et du monde académique, des praticiens, ainsi que des décideurs politiques pour débattre des grandes questions géopolitiques et sécuritaires à l’échelle internationale, ainsi que des problématiques d’importance commune à la fois pour l’Europe et l’Afrique.

Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le PCNS offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement.

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