Hymne au réenchantement

L’artiste plasticien Karim Marrakchi expose ses œuvres récentes à L’Espace de Création  à Casablanca (9, rue Ait Bouguemez, CIEL, Casablanca) et ce, à partir de 21 octobre  2016.

 Il  peint ce qu’il  ressent et ce qu’il pense. Il s’agit d’exprimer ses illuminations et ses révélations. Ses  œuvres portent sur l’architecture intérieure de nos âmes. Une architecture discrète et  invisible…

Une peinture gestuelle. Il y a un côté  spirituel dans sa démarche  plastique où la lumière est  omniprésente. Et toujours  des êtres et des choses  expressionnistes  qui nous interpellent. Des formes  néo figuratives qui constituent surtout une invitation à la méditation et à la rêverie.

Des formes  qui vacillent entre la complexité et la sobriété,  l’opacité et la transparence. Une inspiration d’un vécu transfiguré par un regard intérieur. Dans les  toiles  de Karim Marrakchi, on a l’impression d’être en présence de l’allégorie même du temps suspendu en plein mouvement. A partir d’un personnage  et d’une atmosphère, notre regard  est pour ainsi dire captivé vers des profondeurs autrement infinies qu’évoquent le réenchantement.

Symboliquement,  le tableau  se veut un manifeste expressionniste  qui  fait d’une manière tactile  et colorée, le lien  interactif entre la terre et le ciel. Entre l’ici-bas et l’au-delà.

Dans la métaphore universelle, l’aile est l’image même de la métamorphose et de l’ascendance. L’art «fauve  et brut» de Karim Marrakchi  est une quête heureuse  vers la perfection du geste et la plénitude intérieure. Des fois,  il  voit les scènes en  formes et couleurs, d’autres fois en matières et  photos.  Le tout pour  articuler  l’idée même de la méditation. Chacune de ses œuvres est une nouvelle naissance voire une résurrection.

C’est certes les figures grotesques qui sont en jeu dans les toiles de Karim Marrakchi.

Sa peinture gestuelle est animée par le sentiment du moment et essaye de saisir la beauté  invisible édictée par les pensées livresques et impressions subjectives, en accordant à la transcendance une place cardinale. Menant depuis des années un travail de recherche plastique sur la vie des figures et la profondeur de la couleur, Karim Marrakchi  figure aujourd’hui parmi les artistes les plus recherchés et les plus prometteurs au Maroc.

D’après une méditation préalable de ses créations picturales, on constate que les interférences et les interactions laissent respirer les structures architecturales de la toile,  et marient avec certitude et délicatesse nuances chromatiques, formes stylisées avec un souci d’esthétique et les éléments référentiels de la composition iconographique, au service d’un art à la fois lyrique et spontané.

Animée par la volonté arrêtée d’exprimer les états d’âme et les introspections, Karim Marrakchi  souligne l’aspect subjectif de sa faculté imaginative à la fois par la peinture et l’installation.

De sa passion intemporelle, il réenchante les traces de la lumière perçant les ténèbres et manifeste à plusieurs reprises son savoir procédural et son potentiel expérientiel en tant que peintre et architecte aguerri. Il puise son inspiration dans les répertoires subjectifs de son vécu-voir et crée avec minutie et ingéniosité une scénographie spatio-temporelle par jeux de lumières et mise en toile des formes personnalisées.

Chez aguerri, le gestualisme à la manière expressionniste est la meilleure image cachée du dedans et pour reprendre un terme de Marc Chagall «l’art nous semble être surtout un état d’âme». Les couleurs intériorisées sont la musique des yeux ; elles se combinent comme des notes. Certaines harmonies, comme disait Delacroix, produisent des sensations que la musique elle-même ne peut atteindre.

Hassan Moutaki

Top